3V^
BULLETIN
DE
L'INSTITUT ARCHÉOLOGIQUE LIEGEOIS
BULLETIN
DU
LIÉGEOIS
TOME XLIV Y/. Vf
1914
Soc. An. Imprimerie -*- H.Vaillant-Carmanne Place Saint- Michel. 4 Liège — 1914 h— t-i— i-
RAPPORT
SUR LES TRAVAUX DM I/INSTITUT ARCHEOLOGIQUE LIÉGEOIS PENDANT L'ANNÉE 1913.
Messieurs,
Pour la treizième l'ois, j'ai rhoiineiir de vous présenter le rapport annuel sur les travaux de F Institut arehéologique liégeois.
Ce rapport est celui ([u'en vertu du })aragra])he 3 de l'arti- cle VII de nos statuts, le secrétaire a l'obligation de déposer avant le l*"!" mars.
^fC ^ ^
Au moment de vous ra})})eler succinctement les événements (pii. au cours de l'année 1913, ont marqué la vie tant intellec- tuelle que matérielle de notre Société, ma première pensée doit aller à celui qui, appelé à présider aux destinées de notre Institut, nous a été prématurément ravi le 6 avril dernier.
En saluant ici la mémoire du regretté D^" Simonis, je crois remplir un pieux devoir et traduire les sentiments de vous tous.
Curieux de sa nature, Julien Simonis s'était de bonne hem'c intéressé aux manifestations artistiques de tout genre.
La numismatique, cependant, l'avait plus particulièrement attiré et c'est à cette science, vaste entre toutes, qu'il consacra les meilleures années de son existence et les rares loisirs que lui laissaient, après sa vie de famille, ses absorbantes occupations professionnelles.
— VI —
Julien Simonis, (jui ciait depuis de nombreuses années membre effectif de la Société royale de numismatique de Bel- gique, avait commencé par réunir d'importantes séries de monnaies antiques ; mais il n'avait pas tardé à se spécialiser dans rétude de la médaille proprement dite.
Cette branche de la numismatique présentait pour lui un champ d'investigations d'autant ])lus étendu et plus captivant que le D^" Simonis était avide d'aj^prendre et doué d'un esprit criti(iue affiné.
Ne se contentant pas de recueillir et d'étudier les productions les ])lus remarquables de nos artistes de la Renaissance, il entreprit jilvisieurs voyages successifs à l'étranger, à Paris, à Londres, à Vienne, à Saint-Pétersbourg, en vue de compléter ses patientes recherches. Il devait, à son retour au pays de Liège, condenser celles-ci dans les deux volumes de son grand ouvrage sur VArt du médaUlcur en Belgique.
Par les aperçus nouveaux qu'il donnait, comme par la sûreté de jugement qu'il révélait chez son auteur, cet ouvrage fut accueilli dans le monde savant avec une faveur marquée ; c'est encore aujoiu'd'hui le meilleur travail d'ensemble qui ait été consacré à nos anciens médailleurs nationaux.
L'Institut archéologique liégeois avait reçu, le 28 mai 1897, le D^" Simonis au nombre de ses membres associés ; il l'appela le 27 avril 1900 à siéger parmi ses membres effectifs.
Sa cordialité, son aménité et son extrême courtoisie lui avaient rapidement concilié l'estime de tous ses collègues ; aussi ceux- ci le désignèrent-ils unanimement, le 26 décembre 1905, pour occuper en 190G la vice-présidence de notre Société ; l'année suivante, il passa à la présidence.
Le souvenir de l'autorité avec laquelle il avait rempli ces délicates fonctions, lui valut d'être une seconde fois ap})elé à la vice-présidence pour la période 1912-1913 ; il allait, le 31 décembre dernier, être investi à nouveau des fonctions ju-ési- denticlles.
Dans ces charges successives, Julien Simonis se révéla tou- jours l'homme intègre, consciencieux, bienveillant que nous avons tous connu et dont le dévouement n'avait d'égal que la modestie.
>^
— VII —
S;i disparition ipattciuhie a été (raiilaiil plus pénihlr pour nous ; le vide (luil a laissé dans nos rangs a été d'autant plus grand !
Le D^ Sinionis a bien mérité de Tlnstitut (iiii conservera de lui un souvenir énui dalfeetion et de reconnaissance,
A ce deuil cruel devai'-iit tnallicureusement venii- s'en ajouter (juatre autres.
Le '2.S ian\ier 1918. est décédé à Liège, M. Henri Dal)in. (jue nous avions élu incinhi-c associé le 2!) mai lOOS.
S'intéressant vivement à nos travaux, il suivait assidûment nos séances mensuelles ; il se révéla sans cesse un collègue des plus obligeant et tout dévoué à notre œuvre scient ificpie.
Le 28 février suivant, nous avons vu disparaître M. le baron Léon-Philippe de Pitteurs de liudingen.
Le définit, qui occupait une situation en vue dans le monde de l'aristocratie, de la finance et des affaires, s'était, de tout temps, intéressé aux questions historiques et archéologiques ; il était, du reste, un numismate éclairé. A différentes reprises, il s'était vu appeler à la j)résidence de la Société des Bibliophiles liégeois.
Le baron de Pitteurs. (pii était membre associé de notre Institut depuis le 28 mai 1880, laisse le souvenir d'un homme de haute droiture et de grand dévouement.
Nous avons d'autre part perdu, le 6 mars dernier, M. Henri Holzer, professeur émérite à l'Université de Liège, cpie nous avions élu le 2-t février 1897, memVjre correspondant de notre Société.
M. Holzer était un latiniste de valeur, pour (pii l'antiquité classique n'avait guère de secrets ; il sut, en plus d'ime circons- tance, nous prêter son bienveillant concours.
Enfin, le 4 mai 1913, nous avons eu le regret de perdre l'un de nos jeunes collègues, M. Adolphe Monseur, décédé en notre ville à l'âge de 28 ans à peine. Il était membre associé de notre Institut depuis le 28 janvier 1912.
Les études archéologiques l'attiraient tout })articulièrement et tout nous faisait espérer qu'il prendrait un jour une part active à nos travaux.
^ "p T*
— VIII —
Séances. — Au cours dv rcxcrcice écoulé, rinstitut a tenu ses dix séances mensuelles statutaires ; à l'ordre du jour de six d'entre elles, nous avons pu inscrire une communication faite par l'im de nos membres.
A la réunion dû 26 janvier, notre collègue M. Joseph Brassinne nous a fourni des renseignements inédits sm* quelques artistes liégeois, notamment sm- le ])eintre Gérard Douffet.
A la séance du 30 mars, M. FI. Pholicn nous a fait une ins- tructive causerie sur les céramicpies de la collection Moxhon, causerie au cours de laquelle il s'est surtout attaché à étudier les décors de Delft et de Rouen.
A l'assemblée du 30 mai, M. le D^" G. Jorissenne nous a ])ré- senté une attrayante étude symbolique et esthétique du célèbre l^ortail de l'église Saint- Jacques en notre ville.
En séance du 27 juin, M. Tii. (iobert, en nous rappellant les origines de la découverte de la houille au pays de Liège, a fait justice des allégations de certains auteurs hollandais avant tout soucieux de ravir aux Liégeois la paternité de l'exploitation du précieux combustible.
Continuant ses recherches sur nos anciens artistes liégeois, M. Brassinne nous a communiqué, à notre réunion du 25 juillet, des renseignements intéressants concernant une collection de tableaux formée à Liège au 18^ siècle et continuée au commen- cement du 19^.
Enfin, à notre séance de rentrée du 26 octobre, M. le D^ Wibin, en nous rendant compte des foviilles qu'il a pratiquées pour notre Institut à x4may, au lieu dit Chapelle à Rémont, à l'emplacement d'un petit cimetière belgo-romain, nous a soumis les princijiaux objets recueillis au cours de son exploration.
Cette simple énumération suffit poiu' mettre en relief l'attrait qu'ont présenté nos séances mensuelles ; celles-ci ont, au surplus, été toutes suivies avec une remarquable assiduité ])ar un grand nombre d'entre vous.
Indé])endanmient de ces causeries, qu'on pourrait qualifier d'intimes, l'Institut a organisé l'an dernier la 5*^ série de ses conférences publiques, avec projections, sur l'archéologie et l'histoire liégeoise.
— IX —
Coiinnc raniiéc prc'cc'dcntc et en ultcndant (iiu nous disjx)- sions ici même de locaux sidlisants, ces conférences, au nombre de quatre, ont été données dans la Salle académifjue de l'Uni- versité.
Le 10 février, M. Jules Berchmans a parlé du dessin des maîtres grecs ; le 17 février, M. Charles Frai])ont a ])assé en revue les re])résentations humaines aux tem])s ])réliistoriques ; le 24- février, M. l'ablié J. Coenen a entretenu ses auditeurs des frères \'aii Eyek ; enfin le 11) mars, Mlle Marguerite Devigne a fait une intéressante comnumieation sur un des grands maîtres du XV^' siècle, Roger de la Pasture dit Roger van der Weyden.
Nous pouvons, cette fois encore, nous féliciter du succès qu'ont obtenu ces conférences.
TjC nombre considérable d'auditeurs (qu'elles ont régidière- ment réuni a indiscutablement prouvé qu'elles ont ])leinenient atteint le but de vulgarisation scientifique que nous poursui- vons.
L'Institut a ainsi su donner une fois de })lus la mesure de sa vitalité et conserver à son œuvre les vives sympathies du public liégeois.
J'ai le devoir d'assurer de la profonde gratitude de notre Société nos dévoués conférenciers, sans oublier M. Florent Pholien, l'infatigable président du Cercle des conférences.
* * *
Excursions. - Il importe que je consacre aussi quelques mots à nos excursions.
La première de ces excursions, fixée au 9 mars 1913, a eu pour objet la visite détaillée des églises Saint -Antoine et Sainte- Catherine ainsi que de la maison Sklin rue Hors Château en notre ville ; le 20 avril suivant, nous sommes allés visiter Verviers et ses princi])ales curiosités, notamment les inté- ressantes collections archéologiques et les galeries de peintures anciennes et modernes du Musée communal, l'église Saint- Joseph, celle des Récollets, enfin quelques curieuses vieilles façades.
Le l^r juin, au matin, notre estimé collègue M. le comte René de Geloes nous a fait, avec la plus grande amabilité, les
X
honneurs de son niaonifiqvie ehâteau d Eysden ; l'après-midi, nous nous sommes rendus à Maestricht où, sous l'habile direction de M. le D^ Do})pler. archiviste de l'Etat, nous avons j)u admirer une suite de remarquables monuments civils et relijj'ieux des mieux conservés et restaurés avec ime sollicitude dione d'éloges.
Le 29 juin, ime excursion particulièrement attrayante a condiut nos membres, le matin à la Grotte de Remouchamps, ])uis ra])rès-midi. au retour vers Ay waille, aux anciennes églises de Sougné et de Dieupart.
De son côté, la journée du dimanche 5 octobre a été consacrée, avec le bienveillant concours de M. le chanoine Maere, à la visite détaillée des principaux monuments de la ville de Louvain.
Enfin, le 9 novembre, nous nous sommes réunis au Musée Grétry, pour nous rendre ensuite à l'é'glise Saint-Nicolas et de là, après une promenade à travers le quartier d'Outre-Meuse, à la Cour des Prébendiers.
Constatons, cette fois encore, que ces excursions, qui répondent du reste aux vœux de beaucoup d'entre nous, présentent dïn- contestables avantages : elles joignent l'utile à l'agréable, elles instruisent en distrayant.
Si toutes n'ont pas été suivies avec la même assiduité, elles ont néanmoins laissé un excellent souvenir à ceux cjui y ont participé.
Nous devons être reconnaissants à notre Comité spécial et ])rincipalement à son zélé et infatigable président M. F. Magnette du soin avec lequel les diverses excursions de l'année, aussi variées qu'instructives, ont été préparées et organisées.
* * *
Expositions. — A l'instar des années précédentes, nous avions nourri l'espoir d'organiser vers le mois de septembre, en notre Musée, l'une ou l'autre exposition particulière.
Des circonstances majeures, sur lesquelles je reviendrai dans quelques instants, nous ont mis dans l'obligation de renoncer à tout projet de ce genre.
Toutefois, avec sa bienveillance coutimiière, la Mlle de Liège nous a accordé, pour plusieurs semaines, la libre disposition
— XI —
des salles liu premier étau'e de rilûtel d'Ansenibouio, où nous avons ainsi pu organiser une intéressante exposition d'objets féminins.
A cet effet, notre dcvoné collègue, INI. Jean Loliest. dont il ini])orte de reconnaître ici la orande obligeance, a bien \()ulu nous confier les s])éeiniens Us plus reinai'([ua.bles de ses riches collections d'éventails, de pcioiics et de l)ibelots anciens.
Cette exposition, ipii est restée ouverte du 15 décenibrc au
15 janvier, a obtcini un réel succès ; elle a, reçu près de (juinze
cents visiteurs.
* * *
Congrès. — En sa ((ualité de Société Icdérée, l'Institut a pris part l'an dernier au XXXIII^ Congrès de la Fédération archéologique et historicpie de Belgique, (pii a tenu ses assises à Gand dn 8 au 13 août ; nous y avons envoyé cinq délégués : MM. de Buggenoms, E. Guerette-Douxehamps, (i. Rvdd, J. Servais et J. Hanial-Nandrin.
D'autre part, notre dévoué collègue, M. de Buggenoms a été chargé de représenter notre. Institut au IX^ Congres ])réhis- torique de France qui a eu lieu à Lons le Saulnier (Jm-a) du 27 juillet au 2 août, ainsi qu'au Congrès de Moulins-Nevers, organisé en ces deux villes du 23 juin au l^^^" juillet par la Société française d'archéologie.
^ ^ '^
A propos du Congrès de Gand de Tan dernier, il m'est très agréable de pouvoir consigner ici l'importance excei)tionnelle de l'œuvre accomplie jusqu'à ce joiu- par notre Comité technique liégeois du Corpus inscriptionum hclgicarum.
Des neuf comités provinciaux existants, un seul, le Comité liégeois, a pu s'avérer à Gand, complètement organisé, fonc- tionnant régulièrement et apte à présenter de sérieux résultats acquis.
En comptant les fiches immatriculées, c'est à dire terminées, les fiches incomplètes et celles qui lui sont ])romiscs, notre Comité en réunit plus d'un millier.
Sous l'impulsion de son inlassable président, M. E. (iuerette- Douxchamps, le Comité liégeois a fait preuve d'une activité
XII
remarquable, qui n'est ))as près de ralentir et dont nous devons lui savoir profondément gré. Il est regrettable seulement que tant d'efforts combinés pour assurer la réussite d'une œuvre aussi nationale que celle du Corpus inscriptionuni belgicariim, ne soient pas mieux encouragés par le Comité central de Bruxelles.
Le peu de vitalité dont ce dernier semble faire preuve, ne doit cependant pas décourager nos amis ni paralyser leur ardeur première. Qu'ils poursuivent vaillamment leurs travaux ; ils trouveront l)ientôt dans nos nouveaux locaux une salle qui leur sera spécialement affectée et où ils pourront abriter et classer leurs multiples fiches et docimients de tout genre, en attendant que vienne l'heure de leur publication.
Je me ferai, sans nul doute, l'interprète de vous tous. Mes- sieurs, en assurant de votre profonde gratitude M. Guerette- Douxchamps et ses vaillants collaborateurs.
^ ^ ^
Fouilles. — En matière de fouilles, l'exercice 1913 n'a pas été plus fécond que celui qui l'a précédé.
A part l'exploration systématique du petit cimetière belgo- romain d'Amay qui a fourni à notre zélé collègue M. le D^ B. Wibin imc dizaine de tombes encore pourvues de leur modeste mobilier funéraire, notre Commission des fouilles n'a eu à enregistrer ou à suivre aucune découverte de quelque impor- tance.
Le Ra]iport spécial qui paraîtra dans le tome XLIII de notre Bulletin, vous donnera le l>ilan com]:)let de nos recherches archéo- logiques de 1913.
L'utilité d'entreprendre des fouilles régulières est cependant incontestable et il est, à tous points de vue, désirable que des efforts soient tentés cette année pour leur donner plus d'ex- tension.
'î» 't» 'p
Publications. — L'Institut a ])oursuivi normalement, en 1913, ses ])ul)lieations ordinaires.
Certaines circonstances majeures que vous connaissez, nous ont empêché de distribuer à l'époque habituelle, le premier fasci-
XIII
cille (lu tome XUII de notre liuUclin ; aussi le Hureau a-t-il iuo'c ])réleial)le de n'éditer exce])ti{)iiiiellcment c^u'un seul volume. Celui-ci ])araîtra vraisemblablement dans les .derniers jours d'avril et renrermcra une série de travaux variés, parmi lesquels je me bornerai à relever les suivants :
La plaque de Notgcr et un ivoire de la bibliothèque bodléenne d'Oxford par Jos. Dcstrcc ;
Les débuts de renseignement des beaux-arts à Liège, par Th. Gobert.
Reconstitution du plan de Vabbaye du Val- S ai ni- Lambert au XIIl^ siècle, par L. Ledru ;
La politique française à Liège au XV^ siècle, par J. Dabin ;
Le couvent des Dominicains à Liège et sa brasserie, par C. Bourgaiilt ;
L'atelier néolithique de Rullen, par M, De Puydt.
Le cimetière belgo-romain de la Chapelle à Rémont à Amay, par le Dr B. W ibin.
Cette simple énumération témoigne du vif intérêt que pré- sentera notre tome LXIII, à l'impression, comme à l'illustration duqviel, les meilleurs soins seront apportés.
D'autre part, et malgré les charges financières toujours plus lourdes qui en résultent, nous avons assuré l'an dernier la pu- blication régulière de notre Chronique archéologique; comme pré- cédemment, nous avons fait })araître chaque mois une notice d'inventaire, indépendamment d'un certain nombre d'arti- culets variés.
L'utilité de cette ]>ublication, qui est entrée dans sa neuvième année d'existence, a été suffisamment attestée par l'accueil bienveillant que lui ont réservé les sociétés savantes, tant belges qu'étrangères, avec lesquelles nous sommes en relations d'échanges.
Par la modicité de son prix d'abonnement, la Chronique est à la portée de la plus humble bourse et constitue ainsi un excel- lent organe de vulgarisation seientifi(iue.
Aussi, avez-vous le devoir, Messieurs, d'assurer plus effica- cement que jamais l'avenir de la Chronique, en provocpiant sa diffusion parmi nos concitoyens et en lui ap])ortant une plus active collaboration.
— XIV —
J'ose espérer que le pressant appel que notre président vous a dernièrement adressé, à cet effet, sera écouté.
* * *
Interventions diverses. — L'année 1913 ne s'est pas écou- lée sans que nous ayons été appelés à exercer quelque utile intervention.
C'est ainsi notamment que l'Institut s'est fait im devoir d'unir ses protestations à celle de l'Association des anciens élèves de l'Académie royale des beaux-arts, à l'annonce de la mise en vente pul)lique des magnifiques boiseries et décorations de l'époque Louis XVI qui ornent l'ancien hôtel de Copis, rue Saint-Etienne, en notre ville.
Comme vous le savez, et grâce à la bienveillante initiative de la Ville de Liège, une solution assez inattendue est venue, provisoirement du moins, conjurer le danger auquel nous étions exposés de voir disperser, peut être à l'étranger, ces remarqua- bles sculptures.
D'autre part, l'Institut s'est ému à juste titre avec notre dévoué collègue le D^" Wibin. de l'acte de vandali«sme qu'on projette de consommer prochainement à Amay.
La tour dite Vieux-château, qui s'élève tout proche de la gare de cette localité, constitue un monument intéressant à plus d'un titre. C'est, avant tout, un beau spécimen de l'archi- tecture civile du XIII^ siècle ; un souvenir historique s'y rat- tache ; enfin, son imposant donjon, aux épaisses murailles, donne au paysage environnant une note archaïque des plus évocatrice.
Malgré les nombreux titres qu'il fait valoir en faveur de sa conservation, ce vénérable reste de notre architecture militaire du moyen âge est aujourd'hui à la merci d'un propriétaire peu averti qui demain l'abattra sans vergogne.
Après une démarche tentée auprès de la Section provinciale de la Commission royale des Monuments et de commun accord avec elle, une requête a été adressée par nos soins à M. le Mi- nistre des Sciences et des Arts, en vue de faire conserver à notre lîays de Liège im des rares types de l'architecture civile médiévale qu'il possède encore.
— XV —
* * *
Parmi les diverses œuvres qu'a vu naître en notre ville le mouvement wallon, actuellement dans le plein essor de sa fé- brile activité, il en est une qui nous touche de ])rès, celle du Musée de la Vie wallonne, dont un de nos collco-ues, un liégeois de race, M. J. M. Rcmouchamps s'est lait la eiieville ouvrière.
Ce Musée en formation sera consacré au folklore — si long- temj)s méconnu ici — à l'ethnographie et à l'art populaire de la Wallonie entière.
Il est destiné à réunir tous les docnmervLS se rapportant à la vie wallonne et particulièrement les objets usuels, démodés ou appelés à le devenir, objets trop simples pour trouver place dans un musée d'art ancien, n'ayant pas assez d'âge ou d'impor- tance pour entrer dans im musée archéologique.
C'est avec une vive sympathie que notre Institut a suivi les débuts du futiu- musée. Son étroite parenté avec notre musée archéologique, dont il constitue en quelque sorte le prolonge- ment, suffit à expliquer l'intérêt que nous lui })ortons.
Aussi avez vous cru devoir accepter avec empressement la demande que vous a faite la Commission du Musée de la Vie wallonne d'hospitaliser provisoirement ses collections naissan- tes. Une salle actuellement non occupée de l'annexe de la Maison Curtius a été mise à la disposition du Musée wallon pour y déposer temporairement les objets qu'il possède déjà et ceux qu'il est appelé à recueillir dans la suite.
Nous devons tous soidiaiter à nos nouveaux confrères de voir leurs efforts si méritoires ; tout Wallon doit considérer comme un devoir de participer, dans la mesure de ses moyens, à l'œuvre patriotique si vaillamment commencée.
Exprimons aussi l'espoir que. lorscpie les collections du ^lusée auront pris quelque importance, les pouvoirs publics conqn'en- dront l'impérieuse nécessité de donner aux reliques populaires si pieusement recueillies le seul cadre digne d'elles, une antique demeure liégeoise. La pittoresque Cour des Prébendiers, malgré sa situation excentrique, semble toute désignée i)oui- abriter un joiu' le Musée de la Vie wallonne.
* * * '
XVI
^'^)lls me ])ermcttrcz, sans doute, Messieurs, de déjjlorcr qu'une question qin intéresse tout particulièrement notre archéologie locale, celle de la conservation et de la restauration de nos anciennes façades et maisons liégeoises, n'ait pas été de notre part l'objet d'un examen approfondi.
Nous avions, à ce propos, suggéré, en 1912, la création d'une commission locale des monuments, à l'instar de celles qui fonc- tionnent notamment à Gand, à Bruges et à Bruxelles.
Une année entière s'est écovdée sans que nous ayons repris l'étude de cette question. Cependant, que de démolitions intempestives d'intéressantes constructions, que de maladroites restaurations ou d'affreuses transformations de curieuses façades ont été signalées, en ces derniers temps, en notre bonne ville de Liège.
Nos dévoués collègues, MM. G. Rulil et Alfred Lobet, qui naguère ont si vaillamment plaidé devant nous la cause de nos vieilles maisons liégeoises, auront sans doute à cœur de saisir à nouveau l'Institut de cette importante affaire.
Un autre d'entre vous, M. F. Magnctte nous signalait, en séance du 30 mai dernier, la façon ingénieuse dont, à Maes- tricht, les autorités civiles et religieuses s'y sont prises pour faciliter, aux archéologues comme aux simples touristes, la visite des monuments et des objets curieux que ceux-ci renfer- ment ; de petites inscriptions ou pancartes bien apparentçs renseignent les visiteurs sur la date de construction ou de réfec- tion de chaque édifice ainsi que sur les curiosités que celui-ci abrite.
N'estimez-vous pas, Messieurs, que la motion de M. Magnctte mérite d'être prise en sérieuse considération et que l'Institut ferait œuvre utile en étudiant un projet dans ce sens, qui serait soumis aux autorités compétentes de notre ville ?
^ H< ^
Révision des statuts. — Nous devons, d'autre part, nous réjouir de ce que iious ayons pu solutionner l'an dernier une affaire d'une im])ortance exce])tionnelle : la révision de nos statuts organicpies, qui introduite de])uis le 23 juin 1011,))esait lourdement sur les destinées de notre Société.
— XVII —
Il serait superflu de v^ous rappeler les origines et les tendances de cette demande en révision" d'un certain nombre d'articles de notre règlement ; il serait inoj)portini d'évoquer ici les lon- gues discussions auxcpielles nous avons assisté et (pii menacè- rent de })rovoquer dans nos rangs des dissentiments regrettables.
Nous devons nous incliner tous aujourd'hui devant le vote acquis.
En maintenant leiu- suprématie à nos membres effectifs, dont le nomlire limité a été porté de 40 à 50, vous avez voulu, avant tout, marquer votre volonté de voir sauvegarder le ca- ractère- essentiellement scientifique de notre institution ; en accordant à nos membres correspondants et associés des droits nouveaux, vous avez manifesté votre désir de les unir plus étroitement à notre Institut, tout en leur faisant mieux com- prendre la nécessité de leur collaboration à notre œuvre com- mune.
D'autre part, en créant un corps de conseillers, vous avez donné à notre Bureau la ressource d'avoir recours, dans les circonstances exceptionnelles, aux lumières d'hommes com- pétents et sûrs ; en révisant enfin, l'article XII de nos statuts, vous avez tenu à les mettre en concordance avec la mémorable convention conclue le 22 juillet 1909 avec la Ville de Liège, convention dont nous ne pourrons jamais assez apprécier les dispositions libérales.
4: ^ 4^
Musée. — L'année 1913 a aussi marqué deux dates mémo- rables dans les annales du Musée archéologique.
Le 26 mars dernier, nous avons inauguré officiellement le médaillier Ulysse Capitaine.
Cette cérémonie, dont notre Chronique a donné un compte- rendu suffisamment détaillé pour que je puisse me dispenser d'y revenir, nous a fourni l'occasion de commémorer dignement le liégeois d'élite et le savant modeste auquel la Ville de Liège doit d'incalculables richesses numismatiques et envers lequel notre Institut a contracté une dette de profonde reconnaissance.
Membre fondateur de notre Société, Ulysse Capitaine en fut aussi le premier secrétaire ; comme tel, il a contribué pour
— XVIII —
une large part à assurer le développement et la prospérité de notre œuvre.
La collection Ulysse Capitaine, dont le laborieux classement est dû à notre dévoué collègue M. M. Gérimont, a enrichi notre Musée d'imc section nouvelle, qui ne cesse d'attirer de nombreux visiteurs.
' D'autre part, le 13 juillet dernier,. à l'occasion de leur Joyeuse- Entrée en notre Cité, Leurs Majestés le Roi et la Reine, accom- pagnés des princes Léopold et Charles et de la princesse Marie- José, ont été solennellement reçus en cette Maison Curtius,
Nos souverains et leur suite ont parcouru avec le plus vil" intérêt nos diverses salles, s'attachant pkis spécialement à visiter les collections Moxhon, dont les honneurs leur ont été faits par Mlle Sophie Moxhon, la généreuse donatrice.
Le souvenir matériel de cette visite royale nous sera conservé
par notre livre d'or sur lequel S. M. le Roi, S. M. la Reine et
leurs augustes Enfants ont daigné apposer leur signature,
* * *
Au cours de l'année écoulée, notre Musée archéologique s'est enrichi de nombreux dons et dépôts, auxquels il faut ajou- ter aussi quelques achats.
Avec son zèle habituel, notre dévoué consei'vateur M. Jean Servais m'a remis l'inventaire détaillé ci-après de ces multiples objets de tout genre.
DONS
Antiquités préhistoriques A. Paléolithique
Nuclcus, lames épaisses, cijauchc d'instrument dit ^ coup de j)()ing /) du type acheulécii, provenant des environs d'Amiens (France). Don de M. V. Conimont. })rol'csseur à l'école normale d'instituteurs
à Amiens.
Série de silex taillés (blocs et déchets de taille) provenant de la nouvelle carrièi-e Dupont et Ghaye, rue de lîoeour (Liège-Sainte- Walburge).
Don de M. Marcel De Puydt.
— XIX —
B. Néolithique
Ciseau eu sik-x hruu, avec trace de polissa<Te au trauehant. Dou de M. \\\;\\ (iilson, professeur à l'Athéuée royal d'Osteiule.
Hachette polie, en piei-rt' \-erdâtre, dans sa ijaine en l)ois de eerf (i^aîne en trois fraouieiits). Proxenanee : Suisse.
Uon de M. Charles Dohmen. Un nueléus. hunes et éelats, trouvés à Jupillc.
Nombreux silex taillés (nueléus. lames, grattoirs et éclats de haches polies) recueillis aux en\irons de Scry-Ahée, Tinlot, S;ut-Sohet, Yernée-Fraineux. Omlirct. IIueeori,nie, P^sueux, etc.
Don de M. Marcel De Puydt.
Hachette polie en silex, faite d'un fragment de grande hache. Trouvée à Wihogne.
Don de M. L. Debrassiunc. Nueléus, lames, 2 grattoirs, 1 poinçon, 2 fragments de grès utilisés dont une molettc(?), recueillis dans des fonds de cabanes néolithiques à Voroux-Goreiix, Vaux-Borset et Fexhe-le-Haut-Clocher.
Don de M. M. De Puydt.
Fragment de hache polie en silex, trouvé à Milmort, au lieu dit : « Campagne des Monts ».
Don de M. Joseph Ilermesse.
Un nueléus (Genck) ; 12 ébauches et fragments d'ébauches de haches et G fragments de haches polies en silex (Rullen) ; 3 haches jiolies en fragments, 3 grattoirs. 40 lames et éclats j)rovenant de katelier néolithique de Sainte-Gertrude (Limbourg hollandais). — Un fragment de hache polie, une lame et 13 éelats (Villers le Temple) ; 6 silex taillés (Aubin-Neufchâteau) ; série d'éclats et déchets de taille (Plainevaux).
Un nueléus (Xhendremael) ; deux lames (Tilff et Jemeppc s'/M.); deux fragments de haches polies (Sart-Sohet et Bonsin).
Don de M. Marcel De Pudyt.
DIVERS»
Verres.
Huit bouteilles et flacons de grandeurs et de formes diverses, en verre irisé, trouvés au cours de travaux effectués en 1913 dans les caves du café « Le Phare », Place verte, à Liège (verreries liégeoises du XVIIe siècle (?)).
Don de M. Prévôt, directeur de l'établissement « Le Phare ».
— XX —
Vue coloriée du Palais vt de la Cathcdralc de Liège au XVIII'-' siècle (Collection des Prospects).
Don de M. Paul Magnette, critique d'art.
Quatre briques de foyer ornementées et signées : BC — HJP — TG — . L'une d'elles porte les armes de Jean-Théodore de Bavière.
Don de M. Gustave Gausset.
Trois grandes briques d'âtre, ornementées ou armoriées, style Louis XIV. L'une d'elles est aux armes de la j^rineipauté de Liège et du prince-évêque Jean-Louis d'Elderen.
Trois petites briques de foyer aux armes des prinees-évêques de Liège : Gérard de Groesbeeck, Ernest de Bavière et Jean-Louis d'Elderen.
Quatres petites briques de foyer dont une ornée de deux profils (homme et femme), style renaissance; et une autre au chiffre de Jean- Louis d'Elderen.
Don de M. Marcel De Puydt.
Croix tumulaire en pierre calcaire avec inscription : Cy gisi Benoit De Syr... etc.. trouvée lors des travaux exécutés dans le sous-sol, rue du Vert -Bois, à Liège.
Don de M. Herzé, architecte.
(Voir Chronique areliéologique du Pays de Liège, n^ de juillet, lOl.'î.)
Trois anciens conduits en terre cuite trouvés en exécutant des travaux de voirie pour la pose de conduites d'eau à Grivegnée, au lieu dit : « A la bonne femme ».
Don de M. Falla. entre):)ren(ur.
CaKndricr des Tréfoneiers de Liège pour l'année 1782.
Don de M. Joseph Hône.
Clef gothique en fer forgé, trouvée dans le cimetière de Zepperen lez-Saint-Trond .
Don de M. le chanoine Gaillard.
Grande peinture à l'huile (l'",.52 x l'".20) représentant Samson enflormi sur les genoux de Dalila et attrilniée à Walschaerts (école liégeoise). Don de M. Ferdinand Eymael. conseiller provincial (en souxenir
de feu Erasme Pâques).
Dépôts de la Ville de Liège
Huit médaillons ovales, en bronze, fondus et reciselés, représen- tant, encadrés dans des bordures de style renaissance, des profils d'em])ereurs romains.
Métlaille et brevet de nomination de M. Gelcnne « maycur » de Bierset.
— XXI —
Une baiïiu' en or. ji\;c cliatoii iinrcniinnt une iiilaill;' dans u;i'.' agate ovale de couleur rou<re et représentant le portrait en profil du prinec-évêque Velbruek.
Tnsitjne en étain de la réx-olution liégeoise (l'orme o\-ale — perron surmonté d'une eroix entourée d'une eom'oime. à droite et à jiauehc du perron, des drapeaux et, en dessous, deux épées croisées et la date IT.SO); sur le bord droit, l'inscription VIVE FAP,KI. sur le bord gauche: VIVE DE CIIESTRET. L'insigne est nuniie d'un anneau de suspension.
Essai monétaire de^.Iean de Ilorn (au droit : la fac(> d(> la pièce n" 390, de Chestret ; au revers : le revers de la pièce n" ',i\)2, de Chestret.
Chaire à prêcher en chêne sculpté, style Louis XIV, provenant de l'église Saint-Jacques.
Dépôts des particuliers.
•Très nombreuse série de silex taillés })rovenant de la station pa- léolithifiue de Liège Sainte-Walburge comprenant des micléus, la- mes, disques, racloirs, pointes du type moustcrien, haches du type achculéen, ainsi que des centaines d'éclats de dégagement.
(Voir le travail : « Liège paléolithique. — Le gisenient de Sainte- Walburge ) dans le Bulletin de l' Institut archéologique liégeois, tome XLII (1912), pp. 139 à 210.
. Ont été déposés au musée les outils figurés dans ce travail, pages: 164, 105, 166, 167 (le plus grand), 173 (moins le premier), 163, (2e fig.), 185 (lie et 3e fig.). 187 (3e fig).. 190 (3e fig.), 192 (2e fig.), 193 (l'-e et 3e fig.), 200 (l'e fig.) et 202.
Dépôt de M. Marcel De Puijdt. Hachette polie dans son manche en bois de cerf (Suisse). Tranchet en pierre iioirc, poli en partie. . Ciseau poli en pierre verdâtre. 16 pointes de flèches de types divers provenant de l'Ohio.
Dépôt de M. F. Vercheval.
FOUILLES
Fouilles faites à Ama}^ au lieu dit « Chapelle à Rémont » sous la direction de >IM. les Docteurs B. Wibin et H. Davin :
Toml)c I.
1 patine à bord droit, en terre rougeâtre vernissée ; 2 pafères en terre grisâtre grossière ; 1 vase à dépressions en terre à cou\erte noire glacée ; 1 vase à dépressions en terre grisâtre ; 1 vase à panse renflée et col droit, en terre grisâtre ; 1 couvercle en terre grisâtre.
XXII
Tomlu II.
Vase en terre gris-elair, à pause reullée et eol muni de six anses.
Tombe III.
1 cruelle cyliuclrit]ue, à une anse, en terre blanchâtre; 1 cruche à panse s])hcriquc en terre grisâtre ; 2 urnes en terre grisâtre ; 1 patelle hcmisiîhcrique en terre rougeâtre glacée.
Tombe IV.
Urne a\cc couvercle ; patelle en terre rouge vernissée, de forme hémisjihérique ; deux cruches à une anse (terre blanchâtre et terre grisâtre).
T()mt)e V.
Cruche en terre blanchâtre à vnie anse ; urne en terre gris-jaunâtre ; patère en terre grise grossière ; flacon à six pans en verre verdâtrc (brisé); deux moyens bronzes très frustes; bague en bronze (anneau incomplet) a^'ec intaille ; morceau de terre avec traces d'or.
Tombe VIL
Cruche en terre blanchâtre à panse ovoïde, col à une phalange, et à inie anse ; deux plateaux en terre grise grossière ; trois petits vases en terre grossière ; très petit vase en verre \'erdâtre, de forme plus ou moins cylindrique, a\'ec orifice pourvu d'ini large rebord. (Hauteur : 0'"02 ; diamètre, rebord compris, 0'"032).
Tombe VIII.
3- grandes urnes en terre grise, mesurant respectivement 0 '"255, 0m2J-5 et 0'"29 de hauteur.
Tombe III (Terrain Gabriel). Deux grandes urnes (terre grise et terre blanche).
Terrain Arnold. Petite ampoule en verre verdâtrc à deux anses (Hauteur : 0'"057).
ACHATS
Antiquités belgo-romaines
Série d'antiquités l)elgo-romaines recueillies à Tongres et aux environs :
Petite bague en bron/e à platine verte, de forme ovale ; une |)artie de l'anneau s'élargit pour l'ormer une surface ellipti(jue probable- ment destinée â porter un cachet.
Série de fibules et boucles vn fragments et débris divers de petits objets en bronze.
Fragment d'inscription : C (I ou L).
Fragments de poteries avec marques de potiers 0F13ASSI, ...N... etc.
— xxm —
UiU' ptrlf iii [)àtc' (le \ ci rc \(iif, à ^roclroiis.
Une perle polyétlri(iue (très iioiubreiiscs facettes) eu verre bleu pâle.
Deux perles eu forme d'auncaux et à section eireulnire. en vvvrv bleu fonce et eu pâte de verre (,n'ise.
Cloeliette eu brou/e avec battant en fer (rol^jcl a été a|>Iati).
IMitc pièce de haruachement (?) en l)rouze ; la partie inférieure est semi-eirculaire. la partie supérieure' est plus ou moins triauffu- laire ; une face est bombée, l'autre, concave, est poui'N ne de deux tenons.
Deux petits bâtons en os. ])olis et appointés à une extrémité (poinçons?). Lon,i,uuui- : (!"'l{tr) et 0'"()!)t.
Clef en bronze trouvée à .lupille (longueur : ()"H)7).
Faïences (pièces de comparaison).
Deux « puisettes b eu faïeuce blanche de Luxembourg, à décor bleu de coquilles, lacets entrelacés et filets perlés.
Assiette en faïence de Moustier, à bord chantourné, et décor vert de feuillage avec chien, au centre.
Deux assiettes ])rofondes avec niarli orné de guirlandes et lilets verts.
Poteries
Une cruche, deux pots avec anses, une écuellc et deux petits vases de forme plus ou moins cylindrique, en terre grossière, grisâtre ou brunâtre, trouvés au cours de travaux de voirie à Liège.
Verres
Deux burettes, en cristal taillé (hn du XYIII^ siècle).
Porte huilier en verre blanc uni, reposant sur quatre pieds et muni d'une anse (fin du XYIII^ siècle).
Bouteille à eau de Spa, à panse globuleuse, col allongé, et de forme conique ; goulot avec bague.
Ancienne bouteille à vin de bourgogne, de fabrication liégeoise, portant un cachet aux armes des de Grady.
Deux petites bouteilles en ancien verre liégeois blanc et uni.
Divers
Borne en pierre calcaire portant sur luie face les armoiries des bourgmestres Henri de Ri\ière et Sébastien Laruelle ; sur la face opposée, les armes des bourgmestres de Schwarzemberg et Gérard Charles (dit Caroli).
Siu' chaque face, les deux armoiries sont séparées par le Perron et sont accompagnées d'une inscription donnant les noms et titres des deux bourgmestres et les dates 1631-1632.
XXIV
La borne a été reproduite et déerite dans la « Chronique archéolo- gique », n" d'oetbbre 1913.
Clef en fer forgé très oxydé, provenant de Tongrcs (moyen âge).
Denier de Henri TI de Limboiirg dit de Ltyen (de Chcstrct, no 101).
Bout de ceinture en bronze, à patine verte, orné de dessins en relief (moyen âge ?) trouvé à Tongres.
Une fusaïde en terre cuite, un carreau d'arbalète et trois balles en plomb trouvés dans les remparts de Tongres.
Bague en bronze, très grande et très lourde, nuniie d'un cachet rectangulaire (0m023 X On^OlG), trouvée à Tongres.
L'importance que les collections du Musée archéologique lié- geois ont acquise, en ces quatre dernières années, n'a dû échapper à aucun d'entre vous, Messieurs. Notre section préhistorique est peut-être la plus importante et la plus complète de la Belgi- que entière ; notre section belgo-romaine et franque compte parmi les plus riches du pays ; la donation Moxhon, d'autre part, nous a valu nombre de pièces de tout premier ordre que nous envient maints grands Musées du continent.
Il n'est pas enfin jusqu'au médaillier Capitaine qui ne ren- ferme pour l'étude du monnayage liégeois, des éléments uniques que les numismates ne trouveront que dans nos vitrines. .
On peut dire en toute sincérité que Liège est aujourd'hui un centre scientifique qui s'impose à l'attention du savant comme du simple touriste.
Si de généreux Mécènes ont enrichi notre patrimoine archéo- logi(pie et artistique, la Ville de Liège a, elle aussi, pris une part prépondérante au développement de ce vaste mouvement intellectuel dont s'enorgueillit à l'heure actuelle la Wallonie.
C'est à la Ville de Liège que nous devons cette Maison Ciu'tius idéalement transformée en Musée d'art ancien ; c'est à sa munificence que nous sommes redevables de cette charmante maison d'Ansembourg et des nombreuses richesses qu'elle renferme ; n'est-ce pas, en suite de sa généreuse intervention que nous avons vu renaître la Maison (irétry et l'intéressant Musée Grétry ?
C'est aussi grâce à sa libéralité que nous verrons sous peu notre Musée s'adjoindre d'importants bâtiments d'annexé ;
XXV
c'est encore à elle, sans doute (iiie, dans ini avenir que nous devons souhaiter })roehe, une nouvelle œuvre, le Musée de la Vie wallonne, devra de [)ouvoir s'organiser et prospérer.
Il est de notre devoir. Messieurs, de nous montrer reconnais- sants envers la Ville de Liège des nombreux sacrifices qu'elle ne cesse de s'imposer en faveur d'une œuvre cjui nous est chère à
tous.
* * *
Je m'étais montré trop optimiste dans mon Ra])port de l'an dernier en vous laissant entrevoir que vers le mois de juillet 191.3. nous pourrions enfin prendre possession d'un local définitif pour y tenir nos réunions et nos assemblées mensuelles, y installer notre bibliothèque et y créer de nouvelles salles d'exposition.
Hélas, l'année 1913 s'est écoulée sans que nous ayons vu se réaliser notre légitimé désir.
Si je suis bien informé, nous pouvons aujourd'hui être rassu- rés, en ce sens que les bâtiments qui nous sont destinés sont pour ainsi dire prêts à nous recevoir ; il ne reste plus qu'à les pourvoir d'une chaufferie et, au rez-de-chaussée, d'un éclairage électrique.
En présence de l'encombrement sans cesse plus intense de nos locaux actuels et de l'impossibilité dans laquelle nous nous trouvons d'exposer la plupart des dons ou dépôts les plus récents; en considération, d'autre part, de la nécessité pour nous d'évacuer les deux dernières salles du second étage, il est aujourd'hui abso- lument indispensable que nous puissions nous installer dans les nouveaux bâtiments vers Féronstrée.
Des circonstances spéciales, jointes à quehpies lenteurs ad- ministratives, ont retardé l'an dernier l'exécution de certains travaux primordiaux. Espérons que la Ville de Liège saura mettre tout en œuvre pour hâter l'appropriation définitive des locaux qui nous sont nécessaires depuis si longtemps.
)> * * *
Je m'en voudrais. Messieurs, de vous avoir j)arlé de notre Musée, sans y avoir associé celui qui l'incarne à nos yeux, notre dévoué collègue M. Servais.
XXVI
Les niodc'stt's attributions (juc nous lui avions (Icvolnes naguère, alors (jue nous abritions eneore nos collections dans les combles dn vieux palais de nos princcs-évêques, sont deve- nues aujourd'hui une lourde charge.
Aussi, ces cinq dernières années compteront-elles parmi les plus laborieuses de la carrière de notre estimé collègue.
Investi sinndtanémcnt des fonctions de conservateur du Musée archéologique liégeois et du Musée d'Ansembourg, il n'a cessé de remplir ce double mandat avec autant de tact que d'autorité ; quotidiennement nous le voyons à la tâche et à son œuvre nous pouvons juger de ses mérites de fonction- naire consciencieux et d'honmie d'initiative.
Assisté de deux adjoints dévoués, MM. J. Hamal-Nandrin et A. Baar-Magis. il a procédé avec un rare bonheur à l'organi- sation des diverses sections de notre Musée ; l'arrangement des importantes collections Moxhon est pour ainsi dire son travail personnel ; il vient d'en terminer un premier catalogue sommaire actuellement à l'impression et, tandis qu'il met la dernière main à l'inventaire général sur fiches du Musée, il se prépare à s'occu- per prochainement de nos nouvelles annexes.
Je me ferai votre interprête. Messieurs, en exprimant à M. Jean Servais notre profonde gratitude pour le dévouement sans borne avec lequel il s'acquitte de la mission qui lui a été confiée.
* * *
Bibliothèque. — Si notre bibliothèque n'a guère vu amé- liorer la situation que je déplorais dans mon Rapport de l'an dernier, elle n'en a pas moins subi des accroissements considéral)lcs par suite des achats, des échanges ou des envois des départements ministériels, dont voici la liste :
Dons d'auteurs.
JoRissEN'NK (I)' (i.). . — Deuxième contribution à P étude de Vâge nouveau de r h niiuniitr. 1 brochure. — Extrait dn liitllefiii de la Société de Salubrité publique et d'Hygiène de la province de Liège, t. XV. Liège, 1913.
XXVII
Pki,t/ki< (A.). (lodcjroid de Fanldincs. Les inannserits de ses
qu(dihefs conservées à la Vaticane et dans f/uelques- autres bibliothèques. 1 br()('Iun\'. L()U\;iiii. lOl.'î. — Extrait de la Revue néo-scolastique de pl/ilosophie. Août et noxcmbrr 1!)1.'}.
PoNCELET (Ed.). - Cariulaire de VE'^lise Saint-La)nbert de Liè<fe, t. V. 1 vol. in-i". Coininissioii royale d'histoire (lîriixclles, lOl.'J).
PoxcELET (Le lî. p. Ali'., s. J.). — Lettre inédite du père Henri Santerius S. J . 1 brochure. Loiivaiti. 1012.
II.\i,Ki\ (Léon). -- Le diplônw militaire romain de Fléinalle- Haule. 1 brochure. Louxahi, Paris, 1913. {.Uusée Bel'j^e, n" II).
MoKs (E. W.) et Sliyteumann (K.). — Nederlandsche Kasteelen en l/iin historié. Eysden. Offert par M. le comte de Geloes.
Leuridant (Félicien). — Deux chroniques inédites de Vhistoire de Blaton. Pjxtrait des Annales du Cercle archéologique d'AtJi et de la Région, t. I. 1912.
Fairox (E.). — Notes sur un cariulaire de la cité de Liège. 1 broch. Bruxelles, 1913.
Brasstxxe (J.) et Naveait (L.). — Catalogue de VExposiliim organisée jxir la Société des Bibliophiles liégeois à l'occasion du .^C"^ anniversaire de sa fondation. Lic,ife, 1913.
CoLsox (Os.). — Zénobe Gramme, sa vie et ses œuvres. (Edition hors commerce). Licite, 1913.
NiMAL (II. de). — La Métallurgie à V exposition de Charleroi en 1911 avec des notes historiques sur la forgerie. Extrait du Livre d'or de VExposition de Cliarleroi, par G. Urèze (1913).
Mo LIN (A. de) et Gruaz (J.). — Le cimetière mérovingien de Saint-Sulpice (canton de Vaud). 1 brochure. Lausanne, 1912.
Dardexxe (E. J.). — Léopold Harzé. Extrait du Bulletin des CouDuissions royales d'art et d'archéologie. 1913. 1 brochure. Andennc.
Bissixo (Fr. W. V.). — Der Anteil der aegi/ptischen Kunst im Kunstleben der T^ôlher. Publication de la K. Akademie der IVissen- schaften de ^Munich. 1 brochure.. 1912. Munich.
Pru:\i (Emil). — Clerf. Dessen Ortsgeschichte. Baudenk-mâler und Landeschaftsbilder mit Fremden-Fûhrer. 1 broch. Luxemboiu-g, 1913.
Exposition universelle et internationale de Gand, 1913. — Cata- logue de r Exposition spéciale de la Ville de Paris et du département de la Seine.
Fairox (E.). — La chaussée de Liège à Aix la Chapelle et les autres voies de communication des Pays-Bas vers l'Allemagne au XVIII^ siècle. 1 vol. Verviers, 1912.
— XXVIII —
Martin (Jdskfh). — Visé et ses environs. Pittoresque . historique, arehéologique. seientijique. 2^" rdition. 1 brochure, 191.'3 (Guide illustré (lu Touriste).
Clervaux en Ardenne, son histoire, ses traditions, ses sites et ses monuments, par un C'ierx allois. 1 brochure. Luxembourj,', 1913.
lÎKorwF:i{s (D.). — Chartes et règlements du comté de Namur. T. I. Namur, 1013.
Dons divers.
Rapport sur l'administration et la situation des affaires de la Ville de Liège en 1912.
L. GiLLiouTS- Van Severen. — Coutumes de la Salle et Châtel- lenie d'Y près. Tome II. Bruxelles, Goemare, 1911.
Exposé de la situation administrative de la province de Liège en 1912-1913.
J. Feller. — Notes de philologie ivallonne. Liège, Vaillant, 1912. Un vol. in-80.
Compte-rendu de la manifestation organisée en l'honneur de M. Jides Feller (P^xtrait de Wallonia, mai 1912). Une brochure in-8o.
Brassinne (Jos.). — La reliure mosane (Public. in-S" des Biblio- philes liégeois). Liège, Cormaux, 1912. Lin yol. in-8o.
Achats et abonnements.
Revue de l'art chrétien. Année 1913, t. 63. L'ancien pays de Looz. 17^ année.
Echanges.
BELGIQUE.
Anvers. — Anvkrs. — Académie royale d'archéologie de Belgique. — Bulletin, 1913.
Brabant. — Bruxelles. — Académie royale des sciences de Belgique. — Annuaire 1913. — Bulletin de la classe des lettres et des sciences morales et politiques et de la classe des beaux-arts, 1913. — nos 1 à 12.
Id. — Compte-rendu des séances de la Commission royale d'his- toire. — Bulletin, t. LXXXII.
Id. — Biographie nationale, t. XXI. 2^ Ijvr.
Id. — Bulletin de la Société d'anthropologie, t. XXX.
— XXIX —
In. — BiiUeliii (les Coiniiussioits royales d'art cl iVarcUéologie, 51*^ année.
In. — Bulletin de la ('oininission roi/ale des- anciennes luis et ordonnances de Belgique, t. IX.
II). — Annales de la Société d'arclu'oloiiic, t. XXV, XXVI. —
Annuaire de la Saciété tl' archéologie, 1912.
II). — Hevue belge de Huniisaudii/ue. 09^ année (im.'î). n"'^ 1 à 4.
In. — Bulletin de la Société roijalc belge de géotirapliie. t. XXXVII.
Id. — Analecta Bollandiamt. t. XXXII. n"^ 1 à 1-.
LouvAix. — Annuaire de V Université ctdliolique. 19K3.
In. — Analectes pour servir à l'Iiisloire ecclésiastique de la Belgique, t. XXXIX.
Nivelles. — Annales de la Société archéologique de V arrondissement de Nivelles, t. X.
Flandre Orientale. — GAxn. — Société d'histoire et d'arcliéo- logie de (iand. — Annales, t. XII, fase. 3 et i. — Bulletin, 21^ année.
— Inventaire archéologique de Gand, n" 55.
Saint-Nicolas. — Annales du Cercle archéologique du Pays de Waes, t. XXX.
Hainaut. — Moxs. — Annales du Cercle archéologique, t. XLI.
In. — Mémoires et publications de la Société des sciences, des arts et des lettres du Hainaut, t. LXIII.
CiiARLEROi. — Société paléontologique et arcliéologique. — Docu- ments et rapports, t. XXXIII.
ExGiiiEN. — ylnnales du Cercle archéologique, t. VII, faso. 3.
Tournai. — Annales de la Société historique et littéraire, 2<^ série, t. XII.
Ath. — Annales du Cercle archéologique, tome I (1912).
Liège. — Liège. — Société d'art et d'histoire du diocèse de Liège.
— Bulletin, t. XX. — Leodiwn, 12^ année. n"s i à 12.
In. — Société des Bibliophiles liégeois, t. X, fasc. 2.
In. — Bulletin de la Société de littérature ivallonne.t. LIV. — An- nuaire (1913). — Bulletin 'lu dictionnaire général de la langue ival- lonne, 7^ année.
In. — Wallonia, 21^ année, n"s i à 12.
— XXX —
HiTY. — Cercle hutois des sciences et beaux-arts, t. XVIII, 2^ livr.
Sekaixg. — Les Chercheurs de la Wallonie. — Bulletin, t. IV. —
Vervikrs. — Société verviétoise cV archéologie et d'histoire. — Bulletin, t. XII.
Limbourg, — IIasselt. — Société chorale et littéraire des Méio- philes. — Bulletin de la section scientifique et littéraire, t. XLI.
ToxGRES. — Bulletin de la Société scientifique et littéraire du Lim- bourg. t. XXX.
Luxembourg. — Arlox. — Institut archéologique du Luxem- bourg. — Annales, t. XLVIII.
Namur. — Namur. — Annales de la Société archéologique, t. XXXI.
Maredsous. — Revue bénédictine de Maredsous, t. XXX. fasc.
1 à 4.
FRANCE.
Abbeville. — Société d'Emulation. — Bulletin, année 1913. — Mémoires in-8o. t. XXIII. — Mémoires in-4.o, t. VI, 2^ fasc.
Aix. — 1. Annales de la faculté de droit, t. V, fasc. 1 et 2. 2. Annales de la faculté des lettres, t. V.
Amiexs. — Société des Antiquaires de Picardie. — Bulleti)i. année 1912. — Mémoires in-4o. t. XVII. — Mémoires in-8o, t. XXXVI.
Id. — Dictionnaire historique et archéologique de la Picardie, t. II. — Cantons de Corbie. Ilernois et Molliens. — La Picardie histo- rique et monumentale, t. V, n" 1 .
Arras. — Commission départementale des monuments historiques du Pas-de-Calais, t. III, fasc. 7. — Bulletin, t. IV. — Mémoires, 2^ série, t. XVII. — Mémoires in-é», t. III. l^r fasc. — Epigraphie, t. VII. — Statistique monumentale, t. IV, fasc. 5.
AuxERRE. — B^illetin de la Société des sciences historiques et natu- relles de r Yonne, n"^ 04- et 0.5.
AvESXES. — Mémoires de la Société archéologique de l'arrondisse- ment d'Avesnes, t. IX.
Bordeaux. — Société archéologique, t. XXVI (tal)le des 25 pre- miers volumes) ; t. XXXI.
Bourges. — Société historique, littéraire, artistique et scientifique du Cher, t. XVI.
Ciialox-sur-Saoxe. -— Mémoires de la Société d'archéologie de Chalon-sur-Saône. 2^ série, t. IV. fasc. 2. Mémoires in-4", t. VIII.
XXXI
DuNKERQUE. • — Société dun1\£rqupise pour l' encouragement des sciences, des Idlrcs cl des arls. t. LI, "LU. LUI.
Lyon. — Amudcs de la Société d^ agriculture, sciences et industrie, •année 1910.
'• IVlAiisKiLLE. — Ré])erf<)ire des travaux de la Société de statistique, t. XLVII. fasc. 2. liulletiu de la Société arclié(dogiquc de Pro-reuce. Case. 0. !!)()().
Montât BAN. — Bulletin archéologique et historique de la Société archéologique de Tarn-et-Garonne, t. XXXIX.
Nancy. — Mémoires de la Société d'archéologie hniaine et du Musée historique hrrrain. t. LXII.
Id. — Mémoires de V Académie de Stanislas, G^ série, t. IX.
Orléans. — Société archéologique et hist(rri(iue de VOrléanais. — Bulletin, ii-^s 201 à 203.
Paris. ^^ Société de V histoire de France. — Annuaire-Bulleii n . 1911.
Reims. — Almanach-annuaire des départetnents de la Marne, de V Aisne et des Ardennes. Année 1912.
RociiECiioi'ARD. — Bulletin de la Société des Aniis des sciours et des arts. t. XX. ler fase.
Saint-Dié. — Société yhilomatique vosgienne. — Bulletin, t. XXXVII.
Saint-Omer. — Société des Antiquaires de la Morinie. — Bulletin historique, fasc. 243 à 245. — Mémoires, t. XXX.
ToiiLOiTSE. — Société archéologique du Midi de la France. — Bulle- tin, nom'elle série. 11° 3<S.
Id. — Université. — Bulletin, nouvelle série, n" 1. — Rapport annuel (1910) et Annuaire, 1912.
In. — Revue des Pyrénées. Année 1912.
BoNE. — Comptes-rendus de V Académie d'IIippoïw. nouvelle série, u" 1.
allp:magne.
Aix-la-Chapelle. — Zeitsclirift des Aachener Geschichtsvereins, t. XXXIV. ♦
Berlin. — Zeitschrift ffir Fthnologie. t. XLV.
Bonn. — Jahrhihher des Vereins von AltertJnnnsfreunden im Rheinlande, n^ 121.
Dresde. — Neues Arcl/iv fiir Saclisi.sche Geschiclite und Alter- thu)nshunde, t. XXXIV.
— XXXII —
Id. — Jahresbericht des Kôni'glich Scichs. Altcrtlmms-Vereins. Années 1910-1911. " '
DiJssELDORF. — Dûsseldorjer Geschichtsverein. — Beitrage zur Geschichte des Niederrheins, t. XXV.
Hanovre. — Zeiisehrift des historischen Vereins fur Niedersachsen:' Année 1912.
IIeidelrerg. — H istoriscJi-])}/ ilosophischer Verehi zu Ileidelberg. — Neue Heidelberger Jalirbik'lwr, t. XVII.
lÉNA. — Zeitschrift des Vereins fur TImringsche GeschicJde und Alterthumskunde, t. XXIX.
KiEL. — Mittheilungen des Antropologischen Vereins in Schleszvig- Holstein. t. XIX. — Musée d'antiquités de Kiel. Rapport. \\^ 44<.
Id. — Zeitschrift der Gesellschaft fiir Sclilesivig-Holsteinische Ges- chichte, t. XLII et XLIII.
KoxiGSBERG. — Scliriften der Physikalisch-ôkonomisclien Gesell- schaft, 53e année (1908).
Leipzig. — Jahrbuch des Stâdtischen Muséums fur Vôlherlninde, vol. IV.
LiNDAi'. — Schriften des Vereins fur Geschichte des Budcnsees und seiner Umgebung, t. XXXVI.
LuNEBOi'RG. — Lûneburger Museumsblatter, n^ 8.
Mayexce. — Mainzer Zeitschrift. t. \ .
Metz. — Gesellschaft fur lothringisché GescJiichte und yllterthuins- kunde, t. XXI. — Mémoires de V Académie de Metz. 1908.
Munich. — Oberbayerisches Archiv fur vaterlàndische GeschicJife. Monatschrift, t. 56 et 57. — Altbayerische Monatsclnift. t. XI et XII.
II). — SitzungshericJite der ^Ikademie der Wissenschaften, 1911. — Année 1912, 1.5 pnblieations in-8o. — Pnblicatioîis h\-V\ t. XXVI, fasc. 3 et 4, et t. XXVII, fase. 1 et 2.
NiiREMBERG. — Anzciger des Germanischen Nationalmuseums, 1911.
Oldenburg. — BericJit uber die Tâtigkeit des Oldenburger Vereins fur Alterthumskunde und Landes gescliichte, t. XVI. 0
PosEN. — Zeitschrift der liistorischen Gesellschaft fur die Provinz Posen, t. 27.
Id. — Historische Monatsbldtter fur die Provinz Posen. Année 1912 Id. — Rocznicki Towarzystewa, t. XXXVII.
Ratisbonne. — Verhandlungen des historichen Vereins von Ober- pfalz und Hegensburg, t. LXIV.
— XXXIII —
ScTTWF.Rix. — JdlirhiirJirr loid Julire^hcr'u'Jifc des Vercins fiir Mtrlilonhitrgische Gcschichte uitd Altcrlliunishtiiidc, l. LXXV'II et LXXVIII.
Stettix. — Baltische Studien. 2^ série, t. XVI.
Strasbourg. — Bulletin de la Société pour la conservation des monu- ments- Jiistoriques d'Alsace, t. XXIII. Ii\r. 2.
Id. — Jtilirhiich fiir (ie.scliiehte, Sprache und Litteratur FAsass- Lotiiringens. t. 29.
Stuttgart. — ]Viïrlc))iherg,ische Vierlrlidlnsliejte fi'ir Laiidesgesclrichte, t. XII.
Tkkves. — Jahresberichte der Gesellschajt fiir Forschiingen, t. XI.
Id. — Rômisch-Germanisches Korrespondenzhlatt lierausgegehen von E. Kkueger, années 2. .3. 4- n"s 1 à G.
Ulm. — Oherschvcahen-V erei n fïir Kunst und Alterihum. — Mitthei- 'lungen, fasc. 18 et 19.
Wernigerode. — Zeitschrift des Harz-Vereins, t. XLVI.
WiESBADEx. — Annalen des Vereins fur Nassauische Alterthums- kunde und Geschichtsjorschung, fase. .'ÎS. — Mittheilungen, t. XII (1909), fase. 1 à 4.
ANGLETERRE.
Cambridge. — Antiquarian Society, Proceedinçrs, n^s 62, 63. List of the members witli tlir laws. a list of tlu- publications. (1912). — Publications, n" 4G. - Publications in-4o, n» 2.
AUTRICHE-HONGRIE.
Budapest. — Archaelogiai értesito (indicateur archéologique) a. M. Tud. Akadémia arcJi. bizottsaganak es azOrsz régészili Semh. târsutat- nak kôzlômje szerkeszti Heinpel JôzsepJi. Budapest. Kiadja a magyar Tudomanyos Akadémia, t. XXXIX. — Rapports, années 1911 et 1912.
Gratz. — • Vzisnick HtvatsJiogga, t. XII.
Id. — Steirische Zeitschrift fur Geschichte, 10° année. — Beitruge, t. XXXVI.
Prague. — Verein fiir die Geschichte der Deutsche }i in Bohmen. — Mittheilungen, t. LI.
ViEXNE. — Mittheilungen der Antropologischen Gesellschaft, t. XLIIL
Id. — Mittheilungen der Prâhistorischen Kommission der K. Akademie der Wissenschaften, vol. IL lasc. 1, 190S.
— XXXIV —
Tr(tV(n(x de la section numismafique et nrchéolo 'clique du Musée natio- nal de Transylvanie à Kolozsvar. Année 1913.
DANEMARK.
Copenhague. — Mémoires de la Société royale des Antiquaires du Nord. — Nouvelle série, années 1911-1912.
Id. — Tillaeg til Aarborger, années 1906 et 1907,
SUISSE.
Zurich. — Jahreshericht der Schxveiz. GeseUscJiaft jïir Vrgeschichte, von Dr. J. Heierli, t. V (1913).
SUEDE ET NORVEGE.
Stockholm. — Kongl. Vitterhets Historié och Antiqintets Akade n)iens Fornvannen. Année 1911. — Antiqvarisk Tidskrift f(n- Sverige, t. XVIII. L>e fase.
Upsala. — Skrifter utgifna af ko)tgl. liumanistika Vetoiskaps, t. XIV. — Album du 5^ centenaire de V Université d' Upsala. 1 vol. in-40 ill.
PAYS-BAS.
La Haye. — Maandblad van het genealogisch-heraldiek Genootschap « De N ederlandsche Leeuiv ». Année 1913.
Leeuwarden. — Friesch Genootschap van Geschiedenis. Oudlieid- en Taalkunde. — Verslag der Handelingen, fase. 83.
Id. — Id. — De vreie Fries, n^ 21.
Leyde. — Maastchappij der N ederlandsche letterkunde. — Hande- lingen en Mededeelingen, 1912. — Levensbericht der afgestorven niede- leden, 1912.
Id. — Oudheidkundige inedeeligen van Itet Byksniuseuin van Oudhe- den te Leiden, n"s 1 et 2.. Verslajf, 1907.
Maestricht. — Publications de la Société Jiistorique et archéolo- gique dans le duché de Limbourg. t. XXXVIII.
Utrecht. ■ — Werken uitgegeven door het historisch Genootschap. — Publications in-8", 3^ série, t XVII à XXVI.
Id. — Id. — Bijdragen-Mededeelingen, t. 34.
GRAND-DUCMÉ DE LUXEMBOURG.
Luxembourg. — Institut grand-ducal, section historique, t. LVIII.
Id. — 0ns Hémecht, Organ des Vereins fiïr Luxeniburger Ge- schichte, Litteratur und Kunst. Année 1910.
— XXXV —
ESPAGNE.
Barcelone. — Revista de l<i Association arti.stico arqueologica Barcelonesa, l'asc. 65.
Madiud. — Revista de arehivos. bihllotJiecas y tnuseos. orçiatio oficial del cuerpo jaeultativn del raiiio. 17« et isc années (lî)ll).
roirruGAL.
Lisbonne. — (> (irchenloiii) iiortuguès ; eolleaio iUustritdn de mate' riaes e notieias pablicada pela Museu etlna)'^r<i})liie(i ixtrtuguès, t. XVII.
Id. — Portugalia. — Materiaes para o stndo do povo portuguez, t. II, fasc 2 et 3.
BRÉSIL.
Rio de Janeiro. — AreJiivos de Museu naeional do Rio de Janeiro, t. XIV et XV.
RÉPUBLIQUE ARGENTINE.
r
Montevideo. — Anales el museo national da Montevideo. — Florea Uruguya. t. IV, 3^ fasc.
ÉTATS-UNIS.
Chicago. — ^leadenii/ of seienees. — Bulletin, t. \'II.
MiLWAin-CEE, — IVisconsin natural history Society. — Bulletin, nouvelle série, t. X. — Public Muséum. — Report. 19().S-19()9.
Philadelphie. — Transactions of tiie free Muséum of science and art (University Muséum of Pennsylvania). — Anthropological publi- cations, t. IV. n« 1. — Egyptian départaient, n^s 7 et 8. — Babilonian department. t. III, fasc. 1 et 2.
Id. — The Muséum journal, t. 1. fasc. 3.
Toronto. — Proceedings of tlie Canadian Institute. — Transac- tions, fasc. 18 et 19. — Annual report, 1912-13.
Washington. — Annual Report of board Régent of tlie Smithsonian Institution, 1912.
Id. — Smithsonian Report. Publications spéciales, n^s 2121 à 2125.
Nouvelle Orléans. — Second biennal report Louisiana State Muséum. Année 1910.
En me transmettant le relevé ci-dessus des nombreuses publi- cations reçues en 1913, nos tout dévoués bibliothécaire et biblio-
— xxxvi —
thécairc adjoint, MM. Eiii. Faiion et .T. Delhcid, ont insisté à nouveau sur la nécessité, devenue plus im]:»érieuse que jamais, de soumettre notre bi])liothcquc à un régime en rapport avec sa valeur scientifique.
Au lieu d'entasser nos livres, d'empiler nos revues dans des salles virtuellement inaccessibles au public, nous aurions, depuis plusieurs années déjà, dû pouvoir les classer méthodique- ment dans un local spécialement aménagé à cet effet et les mettre ainsi à la disposition de nos membres.
Une décision de principe vient d'être prise tout récemment, d'accord avec M. l'Echevin des Beaux-Arts ; dans les nouveaux locaux, vers Féronstrée, deux salles seront affectées à notre bibliothèque ; nous pourrons dès lors réaliser un vœu émis depuis longtemps déjà par notre bibliothécaire- : l'installation d'un cabinet de lecture et la création d'un service de biblio- graphie et de dépouillement systématique de nos revues.
^ Sfî ^
Finances. — Notre dévoué trésorier, M. FI. Pholien vous présentera, dans quelques instants, un rap])ort provisoire sur l'état de nos finances.
Comme il vous l'apprendra, chiffres et statistiques à l'ap^ud, notre situation financière pour l'exercice 1913 sera tolérable et même satisfaisante, en ce sens que notre déficit totalisé a légèrement fléchi ; de fr. 3.533,07 au 31 décembre 1912, il est tombé à fr. 2.098,55 au 1*"^ janvier dernier. .
Il faut bien reconnaître que les budgets de certains services, tels ceux des fouilles, de l'entretien de la bibliothèque et des achats, ont été singulièrement réduits.
On aura beau invoquer que « nécessité fait loi » pour justifier les économies faites au détriment de certains chapitres ; je persiste à croire que ce retrait de crédits spéciaux est non seule- ment regrettable, mais encore préjudiciable au bon fonctionne- ment de notre rouage scientifique.
Notre trésorier ne manquera pas de vous présenter à ce sujet des considérations qu'il est mieux que moi à même de déve- lopper.
— XXXVII —
J'ai, avant tout, le devoir de remercier eu votre noiri, le Gouvernement, la Province et plus sj)écialement la N'ille de liiège, des subsides régidiers (juMls ont consenti à nous allouer l'an dernier et qu'ils voudront bien, sans doute, nous octroyer par la suite.
* * *
Membres. — Malgré les deuils successifs qui sont venus frapper en 1913 notre Société et en dépit des démissions de 2 membres effectifs et de 15 membres associés qu'il a acceptées, l'Institut comptait encore au 1^^ janvier dernier 348- meml^res, dont 36 membres effectifs, 7 membres d'honneur, .52 membres correspondants et 253 membres associés.
Au cours de l'année 1913 nous avons procédé à l'élection de 2 membres effectifs, de 4 membres correspondants et de 32 membres associés.
Le 30 novembre dernier, M. Th. Gobert a été unanimement désigné pour terminer le mandat de notre regretté vice-prési- dent M. le D^ Simonis ; d'autre part, en séance du 28 décembre dernier. l'Institut a été appelé à procéder à l'élection d'un vice-président pour les années 1914-1915 et au renouvellement de son Bureau. A l'unanimité des suffrages exprimés, notre €stimé collègue, M. le professeur Léon Halkin a été porté à la vice-présidence ; d'autre part, MM. L. Renard-Grenson, J. Servais, FI. Pholien, F. Fairon, J. Hamal-Nandrin, A. Baar- Magis, J. Pirlet. et .J. Delheid ont été réélus respectivement secrétaire, conservateur, trésorier, conservateurs adjoints, se- crétaire adjoint et bibliothécaire adjoint.
De leur côté, les différentes commissions et sous-commissions spéciales ont été renouvelées et composées comme suit :
Commission des publications : Mgr. Sehoolmeesters, MM. F. Magnette et J. Brassinne ;
Commission des fouilles : MM. M. De Puydt, J. Hamal Nandrin, L. Renard et J. Servais ;
Commission d'achat : MM. G. Ruhl, le baron R. de Sélys- Fanson, E. Brahy Prost, FI. Pholien, J. Brassinne, L. de Bugge- noms, le D"* G. Jorissenne et A. Baar Magis.
— XXXVIII —
Commission de vérification du Musée : MM. E. Brahy-Prost, M. De Piiyclt et L. Naveau ;
Commission de vérification de la bihiinfhèque: MM. J.Brassinne, le baron W. de Crassier et l'abbé J. Coenen.
Commission de vérification des comptes : MM. G. Ruhl, L. de Kuogenoms et L. Ledrii.
Qu'il me soit permis, Messieurs, avant de terminer, d'expri- mer tant en mon nom personnel qu'au nom de mes collègues du lîiu-eau, nos sentiments de gratitude à notre ancien président M. Max Lohest.
Malgré ses absorbantes occupations professionnelles, il a su faire preuve vis-à-vis de l'Institut d'vni dévouement auquel notre président, en séance du 28 décembre dernier, a déjà tenu à rendre un juste hommage.
Le Secrétaire, L. RENARD-GRENSON.
Liège, ce 22 février 1914.
Rapport du Trésorier sur l'exercice 1913
Messieurs,
J'ai l'honneur de vous faire, comme de coutume, rapport sur la situation financière de notre Société. J'ai cette fois une satisfaction, d'ailleurs relative, à produire les comptes, en ce sens que notre gros déficit commence enfin à diminuer grâce à de prudentes économies systématiques. Mais, par contre, il y a lieu d'exprimer quelque regret de ce que, pour arriver à un résultat apparemment satisfaisant au point de vue pécuniaire, nous ayons été obligés de rogner très sensiblement nos crédits pour nos fouilles, nos 'publications et nos achats d'antiquités ! Mais il le fallait : le criant déficit, qui pèse sur notre Société et qui avait atteint en 1908 fr. 6081,17, est enfin ramené, par étapes, à fr. 2073,75.
Un autre point qui doit nous réjouir est celui qui concerne l'accroissement du nombre de nos membres.
De 305 qu'il était en 1910. il est monté à 314 en 1911, à 333 en 1912, pour atteindre au 31 décembre 1913, le chiffre de 353, défalcation faite des 18 radiations pour cause de décès et de démissions. Il appert de ces chiffres que 38 nouveaux membres ont été reçus au cours de l'année 1913, soit plus de 3 membres mensuellement. Bien qu'on puisse se féliciter de ce résultat, surtout si l'on considère qu'en 1900 la Société ne comptait que 148 membres, il y a cependant lieu d'exprimer le vœu de voir chacun d'entre nous faire dans son milieu, une plus active propagande pour le recrutement de nouveaux membres. Je répé-
— XL —
terai, comme l'an dernier, que dans une ville de l'importance de Liège nous devrions com})ter au moins 500 membres ! A vous tous, chers confrères, de nous aider, dans cette tâche.
La Ville de Liège, toujours si généreuse à notre égard, a aug- menté son sul^sidc annuel ordinaire en le portant à 1700 francs au lieu de 1500. non compris ses subsides spéciaux alloués pour le médaillier Capitaine, la publication du mémoire sur Liège paléolithique, etc.
Voici les comptes et la situation :
1. Exercice 1913.
A. Recettes. Subsides ordinaires : Etat Province Ville
1.000 750 1.700 = 3.450,00
Cotisations 3.310,00
Abonnements à la Chronique .... 83,60
Vente de Bulletins 12,00
Vente aux membres d'insignes-brelo- ques . 20,00
Solde du subside alloué par la Ville pour l'installation du médaillier U.
Capitaine 130,00
Remboursement par la Ville de l'achat
d'un denier de Henri II de Limbourg î)0,0() Subside spécial de la Ville pour l'impres- sion du mémoire Liège paléolithique 100,00
Intérêts en bancj^ue 30,40
Déficit sur l'exercice 65,48
7.597,48
XLI
B. Dépenses.
Chap. 1. Achats d'antiquités 277,80
— 2. Fouilles 269,40
— 3. Service de la bibliothèque 139,10
— 4. Publications (JiuUctin et Chronique) . . 3291,06
— 5. Frais j^énéraux :
a) Administration .... 1012,04
b) Causeries publiques . . 46,50 e) Excursions archéologiques .
Epuisement du reliquat du
crédit de 1912 .... » » cl) Organisation et service du Corpus inscriptionum bel-
gicarum 28,00
e) Exposition d'objets féminins à la Maison d' Ansembourg (assurances , catalogues ,
etc.) 174,50
1261,04
6. Entretien des collections 630,18
Installation du médaillier U. Capitaine
(balance) 136,00
Achat d'un denier de Henri II deLimbourg 90,00 Amortissement sur déficit général . . 1500,00 Commission de banque 2,90
7597,48
2. Bilan au 31 décembre 1913.
A. Actif.
Espèces en caisse 10,90
Solde créditeur en banque 1518,05
Déficit à ce jour 2098,55
3627,50
— XLII —
B. Passif. Reste dû à divers 3627,50
C. Situation.
Déficit au 81 décembre 1912 3.533,07
Amortissement sur déficit général. . . 1500,00
2033,07 Déficit sur l'exercice 1913 65,48
Déficit total au 31 décembre 1913 2098,55
Le Trésorier, Florent PHOLIEN.
DECOUVERTE D'UN CIMETIÈRE BELGO-ROMAIN
A AMAY
A en croire la légende, Amay anrait été fondé, vers la fin du VII^ siècle, par sainte Ode à qui seraient dus l'érection, en cette localité, d'une église dédiée à saint Georges et l'établisse- ment d'une abbaye (i).
En réalité, le nom d'Amay apparaît dans l'histoire dès le second quart du VII*^ siècle ; dans son testament, datant de l'an 633, sous le règne du roi Dagobcrt, le diacre Grimon ou Adelgise de Verdun fait un legs spécial à l'église d'Amay {Amanium), où reposait sa tante {^).
Les découvertes archéologiques faites sur le territoire d'Amay permettent toutefois d'affirmer que ses origines sont des plus anciennes et que l'endroit, occupé peut-être déjà dès l'époque préhistorique, fut habité par les Belgo-romains, puis par les Francs.
(') Sainte Ode, qui était veuve de Bogge, duc d'Aquitaine, éleva d'abord, dit la légende, une chapelle dédiée à sainte Catherine, à mi-côte de l'endroit où retomba son bâton lancé du Thier d'Onibret. Cette chapelle fut dénommée, par la suite, chapelle Saint-Pompée, en souvenir du confesseur de sainte Ode ; tombant en vétusté, elie a été démolie il y a quelques années. Sainte Ode éleva, ensuite, au centre du village, une église consacrée à saint Georges, avec un chapitre, collégiale qui fut rebâtie au 12'^ siècle et remaniée aux iS*^ et iS^ siècles.
(*) Cf. A. DE Ryckei,, Les Communes de In province de Liège. Notices historiques, p. 19. — Amanium se retrouve eu i4i6 sous la forme Aimain ; en i55o, Amaye ; en 1616, Amai ; en i(i^'2, A mai, etc.
— 2
Lorsqu'en 1870, on procéda à la construction du pont d'Om- bret, on releva du fond du fleuve de nombreux et importants débris de l'ancien pont romain (i), qui reliait la chaussée Verte venant de Tongres à la route traversant Amay et Ombret {^) et se dirigeant vers Reims.
D'autre part, d'importants travaux de terrassements exécutés, il y a une dizaine d'années, dans la propriété de la famille Thirion. non loin du pont actuel, ont amené ]a découverte d'un nombre considérable d'antiquités belgo-i'omaines de tout genre qui dénotent à toute évidence l'existence en cet endroit d'une villa belgo-romaine (^).
Depuis, des trouvailles de menus objets isolés (fibules, perles, monnaies, etc.) ont été signalées à diverses reprises sur le terri- toire d' Ombret (4).
De l'époque franque datent certaines tombes découvertes
(1) Un énorme pilotis en bois de chêne provenant du pont romain d'Ombret est conservé au Musée archéologique liégeois (Maison Curtius) ; d'autre part, les Musées royaux du Cinquantenaire à Bruxelles ont acquis, il y a quelque temps, une forte traverse en chêne du pont, que des rive- rains avaient extraite du lit de la Meuse pendant le chômage de la navigation.
(2) Il y a deux ans, j'ai recueilli de nombreux tessons de poteries grossières, des morceaux de tuiles et de nombi'eux fers à cheval, au lieu dit c( Tour Malherbe » à Ombret.
(3) Sur ces trouvailles, voyez L. Renard, Antiquités belgo-romaines à Ombret dans Chronique archéologique du pays de Liège, i''® année (1906), pp. 69-72.
(*) M. L. Géorgien avait notamment réuni un certain nombre d'anti- quités belgo-roniaines d'Ombret qui sont, depuis, entrées au Musée de Liège. Signalons incidemment encore que nous avons recueilli à diverses reprises, à l'occasion de la construction de maisons aux environs de la station d'Amay et au cours des déblais occasionnés par l'installation du deuxième égoùt collecteur, à droite de la route du pont vers la Meuse, beaucoup d'ossements de chevaux et de nombreux fers de cheval et d'âne ; mais il semble bien qu'il ne s'agit pas là de trouvailles pouvant être rapportées à l'époque belgo-romaine.
— 3
en 1881 rue Vigncux (centre) (^) lors des déblais effectués pour la construction d'une maison, au lieu dit sous les vignes.
Hue VuStiacï^jc
B iqo^'
KL
ti<c>13
Chaussée de Lléôe
L
£t.htlU
Fig. I. — Amay. Lieu dit « Chapelle à Rémout ». Plan cadastral.
Des fers de lances et divers tessons de poteries franques furent également mis au jour dans la propriété Thirion près du pont d'Ombret, mêlés aux antiquités belgo-romaines dont nous avons parlé ci-dessus.
Enfin, une sépulture franque fut découverte et coupée longi- tudinalement en même temps qu'une tombe belgo-romaine, lors de la construction de l'égoût collecteur en 1909 (-) au milieu de la chaussée de Liège, au lieu dit « Chapelle à Rémont » (fig. I, B) (3).
(') Deux scramasaxes, provenant de cette découverte, dont un bien conservé, ont été donnés au Musée de Liège par le D'' Wibin, père.
(2) Divers objets recueillis à cette occasion ont été offerts au Musée de Liège par l'entrepreneur M. E. Baar-Borin (Bulletin de VInstitiit archéo- logique liégeois, t. XXXIX (1909), p. 56o).
(3) L'origine de la dénomination Chapelle à Rémont, remonte à la première moitié du XVIIP siècle ; un édifice, dédié k Jésus-Christ crucifié fut élevé en i^SS par Egide de Réniont, dont des ancêtres sont connus en i585 et 1627 comme habitant une propriété à cet endroit.
L'abbé Bossy, curé d'Amay, cite en 1753 dans « l'état de la paroisse d'Amay » une maison, vis-à-ois la Chapelle de Rémont.
* * *
On n'avait pas encore découvert sur le territoire d'Amay, de cimetière belgo-roniain proprement dit, lorsqu'il y a neuf ans, vers Test et à 500 mètres du centre du village, à 50 mètres en deçà du Crucifix de la Chapelle à Rémont, dans un jardin situé entre la rue Vigneux (^) et la chaussée de Liège, on mit au jour, en creusant une citerne (fig. I, A), un vase en terre fine, jaunâtre, à nombreuses petites bosselures et portant des traces de sa dorure primitive, ainsi qu'une patère grise à couverte noire. Mon attention ne fut attirée sur l'endroit de la découverte qu'un an après, quand le propriétaire m'offrit ces objets (2).
Je gardai donc la présomption que des fouilles ultérieures amèneraient de nouvelles trouvailles.
La mise au jour en 1909, d'une tombe franque en même temps que de débris de poteries belgo-romaines, à 40 mètres plus à l'ouest et plus bas, sur la chaussée, retint de nouveau mon attention (^).
En septembre 1912, l'Administration communale faisant opé- rer un raccordement d'égoût entre la rue Vigneux et l'égoût collecteur, les ouvriers que j'avais prévenus, ramenèrent d'abord à 0™80 de profondeur, en haut de la ruelle (fig. I, D), une rondelle en terre rouge, d'environ 0"i20 de diamètre, sem blable aux rondelles d'hypocauste; puis en creusant à 1"^90 au point C, ils exhumèrent un grand vase en terre blanche à deux anses, contenant encore une matière onctueuse, de teinte grise mélangée de tâches rougeâtres (huile et vin ?) ; successivement, ils découvrirent encore d'autres poteries intactes ou brisées (un second grand vase à deux anses, un
(') La rue Vigneux, qui longe les vignes, va du centre du village au crucifix de la chapelle à Kéniout, ])arallèlenient à la Chaussée de Liège, et est considéré comme un chemin l'omain.
(2) Ces poteries ont été offertes i)ar moi, il y a quelques années, au Musée archéologique liégeois.
(3) Cf. au sujet de ces trouvailles Bulletin de l'Institut archéologique liégeois^ t. XXXIX (lyog), pp. SSy-SGo.
— 5
vase à dépressions longitudinales, une tèle à déversoir, une paiclla, une cruche grise à bec, etc.) (').
Il s'agissait à toute évidence d'une tombe belgo-romaine.
Vu la rapidité avec laquelle les travaux devaient être exécutés, on ne put malheureusement continuer à creuser plus en largeur. MM. J. Servais etJ. Hamal-Nandrin, membres de la Commission des fouilles de l'Institut archéologique liégeois et respecti- vement conservateur et conservateur-adjoint du Musée ar- chéologique, purent néanmoins arriver sur les lieux avant le remblayage de l'excavation ; sous leurs yeux, on mit encore au jour plusieurs poteries et quelques débris de verre.
La découverte d'objets semblables en des endroits différents et sur un espace relativement restreint, prouvait évidemment qu'il existait en ce lieu un cimetière à incinération bclgo-romain.
T
F(UE ViGNEUX 'ion- -* - -lor^-
ai
t.
L.
w |
0 |
Terrain fouillé |
|
on 'V'" |
|
t |
tp |
.^ |
1 |
I ~
Flaison Ofi.bT>iel
Terrain
Or 1Q13
fjuilu'lU,' . .
1 . , tuiW
Tc^e/ff
Chaussée de Liège
Fig. 2. — Jardiu Gabriel.
Dans le courant du mois de mars 1913, le propriétaire du jardin avoisinant la citerne (fig. 2, E-F-G.), faisant creuser
(1) Ces divers objets sont depuis entrés dans les coliectious de l'Institut archéologique liégeois.
6
le sol à une assez forte profondeur pour amorcer l'établissement d'un puits abyssin, se mit à pratiquer sur mes conseils des fouilles dans son terrain ; nous pûmes, mon confrère le D^" H. Davin et moi, autant que nous le permettaient nos occupations, suivre ces travaux exécutés plus ou moins méthodiquement, et classer successivement les différents objets intacts ou brisés que recueillait l'ouvrier {^).
I^UE VrCNEUX
un
TçpraiTt Arnold fouillé en 1913
■115a -->
ïz:
TZE " m
o o
M
Partie, fouillée comnièterric
Te
rratn
OabrteL
Bi?o9 Chaussée de LiÉCB
'^^
£che.Lle. t==Œ=fc:
jpj
Fig. 3. — Terrain Arnold.
En août 1913, M. Edmond Arnold, propriétaire du terrain si- tué entre le jardin Gabriel et la ruelle communale (fig. 1, I-H.), consentit, grâce aux démarches de MM. J. Servais, J. Delheid
(}) Il est très regrettable que ces fouilles n'aient i)as pu être effectuées avec tous les soins voulus et surtout sous un contrôle rigoureux. Les objets dont elles provoquèrent la découverte et que nous comptions pouvoir faire entrer au Musée de Liège, ont malheureusement été dis- persés par leur propriétaire.
7 —
et L, Renard-Grenson, à permettre à l'Institut d'opérer des fouilles à l'endroit où devaient être creusées les caves de sa future habitation (fig. 3, H.) (^) ; le restant du terrain ne put malheureusement pas être déblayé jusqu'au niveau voulu, attendu que sur ce terrain ne devaient être édifiées que des cons- tructions légères et sans fondations profondes.
La partie du terrain qui put être explorée utilement était exiguë par rapport à la surface de la propriété qu'il eût été dési- rable de pouvoir fouiller complètement. Les fouilles furent pratiquées par le D^ H. Davin et moi ; nous nous chargeâmes à tour de rôle de guider et de surveiller l'ouvrier chargé d'ex- traire les terres.
Contrairement à nos prévisions, nous ne mîmes au jour dans ce terrain que cinq tombes ; l'une renfermait seulement une grande olla brisée, les quatre autres contenaient un nombre variable (deux à sept) de poteries accompagnées d'un objet en verre. Dans le coin supérieur droit du terrain (fig. 3, I), dans les tranchées faites pour les bâtiments d'annexé — soit à 1 m. au dessus du niveau romain de la partie H, et au même niveau donc que les objets trouvés primitivement en 1904 à l'endroit de la citerne A, — nous découvrîmes encore trois tombes.
Notre attention ayant été attirée, au fond de l'excavation pratiquée en H, à 4™.00 de la ruelle communale, par une colora- tion noirâtre du sol, nous fîmes creuser plus profondément le sol à cet endroit ; nous découvrîmes à 1 m. plus bas que la couche belgo-romaine, un assemblage ovalaire de grosses pierres plates, recouvrant un amas de charbon de bois, de terre calcinée rougie et durcie et de débris d'os calcinés, une dent de cheval, des débris de poterie noire, très grossière et une lame de silex.
On pourrait présumer que ce dépôt remonte à la fin de l'épo- que néolithique ; il prouverait dès lors que le sol d'Amay fut occupé par l'homme bien avant l'époque romaine.
(') Que M. Edmond Arnold veuille bien trouver ici la nouvelle expression de la vive reconnaissance de l'Institut archéologique liégeois, pour les obligeantes autorisations de fouiller qu'il lui a accordées.
4
* * *
Nos fouilles et nos observations nous permettent d'émettre sur le }3etit cimetière belgo-romain d'Amay les quelques consi- dérations suivantes :
Profondeur des tombes. En général, les tombes ont été ren- contrées à une profondeur de l'"60 à l^nSO, selon qu'on fouille du côté de la rue Vigneux ou dans le milieu du terrain. Dans la partie inférieure du terrain Arnold et surtout dans celle du jardin Gabriel, il fut nécessaire de descendre jusqu'à 2i"50, à cause des remblais opérés lors de la construction de la chaussée. Les objets ont été retirés d'une couche de terre noirâtre, de 0"i50 d'épaisseur mélangée de pierrailles, recouverte d'une épaisse couche de terre arable et de limon amené par les eaux dévalant d'une gorge voisine (Thier Philippart).
Les Belgo-romains les ont déposés à une faible profondeur (0™40 à 0ni50) en suivant la forte pente du terrain, allant de la montagne voisine vers la campagne et la Meuse, et de l'Est à rOuest ; on ne peut, en effet, supposer qu'on ait creusé le sol })rofondément pour y déposer quelque fois un ou deux objets composant seuls le dépôt funéraire.
Le nombre des tombes découvertes est de 23 : 13 dans le jardin Gabriel ; 8 dans le terrain Arnold ; 1 dans la ruelle communale ; 1 sur la chaussée, cette dernière retrouvée en même temps qu'une sépulture franque.
La distance séparant les tombes variait de li"25 à li"50 ; dans le jardin Gabriel, certaines tombes étaient rapprochées. De grands espaces sont parfois aussi restés libres (fig, 3, entre G et H).
Contenu et importance des tombes. Les tombes renfermaient un nombre variable de poteries, accompagnées quelque fois d'objets en verre et de quelques menus objets en bronze (cuil- ler, monnaies, bague,etc.) déposés librement, sans coffre funé- raire, dans le sol parsemé de charbon de bois ; dans certains cas, les tombes étaient délimitées ou recouvertes par des pierres, des morceaux de briques ou de tuiles ; une fois deux, une autre fois trois tuiles entières formaient une couverture
— 9 —
protectrice ou un encadrement (tombes n^s 2 et 5 du jardin Gabriel).
La plupart des objets qu'elles renfermaient, notamment les poteries en pâte fine et friable et de forme délicate, ont été retrouvés brisés et écrasés par le poids des terres ; d'autres se sont effrités, malgré toutes les jjrécautions |)rises, au moindre contact des mains ou des instruments.
Nous pouvons dire que la nécropole d'Amay ne renfermait pas. des tombes riches : aucun objet conséquent vu bronze, aucune urne en plomb, aucune verrerie remarquable, n'ont été trouvés. Ce cimetière était celui d'une population modeste et non celui de riches colons ou fonctionnaires romains. Le nom- bre des sépultures le prouve au surplus. Il a servi pendant longtemps de champ de repos.
Cependant l'importance et le nombre des poteries ou des verreries paraissent être en relation avec l'âge ou l'état social du personnage incinéré ; c'est ainsi qu'à côté de tombes compre- nant six, huit ou dix objets (tombe n^ 2 terrain Gabriel) dont quelques-uns assez remarquables (cruche à six anses), nous avons trouvé parfois une seule petite urne contenant les cen- dres d'un enfant ; une autre fois, une grande olla seule (tombe n° 6) ; d'autres fois, un ou deux vases réunis à une patère et à une cruche ; ou bien encore deux vases réunis ù une pe- tite ampoule en verre et à une pièce de monnaie.
Orientation et rites. — Nous pouvons dire également que les tombes n'étaient pas orientées, et que la disposition de leur mobilier n'était pas déterminée par ce rite constant si bien décrit par M. Firmin Hénaux après ses belles trouvailles du Condroz (^). A côté d'objets disposés longitudinalement du Sud au Nord (tombe n° 7), nous en avons trouvé d'autres grou- pés de l'Ouest à l'Est (terrain Arnold, n^ 4), parfois même placés plus ou moins perpendiculairement, ou se recouvrant les uns les autres.
* * *
(') Voir Annales du XXI'"^ Congrès de la Fédération archéologique et historique de Belgique, Liège 1909, t. II, pp. 765-770.
10 —
Inventaire des trouvailles
Une centaine d'objets ont été exhumés au cours des fouilles. A. Poteries. — On retrouve parmi les poteries les mêmes variétés que dans les tombes de la Hesbaye et du Condroz, à part quelques types de forme spéciale.
Les oUae, ou urnes cinéraires, de coloration grisâtre ou blan- che, et en terre assez grossière, ont été rencontrées en trois grandeurs : 0^33, 0m24 et 0'"16 (planche I, n» 4 ; planche II, n» 1).
Les vases renflés, à rebord aplati et à rainure, de couleur jau- nâtre et en terre assez unie, quelque fois surmontés d'un cou- vercle à bouton (voir planche I, n° 1, 2 et 3), ont également servi fréquemment d'urnes cinéraires.
Parmi les poteries, nous signalerons spécialement: un vase en terre fine jaunâtre, avec petites et nombreuses bosselures sur la panse, et traces de dorure (voir planche I, n^ 5) ; un vase en terre fine, grise (hauteur 0"U0; largeur O'^IG), ayant la panse décorée de nombreuses spires en creux (voir planche I,n0 7);
une coupe en terre rouge ver- nissée (hauteur 0^10; diamètre 0 '"175), décorée de sujets de chasse en relief; sous une bor- dure d'oves, sont représen- tés des lièvres ou des lapins
courant dans des demi-médaillons que séparent des personnages malheureusement rendus indistincts par l'usure du moule (voir figure ci-dessus) (^).
Echelle : 2/5 de la grandeur réelle.
(') Cette coupe intéressante ajjpartient aujourd'hui à M. Gustave Francotte de Liège, qui a bien voulu en autoriser la rei)roduction.
PLANCIIi: I.
câ
a
o
o
tu
PLANCHE IL
-2
■a
O
— 11 —
Parmi les cruches nous mentionnerons : a) une grande cruche blanche à fond plat, ansée, à bec, décorée d'une bande de couleur rouge sur le haut et le bas de la panse (hauteur 0'"32 ; largeur 0'»16) (voir planche II, n» 5) ;
h) deux grandes cruches (hauteur 0'"35 ; largeur 0"'28) en terre blanche, à deux anses, sans bec, et à large goulot (voir l)lanche II, n^ 2) ;
c) plusieurs cruches ansées à bec de diverses grandeurs, de couleur grise ou blanche (voir planche I, n^^ 17 et 18) ;
d) une série de petites cruches ansées, sans bec, en terre blanche, à panse arrondie et col allongé, renflé au milieu (voir ])lanche I, n° 19 et planche II, n" 3).
Une cruche (hauteur 0ni31 ; largeur 0"^20) à col allongé, pourvu de six anses, deux grandes alternant avec deux petites superposées de chaque côté; mérite de retenir l'attention. Cette cruche, de type rare, a le haut du col et la panse décorés de rainures et de dessins à roulette (voir planche II, n^ 4 (^).
Nous signalerons ensuite : trois vases à déversoir orné d'un mufle de lion, en terre rouge vernissée, de trois formats (dia- mètres : 0^18, 0i"13 et O'^IO (voir planche I, nos lo et 14);
diverses patelles en terre rouge vernissée à pied conique, de trois formats (diamètres : 0'»13, 0^10 et 0^08) (planche I, nos 11, 12 et 13);
une série de patères de types divers (voir planche 1, n^^ 15 et 16); certaines d'entre elles étaient recouvertes d'un couvercle ; d'autres avaient un manche rond et renflé vers le milieu ; l'une d'elles était munie d'un manche large et plat, à fortes rai- nures longitudinales, séparant quatre cannelures ;
plusieurs petits vases en terre grise fine à reflets métalliques, dont un à panse ornée, de six dépressions ovalaires perpendicu- laires (hauteur 0"^13 ; largeur 0"il2) ; un à couverte noirâtre lustrée à quatre dépressions (voir planche I, n^ 9) ; un à panse
(') Je n'ai vu aucune cruche de ce genre ni aux Musées royaux du Cinquantenaire à Bruxelles, ni au Musée archéologique de Namur, ni même au British Muséum à Londres.
— 12 —
arrondie et à six dépressions rondes (voir planche I , n° 6) ; plusieurs de forme élancée ou à panse ronde, sans dépressions (trois formats, planche I, n° 8).
B. Verreries. — Les verreries étaient rares, surtout dans le terrain Gabriel où nous n'avons rencontré que des débris ; nous avons recueilli :
Un flacon en verre bleuté, à base hexagonale, muni d'une forte anse plate et pourvu dun large goulot (hauteur 0'"20 ; largeur 0"il2) (voir planche I, n° 20) ;
une ampoule (balsamaire) sphéroïdale en verre bleuté, à gou- lot muni d'un large rebord aplati et povirvu de deux petites anses delphiniformes ;
une cupule en verre bleuté, à bords aplatis (pot à onguent ou un encrier ?) ;
diverses perles de formes et teintes variées.
Ç. Objets divers. Parmi les objets divers, il convient de men- tionner un certain nombre de tuiles entières ; de nombreux débris d'autres jonchaient tout le terrain, comme nous l'avons dit.
Une fois deux tuiles, une autre fois trois tuiles formaient les parois d'une tombe ou servaient à la recouvrir.
Les fouilles ont d'autre part produit ;
un fragment de plaque bisautée en granit poli (longueur 0"i09 ; largeur 0"^08) (plaque destinée à broyer les onguents) ;
quatre monnaies en bronze dont deux absolument frustes. Une seule a pu être déterminée avec certitude ; il s'agit d'un moyen bronze de Marc-Aurèle (probablement le n" 348 de Cohen, 2^6 édition) (i).
une bague, en bronze, brisée, dont le chaton, formé d'une
(') Cette pièce peut être restituée comme suit :
Droit : M. AXTONINVS AVG. TR. P. XXIX. Tète laurée à droite de Marc-Aurèle.
Revers : IMP. VII. COS. III. S. C. Le Tibre couché à gauche, accoudé à une urne d'où sortent des flots, posant la main droite sur une barque et tenant un roseau (M. B. frappé en 175 de J. C).
— 13 —
intaille en pâte vitreuse bleu foncé, porte la représentation très grossière d'un personnage assis (?);
des traces d'or sur une motte de terre ;
des ossements de petits animaux non incinérés, déposés dans des patères, en guise d'offrande prolîablement ;
enfin, deux fragments de lame en silex apportés sans doute par les eaux de la montagne voisine.
Signalons enfin que quatre fois nous avons retrouvé dans les vases, un caillou rond ou ovale, en silex (0™04. à 0'"05) ou allongé en grès carbonifère (0™17).
* * *
La découverte dans la partie E. F. du jardin Gabriel (fig. 2),. de nombreux débris de poteries, de tuiles, de rondelles d'hypocauste et d'une couche assez étendue de bois brûlé et de pierres calci.- nées peut faire admettre que c'est à cet emplacement qu'on pratiquait l'incinération des cadavres.
Quant à l'étendue de la nécropole, il serait assez difficile de la préciser ; il est bien probable cependant que les endroits désignés au plan n" 1 par les lettres J. K. L. ont aussi fait partie du cimetière (i).
Reste à déterminer l'âge probable de ce dernier,
La nature grossière d'une bonne partie des poteries, la forme (cruches avec goulot à phalanges) et la décoration typique (dépressions longitudinales) de certaines autres, enfin les carac- tères communs que ces sépultures présentent avec celles de plusieurs petites nécropoles de la Hesbaye et du Luxem- bourg (Noville, Vesqueville, etc.) permettent, semble-t-il, de faire remonter aux premières années du III^ siècle au moins le modeste cimetière belgo-romain d'Amay.
(') La mise au jour d'une tombe franque à quelques mètres plus à l'ouest (fig. I, B) pourrait porter à croire qu'à l'époque franque, on con- tinua à inhumer à cet endroit, bien que dans nos fouilles nous n'ayons plus rien rencontré rappelant cette époque.
— 14 —
ïfC vl> ^
Je me fais un plaisir de remercier ici le D^ Herman Davin, mon confrère d'Amay, que j'avais pressenti de la découverte possible d'objets belgo-romains à la Chapelle à Rémont et qui a bien voulu s'occuper avec moi de l'organisation et de la surveil- lance des fouilles.
Amay, 22 novembre 1913. D^ B. Wibin.
LE COUVENT DES DOMINICAINS DE LIÈGE
Notes archéologiques et architectoniques
L'ordre des Dominicains fut fondé par saint Dominique vers 1215. Ces religieux eurent pour mission spéciale la prédication et le pape Innocent III, qui approuva l'ordre, leur donna le nom de Frères Prêcheurs. Ils s'attachèrent surtout à la répression de l'hé- résie albigeoise ; celle-ci fut la cause de leur existence, elle leur valut l'entrée dans la célébrité.
L'estime profonde que les souverains pontifes avaient eue dès le principe pour les Dominicains et qu'ils ne cessèrent de leur témoigner, leur ouvrit largement les portes de la chrétienté. On s'inclina devant la science profonde, l'étendue du savoir, la sûreté de doctrine des Frères Prêcheurs.
Leur renommée arriva bientôt dans la capitale de la princi- pauté de Liège. Dès 1232, l'évêque Jean d'Eppes les fit rece- voir partout pour exercer les fonctions ecclésiastiques.
Leur première église chez nous, dédiée à sainte Catherine, fut consacrée le 13 août 1242 par l'évêque Robert de Torote, successeur de Jean d'Eppes, Gui,évêque de Cambrai, et Bonii'ace, évêque de Lausanne. Trois liégeois aidèrent les Dominicains dans l'élévation de leur couvent : Erasme Boulanger et les chevaliers Jean et Pirard ou Pierre de Neuvice (i).
Q) Pour l'installation des Prêcheurs à Liège, voyez notamment : Th. GoBERT, Les rues de Liège, tome I, article : rue des Dominicains, pp. 4i3-4i8 et J. Helbig, Les Reliques et reliquaires donnés par saint Louis, roi de France, au couvent des Dominicains de Liège, page 20.
D'autre part, M. Yernaux, attaché aux Archives de l'Etat à Liège et qui a terminé l'analyse de toutes les chartes des Dominicains, prépare en ce moment une monographie complète du couvent.
16
Des installations du XII I'^ siècle, chez les Prêcheurs, il ne nous reste rien. On en connaît seulement l'emplacement ; c'était le même, ou peut s'en faut, que celui que le couvent conserva jusqu'à sa destruction. Il était borné au nord par ce qui est aujourd'hui la rue Hamal, à l'est par un petit bras de Meuse, au sud par le côté droit de la rue du Pont d'Ile et à l'ouest par la rue des Dominicains.
Fig. 1
Réunissant en un faisceau les données très concordantes que nous ont fournies les multiples paronamas qu'à tous moments on a fait de notre ville depuis la seconde moitié du XVI^ siècle, nous présentons (fig. 1) l'aspect du couvent vers 1650, c'est à dire quelques années avant la démolition de l'église du XIII® siècle. On peut voir que cette église A, orientée, avait trois nefs ; la toiture est surmontée vers l'abside d'une fine flèche avec lanterne octogonale, les fenêtres des bas-côtés sont toutes sur- montées de gables. L'absence de transept est à remarquer. Fai-
— 17 —
sant angle des rue du l*out d'Ile E et des Dominicains F, appa- raît une sorte de grand portail B relié à l'église ])ar un coidoir longeant la rue des Dominicains, Il n'y a pas trace de porte dans la façade occidentale de l'église. Cette façon de pénétrer dans l'église par une face latérale, est un des caractères de nos églises liégeoises romanes et gothiques. Le cloître se trouve en C, au nord de l'église. A la suite du cloître, s'étendent en D les dépen- dances aboutissant à une sorte de tour de défense à toiture conique. Vers l'est, en G, on voit le petit bras de Meuse longeant le couvent; vers le sud, en E, la rue du Pont d'Ile où l'on remarque en H la brasserie que nous décrirons plus loin (i), et, en I,les trois dernières arches du pont, les seules existant encore en 1650 ; vers l'ouest en F, la rue des Dominicains. C'est là tout ce que l'on possède sur ce couvent au XIII*^ siècle ; les documents vérita- bles font totalement défaut (2). Et de cette vue, il faudrait encore pouvoir retenir les constructions qui auraient pu être élevées depuis la seconde moitié du XIII^ siècle jusqu'en 1650.
L'importance de l'ordre des Dominicains alla toujours en s'accentuant et il eut le bonheur de se trouver parmi les préférés du roi de France, saint Louis.
On ignore encore aujourd'hui les raisons véritables pour les- quelles ce dernier porta une affection toute spéciale au couvent de Liège, affection qu'il manifesta somptueusement en le dotant de reliques précieuses que nous allons décrire. Ce don dépasse en valeur tous les dons analogues que saint Louis envoya à de multiples communautés religieuses.
Ce roi, comme on sait, ramena, à Paris, le 19 août 1239, la couronne d'épines du Christ qui, après une lamentable épreuve.
(^) Nous avons fait figurer dans cette vue, la brasserie, bien qu'aucun plan consulté ne la montre ; mais il est certain, vu les détails de sa construction, qu'en i65o elle était bâtie et cela depuis plus d'un siècle.
(2) Les constructions neuves qui occupent aujourd'hui l'emplacement de la brasserie et de la cour, n'ayant nécessité aucune fondation impor- tante, aucune fouille n'a été pratiquée et rien n'a pu faire venir au jour des restes qui certainement doivent encore être là.
— 18 —
allait devenir la propriété d'un négociant vénitien, Nicolas Quérini. Saint Louis la racheta et la déposa d'abord à Notre- Dame de Paris, puis à la chapelle Saint-Nicolas du Palais, puis, à la démolition de cette dernière pour édifier la Sainte-Chapelle, à Saint-Denis, le 3 octobre 1239 (i).
Tro:s ans après l'arrivée de la sainte couronne à Paris, Pierre de Montereau commença, sur l'ordre du saint roi, la Sainte- Chapelle du Palais de Paris, splendide édifice, élevé avec une rapidité incroyable, achevé en 1247. C'était là l'écrin que le roi voulait pour une semblable relique. La sainte couronne y fut placée le 25 mars 1248; la dédicace de la chapelle eut lieu le 26 avril suivant. Immédiatement après l'installation à la Sain- te-Chapelle de la couronne d'épines, saint Louis commença à en distribuer les épines aux églises et aux communautés religieuses qu'il affectionnait tout particulièrement. Chaque envoi ou presque chaque envoi était accompagné d'une lettre. L'original de la lettre qu'il écrivit aux Dominicains de Liège est aujour- d'hui, selon toute apparence, perdu, mais on en connaît cependant la teneur {^) :
« S. Ludovicus mittit Leodium S. Spinam. »
(( Ludovicus Dei gratia Francorwn Rea\ Dilectis sibi in Christo
» Priori et Conventui Fratrum Fraedicatorum Leodiensium salutem
» et dilectionem. Ex sincère charitotis affectu, quem erga vos gerimus
» et ordinem vestrum, exigentibus ejus meritis tam praeclaris, domum
» et Ecclesiam vestram Leodiensem, pretioso volentes munusculo decorare ;
» vobisper lotorem praesentium unmn de spinis sacrosmictae coronae
» Jesu Cliristi trans)iiitti)nus cum praesentium testimonio litterarum,
» charitatem vestram rogantes in Domino, quatenus eandem spinam
» recipiatis honorifice, sicut decet, ob ipsius Salvatoris reverentiam :
» et ipsam débita honore conservare studeatis ; et in vestris orationibus
» nostri memoriam habeatis facientes pro nobis, et Regina, et liberis,
» a devotis personis quea in vestris partibus abundare dicuntur.
(') Voyez à ce sujet, Renne de l'art chrétien, 1899 : Les reliques de Cons- tanlino/)le : la sainte couronne d'épines, par F. DE MÉi,Y, pp. 92 et suiv. et J. HEl.BKi, op cit., pp. 9 et suiv.
(2) Voyez B. FiSEX, Ilistoriarum Ecclesiœ Leodiensis, parte secunda, libre I, 11° XLiii, p. 17.
— 19 —
» Regem Regum et Doininuiii eaorari. Actum Silvanecti. in festo nati- » vitatis B. Mariae Virginis, aniio Doinini millesimo ducentesimo » sexagimo septo. »
Dans sa lettre, saint liOuis ne parle que de l'épine de la sainte eouronne. Cependant, des relations précises existent, prouvant qu'à cette relique se trouvaient jointes d'autres reli- ques aussi précieuses.
Les P.P. Martène et Durand, qui visitèrent le couvent des Dominicains en 1723, écrivent : « On y conserve une croix très belle, dans laquelle il y a du bois de la Vraie Croix, une Epine de la Couronne de Notre Seigneur, donnée par saint Louis, comme il paraît par ses lettres qu'on nous fit voir, un calice d'un très beau travail, dans le pied duquel il. y a du bois de la Croix de notre Seigneur, donné aussi par saint Louis, un ornement du manteau de ce Saint Roy, qui sert le jour de sa feste, le jour de Noël à la messe de minuit, et le jour de l'Epiphanie « (').
Avant eux, le chanoine Van den Berch {^), qui vit les Domi- nicains en 1633, rapporte que saint Louis envoya aux Frères Prêcheiu's « divers présents entre lesquels y avait une de ses couronnes, ung calice de platine d'or, qui se voient présentement aux frères prêcheurs et spécialement une des espines de la Cou- ronne du Saulveur du monde, ainsi que le tesmoigne la lettre suivante que j'ai copiée hors de celle des dits prêcheurs estant escript sur parchemin ».
Une partie des reliquaires autrefois conservés en l'église Sainte-Catherine des Frères Prêcheurs de Liège et parmi ceux-ci différentes pièces de l'envoi du roi de France, existe encore (^).
Voici, fig. 2, le reliquaire de la sainte croix ; il a une hauteur totale de 1"^32 et la largeur des grands bras de la croix est de 0"^46. Comme nous espérons que notre dessin le fera voir, il s'agit d'une admirable pièce d'orfèvrerie d'une hauteur extraordinaire.
(1) Voyage littéraire de deux Bénédictins, t. II, p. 182. (^) Voyez J. Helbig, op. cit., p. 16.
(^) Ces reliquaires sont aujourd'hui à Dresde où ils ont été retrouvés en 1875, comme il sei*a dit plus loin.
Fig. 2.
en argent doré. Elle se compose de deux parties {^) : la croix et le support ou pied. A la face antérieure (fig. 2), les six extré mités de la croix dou- ble, sont toutes com- posées d'une grande flc\ir de lis sortant d'ime petite rosace à quatre lobes conte- nant elle-même un carré à côtés curvili- gnes. Chaque carré contient une petite rose finement modelée en platine d'or décou- pée ; le fond est d'ar- gent niellé.
Au centre delà croix se trouve la relique, important fragment de la vraie Croix, qu'abrite une feuille de cristal de roche. Au second croisillon, on voit une sorte de petit médaillon conte- nant différents mor- ceaux de tissus an- ciens, attachés sur une
(') Cette description des reliquaires est faite à l'aide de celle de M. J. Helbig.
— 22 —
feuille de parchemin portant des caractères indéchiffrables, le tout protégé par une feuille ronde de cristal de roche. Toute cette face de la croix est abondamment ornée de pierres précieu- ses et de perles.
Le revers est orné, en lieu et place de ces perles, de trente roses en argent doré semblables à celles dont il a déjà été question. A la hauteur de la relique se trouve un petit quatre- feuille portant VAgnus Dei sur fond décoré de feuilles de vigne. A la hauteur des tissus et du parchemin, un second quatre-feuille contenant une petite figure du Christ assis, sur fond de feuilles de vigne. La fig. 3 donne, en grandeur naturelle, un détail du revers de la croix, à hauteur de cette figure du Christ. A droite et à gauche de cette dernière, c'est à dire aux extrémités des petits bras, on voit deux figures assises, dans des quatre- feuilles,en des attitudes bizarres, toutes deux devant un pupitre, l'une se retournant (fig. 3), l'autre taillant sa plume : deux évangélistes, sans doute, se détachant sur fond de feuilles de chêne. Les quatre autres extrémités de la croix sont occu- pées par les symboles évangélistiques dans l'ordre suivant :
Aigle
Lion Bœuf
Ange
Les fonds de ces quatre derniers sujets sont ornés de feuilles de chêne.
Toutes ces figures sont dorées, sur fond niellé noir, la décora- tion de ce fond en blanc.
Les fleurs de lis occupant les six extrémités de la croix sont ornées dans leurs lobes inférieurs — les lobes médians étant vides aujourd'hui — de très délicates branchettes (fig. 3), admirablement travaillées. Cette décoration si particulière fait de ces fleurs de lis de charmants morceaux.
Le pied du reliquaire n'est qu'un motif d'architecture, très fin, très délicat, indiquant clairement l'époque à laquelle remonte cette pièce. La ])artie supérieure de ce pied se compose d'un édifice carré, sorte de tour, soutenu aux angles par deux contre- forts à multiples glacis. Chaque face de cette tour est ornée
23
d'une longue fenêtre à lancette aiguë, divisée en deux parties par une fine colonnette surmontée d'un fenestrage. Celui-ci se com- pose de deux petites ogives redentées et d'une roseà quatre lobes, le tout aveugle, se détachant sur un fond orné d'une sorte de gau- frurc, le fenestrage ne descendant pas plus bas que le niveau des naissances du grand arc. Cette fenêtre est surmontée d'un oâble à crochets et fleuronné. Les contreforts d'angle se prolongent au- dessus du niveau des fleurons et portent des pinacles sans cro- chets. Un second étage existe à cette tour, en retrait sur l'étage déjà décrit. Il est orné sur chacune de ces faces d'une fenêtre plus simple à arc aigu, redenté, aveugle et ornée encore de cette gau- frure ou gravure en creux; aux angles, des contreforts, reposant sur des colonnettes, en porte-à-faux. Des ares boutants soutien- nent ces angles et reposent sur les contreforts du premier étage prolongés. Au faîte, une balustrade à quatre feuilles. Les profils et l'ornementation de toute cette partie du reliquaire sont de la plus grande finesse. Les proportions de l'ensemble font penser à la plus belle époque de l'art gothique. Et le souci d'exactitude, de vérité de ce petit monument révèle bien aussi un artiste consommé.
Cette tourelle à deux étages repose sur un plateau octogonal, à peu près horizontal, et divisé en huit portions, comme on peut le voir sur noti-e dessin. Les quatres parties vis-à-vis des faces de la tour, sont décorées : au centre d'un cercle, mouluré, orné de rosettes sur le pourtour, contenant une tête de lion avec un quatre-feuille. Ce cercle est entouré lui-même d'un quatre-feuille contenu à son tour dans un second cercle enserrant le tout et laissant quatre triangles qui sont ornés d'animaux fantastiques niellés. Le reste de cette portion supérieure du plateau, de même que les quatre autres parts triangidaires vis-à-vis des contre- forts de la tourelle, est couvert d'une végétation délicate de feuilles de chêne, dont de nombreux fragments sont aujour- d'hui perdus. Ce plateau octogonal repose sur une riche arcature à colonnes et à arcs redentés dont les huit angles, renforcés par un petit contrefort, reposent : quatre sur des lions, quatre sur de petits animaux à tête humaine encapuchonnée.
Cette description, si som- maire soit-elle, pourra sans doute faire voir le soin avec lequel a été traitée la moin- dre des parties de ce reli- quaire, le souci de précision, la finesse d'exécution, de compréhension exacte dont l'orfèvre qui l'exécuta fit preuve.
La figure 4 donne le reli- quaire de la sainte épine, seule relique dont saint Louis ait parlé ; il a une hauteur de l"i05.
Il est indispensable de remarquer les proportions grandioses et surtout peu ordinaires de ces deux piè- ces. Comme le premier dé- crit, ce reliquaire se com- pose encore de deux par- ties : la croix contenant la relique et le pied. Cette fois, la croix est simple. Au centre on remarque un disque, au milieu duquel est posée la sainte épine sous une feuille de cristal de roche en forme d'amande. Quatre médail- lons de même forme, por- tant gravés et dorés, se dé- tachant sur un fond d'émail ))leu translucide, les sym- boles des Evangélistes, la réunissent au cercle du disque. Les deux triangles
Fig. 4.
25
restants sont ajourés en forme de trèfles. Cette première par- tie du reliquaire est, à ses deux axes vertical et horizontal, terminée par de grandes fleurs rappelant celles du lis, ornées de pierreries : une perle fine et trois perles se détachant sur fond d'émail bleu translucide. Entre ces quatre grandes fleurs, exis- tent quatre plus petites ornées chacune de quatre perles fines. Les deux bras de la croix et la tige supérieure por- tent trois petites roses à dessin architectural, très finement dessinées, dont le centre est une perle fine et qui sont surmontées de sortes de trèfles à forme bizarre portant chacun cinq pierres, rubis ou saphirs. L'extrémité inférieure de la croix repose sur un croissant d'un travail étrange, décoré d'émaux cloisonnés verts, dont les losanges sont relevés de points blancs et roses et dont les extrémités sont rehaussées de fines touches de vert et de rouge. Trophée, oriental peut-être, attaché au reliquaire ? Sous ce croissant, une grosse pierre noirâtre posée sur une boule de cristal relie la croix à la partie supérieure du pied.
Au revers de cette croix, on retrouve le disque reliquaire orné ici d'une bordure à dessin architectural précisant encore davantage le style de la pièce. Au revers de la rose ornant la tige supérieure, se voit une tête de Christ nimbée de rouge, gravée ; elle se détache sur fond d'émail translucide et estposée au centre dedeux triangles se pénétrant et dont les petits triangles obtenus par cet enla- cement sont ornés d'émaux de couleurs variées*. Le reste de la croix : roses, bras, trèfles terminaux, est recouvert d'émaux curieux, vert, jaune et bleu, représentant des paysages : arbres, chiens poursuivant des cerfs ou des lièvres.
La seconde partie, le pied, de ce reliquaire se compose d'une petite logette à six faces, surmontée d'un toit pyramidal très aigu, sur lequel vient s'attacher la croix. Chaque face de cette loge est percée d'une fenêtre à double lumière. Chaque angle est renforcé par un contrefort surmonté d'un pinacle ; chaque fenê- tre est surmontée d'un gable avec crochets et fleurons. La toiture possède, sur ses arêtes, des séries de pierres à sertissures très saillantes, en manière de crochets, quelque pierres de plus grandes dimensions et des découpages sur les versants.
— 26 —
Cette loge repose sur un chapiteau à feuillage très riche dont l'abaque prend de grandes proportions, chapiteau terminant une colonnette de section hexagonale. Chaque face de cette colon- nette est ornée d'une rinceau de feuilles de vigne ; elle est divi- sée en deux parties par une bague fortement moulurée, et sa base s'appuie sur un plateau hexagonal orné de plusieurs camées et pierres précieuses et portant cinq lentilles circulaires en cristal de roche, recouvrant des reliques que des inscriptions font con- naître :
1) |
DE . |
CONFESSORJBVS |
2) |
DE . |
APOSTOLIS |
3) |
lOH , |
. BAPT. MAR. MAGD. |
4) |
DE . |
MARTIRIBVS |
5) |
DE . |
VIRGINIBVS. |
Ce plateau repose lui-même sur six petits lions passant.
Il paraît cependant, à toute première vue, que ce reliquaire est une œuvre remaniée, que c'est là un ensemble de pièces qui jadis ont été séparées et que l'on a rassemblées, ou tout au moins de plusieurs morceaux, œuvres peut-être d'artistes différents et exécutés sans projet total bien défini. Des défauts de pro- portion, et spécialement l'attache de la croix sur la toiture de l'édicule, défauts que l'on ne rencontre nulle part dans le premier reliquaire décrit, le feraient supposer.
Il est au moins douteux que ce soit là le reliquaire de saint Louis. Peut-être, comme le dit M. Helbig, le centre seul de la croix, le disque avec la relique a-t-il été isolé jadis. Cela paraît absolument vraisemblable, comme il est facile de s'en rendre compte par l'examen de notre figure. Dans la suite, les Frères Prêcheurs ont très bien pu enrichir, agrandir leur reliquaire, le ficher finalement sur un pied, tout en conservant jalousement la portion venant du royal donateur.
A hauteur de l'édicule, de la logette du pied, se trouvait encore attachée, lors de la découverte de ces reliquaires, par deux solides fiches d'argent, la couronne que, comme nous l'a- vons dit déjà, saint Louis envoya aux Frères Prêcheurs de Liège.
27 —
Nous donnons, fig. 5, cette couronne. Elle est en argent doré et mesure 205 millimètres de diamètre. Elle se compose de huit jDlaques articulées de 38 mm. de haut sans compter la fleur de lis, sur 60 mm. de large, rattachées l'une à l'autre par huit charnières dissimulées derrière de plus petites plaques de 15 mm. de largeur })ortant chacune une figurine d'ange de 72 mm. de hauteur jusqu'à la pointe des ailes. Chaque grande plaque contient une relique qu'un des anges désigne de la main. Chacun de ces anges tient im livre ou rme banderole portant le nom de la relique. La plaque centrale, de front, renfernne une petite croix à double traverse en bois; l'ange de gauche tient un phylactère avec l'inscription :
1) DE . LIGNO . V .
Les anges qui suivent portent successivement : 2) une banderole :
coRONA et quelques caractères illisibles
3) un livre
lOH . |
BAPT |
MAR |
• |
MAG |
• |
— 28
4) une banderole :
5) un livre
DE , MARTIRIB
DE . VIRG INIB
6) un livre :
7) une banderole
8) un livre
DE . APOSTOLIS
DE . |
L |
A C |
E |
A. |
Chaque plaque est ornée de perles et pierres précieuses : onyx, rubis, turquoises, saphirs, etc. La plaque de devant contenait, paraît-il, un camée antique (^). L'articulation de ces plaques rendant plus complète l'adhérence à la tête de celui qui portait cette couronne, permet de croire que cette pièce d'orfèvrerie a été portée ou faite pour être portée et qu'elle n'a jamais été exécutée spécialement pour le reliquaire auquel elle était attachée.
Nous avons dit plus haut que l'envoi de saint Louis compor- tait un calice et un ornement d'étoffe. Ces pièces ont malheureu- sement disparu.
La lettre du roi de France qui est reproduite ci-dessus ne parle, comme on a pu le voir, que d'une seule relique, la sainte
(') Elle est reproduite avec ce camée à la pi. XXVI du 2<' volume des Monuments de la monarchie française par le P. de Moiitfaucon, 1780.
29
épine et craiicun reliquaire. Selon la tradition et les relations d'anciens auteurs dignes de foi, cités plus haut, il faudrait admettre que l'envoi de saint Louis comporta bien les riches et nombreux dons dont ils parlent. Mais — sauf la covn-onne dont la forme et la confection rappellent absolument les couronnes royales françaises de l'époque (^), — en est-il de même des récipients, des reliquaires ? En un mot, faut-il voir dans les deux pièces d'orfèvrerie cpii viennent d'être décrites, des œuvres françaises ?
M. J. Helbig, à l'époque où il écrivit l'ouvrage déjà cité « Les reliques et reliquaires donnés par saint Louis, roi de France, au,x Dominicains de Liège. » paraissait assez de cet avis, bien qu'il avouât ne rien pouvoir assurer et surtout — chose importante — ne pas connaître chez nous d'œuvres pouvant être considérées comme analogues et partant comparables à celles-là.
Mais, quelques années après, vers 1889, au chapitre III de son Histoire de la sculpture et des arts plastiques au Pays de Liège, il déclara que, après un examen des reliquaires, fait de visu, à Dresde, à la suite de nombreuses protestations d'archéo- logues français tendant à prouver que le style et le caractère de ces monuments n'étaient pas français et ce avec exemples à l'appui, il déclara qu'il y a lieu de faire honneur de ces reli- quaires aux orfèvres des bords de la Meuse.
Nous avons, ci-dessus, attiré spécialement l'attention sur la partie centrale de la croix du reliquaire- de la sainte épine et nous avons dit que cette portion devait certainement avoir été isolée jadis. N'est-ce pas là seulement le reliquaire de saint Louis ? On peut voir d'aillevn-s qu'il est totalement diffé- rent comme travail du reste de la pièce. Dans la suite, les Frères Prêcheurs l'auraient fait poser sur un pied très orné, en agran- dissant en même temps les bras de la croix, travail qui aurait donc été exécuté chez nous.
Or, le pied de ce reliquaire a des ressemblances frappantes, évidentes avec celui du reliquaire de la sainte croix : mêmes
(') Vl()l,LET-i,E-Duc, Dictionnaire du mobilier français, t. III, pp. 3i4 et 3i5.
30
pinacles avec fleurons, sans crochets, mêmes gables, mêmes cro- chets -à enroulements très simples.
Et ce reliquaire de la sainte Croix paraît bien une œuvre sortie tout entière et sans reprise de la même main. Sa pureté de formes et de conception surtout ne laisse apercevoir aucune faiblesse, aucune dissemblance imputable soit à des transfor- mations, soit à des ajoutes. Ceci tendrait à rendre parfaitement admissible que ces reliquaires auraient été faits chez nous. Et quoi d'étonnant d'ailleurs ?
Nos artistes d'alors n'étaient-ils pas des descendants immé- diats, les élèves de ceux qui venaient de créer ces admirables chefs-d'œuvres que sont les châsses de Saint-Remacle à Stave- lot, de sainte Ode à Amay, de Notre-Dame à Huy, travaux consi- dérables marquant nettement l'état de perfection auquel arriva dans nos contrées, au XIII^ siècle, l'art de l'orfèvrerie. Lumi- neuses épaves, dont les auteurs sont sans doute à jamais inconnus !
Un trait bien défini, entre cent, rapproche ces châsses, des reliquaires des Dominicains : c'est l'emploi identique dans tous d'une architecture abondante, savamment étudiée, complète, impeccable et d'une finesse extraordinaire, les rendant en tout pareils à de véritables petits édifices. Les différences remarquées entre l'architecture des châsses et celle des reliquaires, la lou- deur de l'une, à côté de la sveltesse de l'autre, ne peuvent avoir pour cause que l'évolution même de l'art de l'architecture, se mi- rant dans l'orfèvrerie, pendant les quelques années qui ont sé- paré les époques de leur confection.
* * *
Ce fut donc dans cette modeste église que donne notre fig. 1, qu'arriva le précieux cadeau du roi de France, et que l'on mon- tra, pour la première fois, ces prestigieux reliquaires aux Lié- geois du XIIP siècle.
Bientôt l'importance du couvent des Dominicains s'accrut considérablement ; son rôle dans la cité de Liège s'élargit, s'amplifia, se précisa de plus en plus; une école s'y ouvrit.
— 31 —
Nous en trouvons relation en 1432: k Fait en lieu condist l'es- cholle (lelle éf^lise des Prêcheurs (^) ».
Les nobles Liégeois, les chevaliers, l'aristocratie en (quelque sorte, tinrent comme insignes honneurs d'y être reçus en novices ou de s'y faire enterrer. La petite église contint bientôt les dalles funéraires des plus im]iortants citoyens de Liège. Une longue liste de ces noms nous a été conservée heureusement par Langius (2) qui la releva au XVI *^ siècle, à une époque donc où de nombreuses dalles devaient très probablement déjà avoir disparu et, comme il le dit lui-même, où l'on avait déjà « malencontreusement enlevé à de nombreuses de ces dalles, les lames de cuivre qui, tout en en faisant l'ornement, rappelaient la mémoire des défunts «.
De cette foule de précieux et très rares documents pour notre histoire locale, pour l'étude du costume, des inscriptions, il ne reste que quelques menus morceaux. Signalons d'abord quelques fragments d'une dalle qui nous ont conservé le début d'une inscription en lettres gothiques, mais à date incomplète :
CHY . GIST . COLAS . DE . CERSES . LI . MERCHIER . CLXXIII
j)uis une seconde intéressante, en morceaux aussi, et que nous donnons fig. 6 (^). Cette dalle qui porte en belles majuscules gothiques :
... OBIIT . DNS . LAMBERTVS . DEFOSSA . CIVIS . ET . SC {ahlnus)
(leodiensis).... (*)
n'est pas renseignée dans le relevé du chanoine Langius ; mais M. le baron C. de Borman, dans « Les Echevins de la Souveraine Justice de Liège », révèle l'existence de Lambert délie Fosse, échevin en 1282, mort en 1283.
(') Voyez Th. Gobert, Aes rues de Liège, s. v. « rue des Dominicains », p. 4i4< 6" note citant conv. et tostain. reg. 224 aux Archives de l'Etat.
(") Langius reproduit par Delvaux ; man. u» 1017, j). 894, à l'Université de Liège. — Th. Gobert op. cil. p. 4i4 ^t suiv.
(^) Chronique archéologique du pays de Liège, année 1907. p. 22.
(*) Ces deux dalles, propriété de l'Institut archéologique liégeois, sont aujourd'hui déposées dans la seconde cour du Palais provincial.
— 32
f^^fflTSFi
Fig. 6
C'est bien l'époque à laquelle appartient cette dalle, qui est celle de l'un de nos premiers échevins. Il est regrettable que la partie haute de cette pièce ait disparu; elle constituerait un curieux document pour l'histoire du costume de ces magistrats. Langius décrivant les dalles d'Henri de Neuvice, mort en 1272 et de Henri Pollard, mort en 1299, échevins, dit : « Ils sont tous deux accoustrés d'ornemens selon la coutume des anciens eschevins, d'un manteau long au pied doublé d'hermine, un chaperon comme les chanoines portent pleins d'hermine... ». Cette dernière dalle est large de l'"32. Lambert délie Fosse y était représenté, sans doute dans le costume ci-dessus décrit et dont on n'aperçoit plus qu'une infime partie de la base, les pieds reposant sur un chien, entre deux sortes de contreforts portant un appareil bien régulier et contrebutant deux colonnettes dont les bases subsistent.
Lambert délie Fosse, dans son testament, demanda a être enterré en l'église des Frères Prêcheurs, dans une chapelle à y bâtir en l'honneur de Notre-Dame, de saint Lambert et de saint Jean (^).
(') Voyez Chronique archéologique, 1907, j). 23. Ces dalles furent trou- vées : la première, le G juillet 1877, rue du Poiit-d'Ile, u" 4^) et la deuxième en décembre 1906, rue de l'Harmonie, n» 7.
33
Que sont dcNX'imcs les autres dalles lunéraires des Domi- nicains ? Il est à supposer qu'une grande partie d'entre elles ont été détruites lors de la reconstruction de l'église, mais aussi que maintes autres sont encore enfouies sous ces constructions neuves, élevées il y a quelque temps, et qui recouvrent la partie orientale de l'église du XIII^ siècle y compris le chœur.
• H= * *
Nous ignorons les transformations ou reconstructions que subirent les bâtiments du couvent depuis l'époque que nous quittons, c'est à dire la fin du XIII^ siècle, jusqu'à la seconde moitié du XV^ siècle. Nous pouvons seulement assurer que les Frères Prêcheurs enrichirent l'intérieur de leur église vers 1450; deux sculptures qui nous sont parvenues le prouvent.
Voici d'abord une Piéta (fig. 7) {^) dont le style est bien celui de cette époque, le XV^ siècle, où l'art de la scul])ture s'en vint franchement vers une imitation véritable de la nature, voulant la reproduction exacte des proportions, recherchant la souplesse des étoffes et abandonnant les principes passés d'hiératisme grandiose des lignes, d'austère hauteur des figures. On remarque cependant que cette Piéta n'est qu'un essai dans le genre, et que, si les draperies couvrant la Vierge révèlent bien chez leur auteur un tempérament hautement artistique, il n'en est pas
(') Cette statue, propriété de l'Iustitut arcliéologiqiie liégeois, est aujourd'hui déposée au Musée diocésain. C'est grâce aux patientes re- cherches du conservateur actuel du Musée archéologique, M. .T. Servais, dans les pajjiers de son prédécesseur, feu le D'' Alexandre, que nous avons pu connaître i) la provenance des fragments de la dalle de Colas de Cerses et sa date d'entrée au Musée ; 2) la provenance de cette Piéta et savoir qu'elle fut donnée à l'Institut par M. Dejardin; 3) la provenance des pierres, avec inscriptions datant de la construction du dôme, et qui gisaient dans la seconde cour du Palais ; 4) enfin la provenance des deux bustes reliquaires qui seront signalés plus loin. Nous remercions vive- ment M. Servais des précieux renseignements qu'il a bien voulu nous donner.
34
de même de la figure du Christ dont les défauts de iirojîortion et la lourdeur endommagent l'allure. Les extrémités sont
fortes; la tête, d'^un type assez ordinaire, trop importante, est recouverte d'une pe- sante couronne d'é- pines fort disgra- cieuse, La Vierge, d'un meilleur tra- vail, est vêtue d'un ample manteau, la tête et la gorge com- plètement couvertes; la pose est aisée, na- turelle, un peu raide peut-être; les mains sont fines et bien modelées. Les plis du vêtement sont sur- tout remarquables. La seconde pièce est un Christ en croix provenant vraisem- blablement d'un calvaire qui orna sans doute une trabès posée à l'entrée du chœur de l'église, sous l'arc triomphal. Ce crucifix (fig. 8) (^) mérite de retenir l'attention ; il est sûrement l'un des plus beaux spécimens qui nous restent.
La figure du Christ montre, il est vrai, encore les défauts signalés dans l'autre groupe : quelque lourdeur, les membres inférieurs trop courts. Mais ces imperfections disparaissent com- l)lètement devant la grandeur, l'harmonie de l'ensemble. La croix, très riche, est une œuvre de sculpture de tout premier ordre. Les quatrcs bras, ornés de délicats fencstrages soigneusement
Fig.
(I) Nous donnons (fig. aS) à la fin du présent travail, son état actuel.
Fig. 8. — Crucifix en bois sculpté.
36
composés, sont terminés par les symboles évangélistiques posés dans un ordre différent de ceux que nous avons déjà rencontrés ici, dans des quadrilobes :
Aigle
Ange Lion
Bœuf.
L'ange et le lion ont aujourd'hui disparu. De belles fleurs de lis, magistralement galbées, surmontent chacun de ces médail- lons. Elles sont à double face et feraient donc bien admettre que ce Christ a été visible des deux côtés, suspendu à la voûte. Nous avons cherché en vain sous l'épaisse couche de couleur qui recouvre cette œuvre admirable et l'endommage considérable- ment, des traces de la peinture ancienne qui, sans aucun doute, a dû exister.
Ces calvaires à l'entrée des chœurs d'église, dont le Christ, suspendu à l'arc triomphal, était accompagné presque toujours de la Vierge et de saint Jean posés sur une trabès plus ou moins ornée (^), ne nous ont guère été conservés dans leur ensemble ; mais il nous reste encore un certain nombre plus ou moins complets. C'est de semblables monuments que proviennent, par exemple, la Vierge et saint Jean de Lowaige près de Ton- gres (XTIIe siècle), le Christ et la Vierge de la Gleize, près de Spa, le Christ de Saint-Christophe, à Liège (XIII^ siècle), le Christ de Saint-Gilles, à Liège (XIV<^ siècle), le Christ de la Cathédrale, le Christ de Seraing (?) (XVI^ siècle), au Musée diocésain, la Vierge et saint Jean, de Saint-Jean l'Evangéliste à Liège (XIII*^ siècle), et d'autres encore. Mais, si certaines de ces figures, telles celles de l'église de Saint-Jean sont des œuvres vraiment remarquables, aucune cependant ne ])ourrait
(') Plusieurs de ces trabès existent encore dans le pays, entre autre une à Goé, où l'on voit représenté le Christ et les apôtres, deux fragments au Musée archéologique liégeois, dont un porte les armes d'Erard de la Marck, etc.
I
— 37 —
rivaliser avec le Christ des Dominicains sous le rapport de la majesté, de l'allure grandiose.
.Ce Christ est encore aujourd'hui à I.icge ; lors de la démolition des derniers vestiges du couvent, il a failli quitter la ville et peut-être le pays.
C'eût été là une perte énorme poiu" notre art. Le propriétaire actuel, conscient de ses devoirs, ne voudra pas sans doute que nous soyons dépossédés d'une œuvre bien à nous, et qui n'a toute sa valeur que là où elle est née, là où des artistes, descendants de son auteur peut-être, pourront l'admirci- et s'en inspirer encore.
'I* •H 'T*
Le XV^ siècle se termina à Liège ])ar une désastre sans pré- cédent, on le sait.
Le dimanche 30 octobre 1468, Charles le Téméraire et Louis XI entrèrent dans la ville et vinrent la mettre à feu et à sang. ¥ai quelques jours, l'œuvre des siècles écoulés était anéantie. Les maisons* n'étaient plus que des ruines informes, noires et fumantes recouvrant quelques cadavres pantelants ; la Meuse chariait des corps en masse, précipités des ponts. Liège avait presque disparu. Au milieu de cette dévastation s'éle- vaient encore quelques églises, quelques couvents et par- mi elles la Cathédrale de Saint-Lambert, dont la flèche dorée brillait quand même. Protégé par sa situation, le quartier de l'Isle fut plus heureux et avec lui le couvent des Dominicains survécut à la catastrophe.
Le duc de Bourgogne, quittant Liège et abandonnant son œuvre, y laissa un lieutenant Gui de Brimen, sire de Humber- court, qui se logea d'abord à la Violette en partie conservée sans doute ou peut-être hâtivement réparée. Mais s'y sentant très peu en sûreté, le sire de Humbercourt préféra se retirer dans ce quartier de l'Isle déjà préservé par la nature. Cédé par Louis de Bourbon à Charles le Téméraire, le l'^'" juillet 1469, s'appelant alors 1' « Isle le Duc », il lui fut inféodé; Humbercourt le fortifia et bâtit en 1471 une porte surmontée
— 38 —
d'une tour en bois, sur le pont d'Isle (i). Il habita la maison d'un patricien, Cloes d'Amagne, situé au Pont d'Isle, et redou- tant probablement de traverser la rue, il fit construire un pont de bois qui relia le jardin de cette maison à l'église des Frères Prêcheurs où il alla tous les jours entendre la messe {^).
Quelque dix ans se passèrent. Puis, soudain, parvint à Liège la nouvelle de la terrible mort de Charles le Téméraire, tombé devant Nancy, le dimanche 5 janvier 1477. C'était la délivrance, la disparition de celui qui avait ruiné nos contrées, qui les avait plongées dans la plus noire misère.
La cité de Saint-Lambert, ressucitant véritablement, se releva. Une fièvre de construction s'empara des derniers habi- tants. A la hâte d'abord, puis plus posément, des maisons furent bâties. L'élan donné en ce domaine, n'eut point d'arrêt, secondé qu'il fut peu après par un prince artiste, qui vint à son heure : Erard de la Marck (1505-1538).
Les Frères Prêcheurs, au début de ce règne, entrant dans le vaste mouvement architectonique, si l'on peut dire, qui animait nos pères, bâtirent chez eux une annexe qui est parvenue jus- qu'à nous et a été démolie en 1912. — On pourrait supposer que celle-ci a dû remplacer un bâtiment endommagé par le sac, vu sa situation vers la rue donnant au Pont d'Isle. — C'est ce que l'on appelait la « brasserie ».
Fut-elle élevée comme brasserie ? Nous ne saurions l'assurer. Comme on le verra dans la description qui va suivre, rien de ce qui était encore en place n'aurait pu justifier cette destination. Cependant, un manuscrit de 1580 mentionne une « maison en le
(') E. Fairon, Notes sur la domination bourguignonne dans la princi- pauté de Liège, dans Bulletin de VInstitut archéologique liégeois, t. LXII (1912) pp. 2 et ^(i.
(*) LOYKNS, Recueil Héralditjue, p. 177; J. HeI-BIG, Les Reliques et Reliquaires, etc., p. 22.
III
II
Nord
Fig. 9. — Plans de la Brasserie.
^i Ml LTPDtC'iri:
JjLBL4_t3~5îl=
mmù
^fTî/..
u
s
m
<»
S
m
en
=!
à) I
N
ce
o ■fei
Tn^T". !'TT iifTiiniinniniriniini
— 41 —
pont d'Ile, vis-à-vis hi brassine des Frères Prêcheurs » (i).
Nous donnons (fig. 9, en I), le plan du rez-de-chaussée de ce bâtiment qui occupait l'extrême })ointc sud-est du couvent.
Le terrain, borné en A ])ar le Pont d'Ile et en B par la descente au rivage, força l'architecte à adopter un plan diflorme.
Le rez-de-chaussée comprend une vaste salle voûtée, di- visée en deux nefs dans le sens de la longueur par une épine centrale de trois colonnes donnant en largeur quatre tra- vées inégales. liCS deux premières vers l'ouest sont relati- ment régulières. Les arcs formerets retombent sur des pilastres le long des murs et les arcs doubleaux,d'une part,sur les colonnes et d'autre part sur les pilastres, sans aucun soulagement pour ceux-ci, par des contreforts extérieurs qui eussent pourtant été nécessaires, car la pression des voûtes avait, à la suite des temps, déformé les murs. La troisième et la quatrième travée soiit les plus difformes. L'architecte s'obstinant à laisser les colonnes en ligne droite et non suivant l'axe de la construction, fit des arcs iné- gaux reposant sur une même colonne qui déversa vers le plus pe- tit arc. Cette colonne était dans cet état lors de la démolition. Dans cette dernière travée se trouve une disposition spéciale de voûte, en C, qui fait penser à l'existence d'une cheminée à cet endroit ; aucune trace cependant n'en restait dans les étages supérieurs.
La fig. 10 reproduit l'intérieur de cette salle. Tous les arcs et remplissages sont de briques. Les nervures, épaisses, puissantes, sont simplement posées sous les remplissages sans pénétration dans ceux-ci, qui à certains endroits étaient appareillés en coupole en quelque sorte, c'est à dire avec les lits horizontaux. Il était assez visible que c'était ce parti que l'on aurait voulu employer partout, mais le peu de soin apporté à cette partie de la construction fit qu'il ne fut pas respecté.
La fig. 11 donne le détail d'une colonne. Le fût en calcaire est pivisé en trois tambours. C'est là un type simple, mais plein de
(') Th. Gobert, L'ancienne Brasserie des Dominicains au Pont-d'IIe à Liège, daus Chronique archéologique du pays de Liège, aunée 1912, p. 62.
— 42
goût et surtout parfaitement situé dans un bâtiment utilitaire :
aucun ornement, rien qu'un tut cylindrique sur une base carrée, surmontée d'un chapiteau carré, tous deux ramenés au cercle par un octogone et dont les angles, parties inutiles et gênantes, étaient de la sorte enlevés.
Il y a encore là, un bel exeinple de plus du sens si juste de nos archi- tectes de cette époque, de leur goût et de leur habi- leté à rendre intéressants des morceaux même sim- plement utiles d'une cons- truction et à les adapter, bien exactement, à leur place.
La fig. 9, en II, donne le plan de l'étage, com- prenant une grande salle, sans disposition spéciale, à plafond simplement composé de solives repo- sant sur des poutres d'assez fortes dimensions, ^^^ soulagées par des cor- beaux, et éclairée, vers le '^~~ nord, c'est à dire vers la cour, par cinq fenêtres Fig. II. auxquelles il est bon de
s'arrêter. En voici, fig. 12, le détail. Elle sont en réalité de deux genres : celui à quatre lumières, à croisillon de pierre, surmonté de l'accolade, avec le profil ordinaire et caractéristi-
44
que d'encadrement ; l'autre, plus petit à une seule lumière plus large, en plein cintre, avec le même profil. Ce sont-là — avec celui que nous décrivons dans les pignons — de beaux types de fenêtres de notre architecture gothique du XVI ^ siècle. On en rencontre d'autres du même genre, soit avec deux ou six lumières, en plusieurs endroits de Liège. A part quelques varian- tes d'ornementation du linteau, le type à plusieurs lumières est le seul employé dans l'architecture civile, ou plus exactement bourgeoise, du premier quart du XVI^ siècle. La petite fenêtre en plein cintre est beaucoup moins commune ; on peut en juger par les rares morceaux de cette époque que nous conser- vons encore. Ce n'est sans doute que la nécessité de réserver des baies suffisamment larges pour l'introduction d'objets d'assez fortes dimensions qui en fait admettre l'emploi ici.
Le plan du deuxième étage est donné en III, fig. 9 ; on y voit une belle charpente et deux petites fenêtres dans les pignons, dont la fig. 13 rend le détail.
La fig. 16 donne l'ensemble de trois fermes de la charpente. Il nous semble indispensable de décrire une des ces fermes. Chaque ferme repose tout entière sur une poutre A (0'"47 X 0"'36) du plafond du premier étage, qui joue le rôle d'entrait véritable. Les jambes courbées B (0'"22 x 0"i22) — pour les fermes de la partie large vers l'ouest seulement, la courbure disparaissant dans la partie plus étroite vers l'est — portent un premier entrait retroussé C (0""18 X 0™26) sur les extrémités duquel viennent s'appuyer les arbalétriers D (Qn^lS X 0"i24); ceux-ci soutiennent un second entrait retroussé E, dans lequel viennent s'assembler deux derniers tronçons des arbalétriers F et le poinçon G qui est très court. Les arbalétriers portent deux cours de pannes H et I (O'^IS X 0™18), soulagées chacune par deux liens J et K. Dans les jambes s'assemblent des esseliers L (C^IT X Oï^lS), soutenant le premier entrait retroussé. Le tronçon d'arbalétrier D est soulagé avec une jambette M repo- sant sur cet entrait; dans cette pièce D s'assemble à son tour un esselier N arrêtant le fléchissement du deuxième entrait E. Les poinçons G sont reliés entre eux par la verne faitière O et par des
■=■1
u Q
•M
— 47 —
entretoiscs P. Entre ces pièces O et P, se placent des croix de Saint- André, Q, soulageant le faîtage. On voit tout de suite la grande simplicité de ce système de ferme, et tout aussi vite sa lo- gique, sa vérité. On sent bien l'attachement étroit, indissoluble qui vuiit tous les membres {^).
Ce qu'il faut surtout remarquer dans cet exemple, ce qui en constitue en somme les caractères distinetifs, c'est d'abord l'absence à peu près com])lète de la pièce centrale, verticale, le poinçon, dont un petit bout existe seul au faîte; c'est ensuite la façon savante et originale de consolider la verne faîtière, à l'aide d'entretoises et de croix de Saint- André, formant ensemble un membre extraordinairement puissant et rigide à la partie supé- rieure de l'ouvrage, la courbure (2) ou plus exactement la cas- sure des jambes B, caractéristique de nombreuses charpentes de cette époqvie chez nous, permettant de reporter, à peu près verticalement sur les murs, la ])ression oblique des arbalétriers et enfin le niveau d'assise des entraits à un mètre du sommet des murs dégageant ceux-ci, à leur partie haute, de la grande partie du poids de la charpente.
Ces quelques remarques suffisent à montrer la science avec la- quelle cette charpente a été composée et surtout exécutée. Elle appartient d'aillevu's à une époque où ce métier si complexe, si ardu du charpentier était admirablement connu. Nous avons déjà eu l'occasion de le dire ici (^): la charpenterie de tous les éditices grands et petits, élevés à Liège entre 1500 et 1625 environ.
(') A la suite des temps, on avait enlevé à cette charpente une bonne partie de tous ces petits soutiens intermédiaires mais si précieux : lien, esseliers, jambettes. Et, sans tarder, aux endroits amputés, l'ouvrage s'était affaissé, ouvert, disloqué.
(•) Que nous avons déjà signalée ici dans Bulletin de l'Institut archéolo- gique liégeois, 1912, p. ii5, où nous en donnons un autre exemple beau- coup plus formel. La charpente des Dominicains montre une autre forme, cassure à proprement parler. D'ailleurs, on pourrait n'y voir qu'une incorrection, courbure mal réussie, mais le résultat semble cependant atteint.
(}) Ibidem, p. ii5.
— 48 —
est vraiment remarquable et {)resque toutes ces construc- tions contiennent des exemples extrêmement intéressants à étudier, révélant une puissance de conception véritable- ment extraordinaire de la part de leurs auteurs qui maniaient ces principes si é])ineux de la résistance de la charpente et de ses points d'appui avec une prodigieuse aisance, réalisant des œuvres qui ont bravé les effets des temps et sont arrivées à nous absolument intactes.
Aucmie trace d'escalier intérieur n'existait nulle part dans cette (( brasserie )\ A notre sens, il faut admettre que l'ac- cès ancien aux étages se faisait par le dehors et peut-être par une tourelle. Comme preuve de ceci, nous signalons l'exis- tence d'une porte en D au premier étage (en II, fig. 9) et une
Fig. i5.
autre en E dans la rive nord du deuxième étage (en III, fig. 9). Il est à supposer qu'une porte existait aussi en cet endroit au rez-de-chaussée.
49
Rue du Pont tille, s'élevait, du eôté sud donc, une façade sans grand caractère (%•. 15) : rez-de-chaussée de calcaire, étages en briques avec chaînages de pierres de sable aux angles. Une porte en plein cintre donne accès au rez-de-chaussée. Au- dessus de cette porte, s'appuyant sur un ])ctit cordon à profd caractéristique, se trouve une niche en anse de panier avec un beau profil finement découpé du XVI^ siècle, dont les pieds-droits sont peints en rouge. Le petit cordon,signalé déjà,court sur toute la façade. Quelques ancrages d'un dessin vulgaire sont parsemés sur cette façade, dont la corniche se compose de cinq assises de briques posées alternativement de face et sur angles; de nom- breux et beaux exemples existent encore chez nous de ces cor- niches, qui par leurs multiples lumières et ombres ])rbduisent
Fig. i6.
le meilleur effet. Aux deux extrémités de la corniche, deux oreilles en pierres de sable taillées en son imitation, viennent
— 50
recevoir les rani])ants en hricpies des deux pignons, rampants déj)assant la toitm-c en façon de « coupe-feu ». Les pierres formant rez-de-chaussée montrent une taille spéciale : un heppelage central avec une bordure ciselée, taille souvent em- ployée chez nous à la fin de l'époque gothique (^).
Vers la cour, du côté nord, s'élève une façade beaucoup plus intéressante (fig. 16).
Le rez-dc-ehaussée est partiellement bâti à l'aide de moellons de calcaire. On y remarque la même porte que celle de la façade sud, puis deux fenêtres déjà décrites, éclairant le rez-de-chaussée, avec leurs encadrements de calcaire non moulurés, grillées dans leurs hmiières inférieures. Tout le reste de la façade est de briques. Le premier étage contient cinq fenêtres, dont les
détails sont donnés ci- dessus, ayant à hau- teur du seuil le même cordon qu'à la façade à rue, avec le profil connu. La corniche est la même que son pen- dant. Quelques ancra- ges se remarquent en- core de-ci, de-là.
Du côté ouest, se trouve un pignon (fig. 17) présentant les mê- mes caractères que les deux autres façades^ Voici enfin (fig. 18) . les coupes longitudi- nale et transversale de ^ cette annexe du couvent
^. qui permettront de se
Fig. 17. ^ '
(I) On la retrouve à la ferme de Loncin, à Saint-Laurent, à la maison rue Saint-Laurent, 114, dépendance de l'abbaye, etc.
a o
•eâ
b
s
cd
*a (A <D
Pi
u
ce
pq
O
X
ce
a
I»
<9
o o
00
M
Es.
52 —
rendre compte de l'allure de chacun des étages et spécialement des belles proportions des arcs du rez-de-chaussée (^).
Fig. 19-
Lors de la démolition, il restait encore au premier étage un fragment de menuiserie datant aussi du premier quart du
(') La description que nous venons de faire de cette brasserie s'applique à un projet de restauration de l'ensemble que donnent nos figures. Nous pensons qu'il n'est guère possible de décrire clairement des ruines défi- gurées, surtout, et c'est ici le cas, quand ces ruines sont complètes encore, renferment tous les détails utiles et rendent très aisée une reconstitution, une restauration à peu près certaine. Mais pour rendre tout contrôle pos- sible et le conserver aussi, nous présentons ci-après le relevé de l'état à la démolition, fig. 26, 27, 28, 29, 3o. Un seul point nous a paru sinon obscur, du moins i)r(jpre à soulever des objections : les portes. Nous avons trouvé en i)Iaceen 1912 du côté Nord, une brèche servant déporte, et du côté Sud, une large porte en anse de panier datant du XYii» siècle avec
— 53 —
XVI® siècle : trois beaux panneaux de parchemin orné, dont l'exécution est très fine et très soignée (fio-. 21) (^).
* * *
C'est assez peu ici la place d'une étude de l'état de l'archi- tecture à Liège au début du XV^I*' siècle et spécialement à partir de 1505. Ouvrons cependant une parenthèse : l'étude de l'édi- fice ci-dessus décrit le demande. Nous pourrons montrer par là qu'il était véritablement un reste précieux et que même dans sa simplicité, avec son allure seulement utilitaire et outre des formes caractéristiques, il possédait tous les signes distinctif's des productions architecturales de cette époque (^).
Ce premier quart du XVI® siècle fut pour la cité liégeoise un vrai moment de renouveau artistique. Après les sanglantes convulsions du XV*^ siècle, les guerres, les luttes incessantes avaient comme paralysé les artistes liégeois, leur avaient enlevé
à côté deux fenêtres à quatre lumières de la même époque. Il ne parais- sait donc pas y avoir là trace des portes anciennes. Mais dans un mur fermant vers l'Est la première travée vers Ouest, se trouvaient réem- ployées (fig. 2(5) deux petites portes en plein cintre dont les pierres por- taient la taille caractéristique qui se voyait, comme il est dit ci-dessus, sur les pierres du rez-de-chaussée, façade rue du Pont-d'Ile. On pourrait trouver étranges et mal en jilace ces petites portes larges à peine d'un mètre, donnant accès à l'intérieur d'une brasserie, où il fallait à tout instant i)énétrer avec des objets d'un assez fort volume. Mais, comnae nous l'avons déjà fait remarquer ci-dessus, cette annexe, à l'usage d'une brasserie a-t-elle été construite comme « brasserie » ? C'est, d'après les restes connus, ce que l'on ne saurait assurer. On a pu très vite la transfor- mer et percer, peut-être au début du xvii* siècle, la grande porte et les fenêtres.
(') Cette pièce appartient aujourd'hui à M. Emile Beaujean-Poullet, à Liège, qui nous a très obligeamment autorisé à la reproduire.
(2) Pour ne parler que des monuments encore debout à Liège, les plus beaux et les plus grands datent de ce temps. Les églises Saint-Jacques, Saint-Martin, le portail de Saint-Paul, et surtout le Palais remontent au règne d'Erard de la Mark (i5o5 i538). Parmi les maisons, on i)eut placer la construction des plus anciennes, des plus curieuses, des plus précieuses, à peu près à ce temps.
— 54 —
tout le temps de })roduire ; après le sac de 1468 qui endommagea à peu près toute la ville, brûlant des maisons accolées aux églises et au palais qui naturellement ne purent rester insensibles à l'épreuve, démantelant des remparts qu'il fallait relever, il restait à Liège un merveilleux champ qui n'attendait qu'un semeur : Erard de la Marck fut celui-ci.
Pendant son règne calme surgirent non seulement dans sa capitale, mais sur tout le territoire de la principauté, une foule d'édifices qui aujovnd'hui encore sont de vrais objets d'art dont rétude, féconde et productive toujours, est spécialement at- trayante.
Tous, de la même manière nette, révèlent la prodigieuse puissance de conception, de création des architectes, l'étonnante imagination des sculpteurs, en un mot montrent un « style » neuf, à productions originales, œuvres d'artistes vraiment per- sonnels; mais tous, aussi, portent bien la marque, même dans leurs moindres détails, de la période de décadence, de fin en quelque sorte de cet art gothique auquel tous cependant appartiennent encore au moins par leurs formes. Et cette déca- dence apparaît spécialement marquée dans leur construction, et plus spécialement encore dans celle des grands monuments. A côté de la majesté d'ensemble de l'église Saint-Jacques, du chœur de Saint-Martin, de l'élégance du Palais, il est véri- tablement étonnant de voir la façon réellement pitoyable dont ils furent bâtis.
Et vraiment, on peut dire de notre architecture du début du XVP siècle, qu'elle est l'œuvre d'une part d'artistes incom- parables, d'autre part de bien pauvres constructeurs.
Il est, par exem|)le, curieux de constater combien la har- diesse vraiment remarquable de composition de la grande nef et du chœur de Saint-Jacques, contraste avec l'incorrection de leur exécution. Les voûtes si originales, mais mal bâties — on ])eut d'ailleurs en dire autant de celles du chœur de Saint-Martin — sont composées d'une multitude de bouts de nervures dont les pressions s'éparpillent un peu en tous sens, retombant sur des murs ])eu é})ais qui se sont déversés, non soulagés qu'ils étaient par des contreforts sufiisants ou des arcs b'outants. Voyez
— 55 —
les galeries du Palais dont les ares et les voûtes fortement sur- baissés, se sont écroules plusieurs fois déjà et ne se maintiennent que grâce à des tirants de for. Les tours du Palais, élégantes et fines, compléments indispensables du monument, se sont el'I'ron- drées — une déjà en 1538 — à cause de leur maçonnerie défec- tueuse dont il reste encore de grands morceaux sur Tangie Nord-Est de la grande cour. Le portail des cloîtres de Saint-Paul — on Ta bien vu lors de sa restauration — avait été bâti à l'aide de pierres informes, sans queues, tpii ont dû Ibrtement compromettre la construction elle-même.
La « brasserie » des Dominicains, édifice conçu, comme tous ceux dont il vient d'être question, par un architeelc ([ui lut un véritable artiste, a été non moins mal bâtie. Nous pensons avoir montré suffisamment par nos dessins, la finesse des moindres détailes, l'adaption exacte, à leurs places, des diverses et des plus petites parties ; nous avons aussi relevé avec quel constant souci artistique, l'artiste a veillé sur l'éelosion des divers membres, soit fonêtres, soit colonnes, soit corniches, soit profils. Et déjà aussi nous avons signalé des vices cons- tructifs, le plan, les arcs inégaux retombant sur une même colon- ne, des voûtes mal soignées, des murs peu épais recevant ces voûtes et non munis de contreforts. Négligences graves et à effets néfastes, comme on pouvait le voir.
Un seul métier, au XVI® siècle, se rapportant à l'art de bâtir, atteignit, chez nous, véritablement l'apogée de sa puissance scientifique : ce fut celui des charpentiers. Tous les édifices élevés à cette époque à Liège et dans toute la prinei])auté montrent des charpentes dont les auteurs furent exceptionnels ; tels le Palais, les églises Saint- Jacques et Saint-Martin ; toutes les maisons de cette époque qui nous restent et en particulier celles de bois, puis un peu plus tard, la Maison Porquin, la Maison Curtius, etc., ont révélé des charpentes admirables non seulement comme facture — d'un fini irréprochable — mais sur- tout comme composition {^).
(1) Le chœur de l'église de Visé élevé sous Erard de la Marck — dont les armoiries se voyaient naguère dans les vitraux — renferme encore un
7
— 56 —
La fig. 14 ci-avant, (loniuiiit en détail la charpente de la brasserie des Frères Fircheurs, suffît pour montrer, nous le pensons du moins, (pu- c'est bien là un bel et savant ouvrage à ajouter à tous ceux cpii font la gloire de nos anciens a cheptis ».
*!» •!" «I^
Dans la seconde moitié du XYII*" siècle, en 1674, la vieille cfflise Sainte-Catbcrine des Frères Prêcheurs, sur « l'avis des experts » {-) fut déclarée considérablement endommagée et les religieux lurent obligés de la démolir. C'est, à cette époque, que l'on suspendit, sans doute, à la façade vers la cour de lu vieille brasserie, le beau crucifix dont il a été question ci-dessus et qui fut déclaré probablement alors hors de place.
Les Dominicains firent dresser les plans du nouvel édifice par un peintre, célèbre alors, Bertholet Flémalle (^), qui, imitant en cela son illustre prédécesseur Lombard, faisait aussi, à ses heures, de l'architecture. Il s'était bâti en 1663, une maison, au rivage Saint-Remy, dont la façade « à l'Italienne, fort galante » (^) était ornée de colonnes dans le style antique et de ])eintures murales qui se dégradèrent très vite (^). Cette même année 1663, Bertholet peignit pour les Dominicains, en collabo- ration avec son élève Carlier, un grand tableau représentant
exemple de ces charpentes, qui montre notamment, un moyen véritable- ment remarcjuahle de soulager les chevrons, à l'aide de bouts de contre- fiches recevant des esseliers s'assemblant dans ces chevrons, en sui)primant dans la mesure du possil)le, les entraits. Presque toutes ces charpentes se distinguent ainsi par un détail (jui, comme celui-ci, ijrouve la science extraordinaire, la connaissance profonde de la matière qui étaient l'apa- nage de nos charpentiers d'alors.
{'^) Chambre des Finances, reg. 84, p. So aux Archives de l'Etat, cf. Th. GoBKKT, Les Rues de Liège, art. rue des Dominicains.
{^) V. .1. Hki-UIG. Lu Peiiiliire un Pays de Liège, ch. XI, p. aG2.
(*) Les voyages de Monsieur de Moncoiiys en Angleterre et aux Pays-Bas, Suite de la seconde partie, page 240; .). I1ki,bk;, op. cit., ]>. aG.'i.
(^) Cette maison fut démolie en 1092. J. IIklbig, op. cit., p. 2G3.
— 57 —
V Assomption de la Saintc-ricnic. (lonnéc au couvrent ])ar les cleinoiselles Pcrczc. Les aj)ôtres, dans cette peinture, rc])résen- taiciit, paraît-il, suivant une habitude de Bertiiolet — qui en fournit d'autres exeni|)les enti'e autres aux Capucins de Sainte- Maryuerite et aux Concept ionnistes d'Outre-Meuse — des lionuiies célèbres ou connus de son époque. On y voyait : Carlier, son aide, le chanoine Carnianne, Louis de Louvrex, Jean Detrixhe et l'auteur lui-même.
Bertholet ])rojeta pour Tcolise des Prêcheurs, un vaste édifice circulaire, riche, luxueux et Tort coûteux. Il en fit exécuter un modèle en bois de sept pieds de hauteur {^).
Le 10 juin 1674, on posa les premières pierres du chœur du nouveau temple. La première l'ut ])osée par le ])rince-évêque comme l'atteste la pierre elle-même, qui existe encore et qui porte l'inscription suivante ('-) :
MAX . IIEXRIC' . D . O . ARCHIEP ' . COLON . S . R . I .
PRINCEPS LEODI . HILDE .
ETC . V . B . D . IIUXC PRIMVM
PONEBAT LAPIDEM A» 167-t.
Nous ignorons par qui l'ut posée la seconde pierre. Cepen- dant, Th. Gobert dans Les Rues de Liège, cite un passage du manuscrit de Gossuart : « M. le chancelier de Liverloo, tant au nom de son altesse qu'en son propre nom, y mist la première pierre, les bourgmestres, la deuxième, et le P. Hervia, la troisième, en considération de ce que son {lère a contribué quelque somme pour l'édification de la dite église » {^).
La première pierre fut, comme le prouve l'inscription ci-dessus,
(') Ce modèle, conservé daus la liibliothèque du Couvent, bnila i)lus tard avec elle et les précieux volumes qu'elle contenait. .1. Helbig, Reliques et reliquaires, p. aS et Th. GoiSKRT, op. cit. p. 4i:î-
Ç') Elle a été retrouvée le 8 juin 1877, rue du Pont-d'IIe, n" 40. Elle est aujourd'hui avec les deux suivantes dans la cour du Palais.
(3) Gossuart, Manuscrit n" ii52, pp. 148-149. à l'Université de Liège.
— 58 —
posée ])ar l'évcque Maximilien Henri de Bavière. Le nom du chancelier n'y fiojure pas. Posa-t-il la seconde ?
Les deux bourjrniestres Jcan-Philii)pe Fabri et Conrard de la Haxhe, posèrent la troisième — et non la seconde — qui nous est aussi conservée (^) et qui porte :
D . JOES PHILIP' . FABRI
IVRIS ' » ET . D . CONRARDVS
DE LA HAXHE CIVIT . LEOD . CONSULES
3VM PONEBANT LA piDEM ao 1674.
Enfin le père Hervia scella la quatrième — et non la troi- sième — qui a aussi été retrouvée {^) avec son inscription :
D . GVILHELMVS DE HERVE CANONICVS
CAMERACENCIS 4VM
PONEBAT LAPIDEM
A» 1674 ' »,.
Il est curieux de rapprocher ce Guillaume de Hervé, chanoine de Cambrai, de Gui, évêque de la même ville qui, en 1242, vint consacrer la primitive église.
Bertholet Flémalle mourut le 10 juillet 1675, alors que seul le chœur du vaste sanctuaire, son œuvre, était élevé. On l'enterra, selon son désir, aux Dominicains, oi^i reposait déjà son maître, Doufl'et. On connaît son épitaphe (^) :
(') Trouvée, avec la précédente le même jour et à la même place. Jean- Philij)pe (le Fabry, jusriconsulte, et Courard, Baron de Haxhe et du Saint Empire, seigneur de Bierset, furent élus bourguemaîtres delà noble Cité de Liège en 1678, le premier pour la troisième fois. Voyez Loyèns, Recueil Héraldique, page 4^o-
(*) Trouvée à la même place que les précédentes, le 2 juin 1877.
(3) Manus. n° iiG5, p. -G, à l'Université de Liège. Th. Gobert, op. cit. p. 41G.
— 59 —
ERGO SUB OBSCURO REVOLUTUS MARMORE DEGIS
BERTIIOLETTE : TUAE QUI LATITARE DOMI
CORRUET IIUC XISI QUIS SAPIENS ORBATA MAGISTRO
TECTA COLAT, NULLU8 KEDDET ADEMPTA VIGIL
QUID CORRUTA LICET, FUNDO SEPULTA RUINIS.
OBSTET, LT INGENU STENT MONUMENTA TUI
FAMA SUIS PROPENSA MORTALIBUS ILLA NOMEN HIC AETERNO SCULPTIT IN ARE TUUM.
La construction de Tcolise proprement dite ne put guère être commencée qu'en 1 700 sous la direction d'un frère du nom de Co- lumbar qui fit pour le dôme, une chai'pente qu'on disait un « ou- vrage admirable » (i). Lentement, péniblement, la construction avançait. Saimiery écrit dans les Délices du Pays de Liège, vers 1738, à propos du portail que k les conjectures des temps n'a- vaient permis que d'en jeter les fondements », et il ajoute: « Le dôme est vaste et très éclairé. L'aichitecture de toutes les parties de cet édifice est très exacte. Il est pavé de marbre et on y admire en divers endroits plusieurs morceaux travaillés avec délicatesse. Toutes les fenêtres ornées de beaux pilastres forment un agréable coup-d'œil et la riche propreté de ses autels satisfait pleine- ment le goût des spectateurs. Il n'est pas moins riant au dehors qu'au dedans. C'est un des monuments publics qui contribuent le plus à l'embellissement de la ville » (^).
Nous ne possédons aujourd'hui que quekpies reproductions plus ou moins justes de ce dôme, mais cependant, on peut dire que, malgré sa forme s])éciale, il ne devait pas être un monu- ment bien gracieux. Très lourd d'aspect, moins bien com- posé que celui plus récent de l'église de Saint-André, ce devait être une production bien caractéristique de l'art, du style décadent de cette fin du XVII° siècle. Le reste du couvent fut-il recontruit ou agrandi ou restauré ? Les docimients font défaut à cet égard. Saumery dit que les bâtiments sont « très vieux mais vastes et commodes ». Cependant, aussi frustes et incorrectes que soient les deux gravures que nous reproduisons ci-après, fig. 27 et
(1) Ibidem.
(^) Délices du Pays de Liège, t. I, p. 192.
- _ |
||
"TT" |
||
■î-r^ |
»j |
|
r |
||
(-' — |
||
Xi'^'^wJ |
||
Fig. 120. — Fontaine de la rue (hi Pont d'Ile.
— 61 —
28, on |)eut coi)eii(Uiiit dire ([uc tous les hàliiueuls qui y sont visibles ne ])araisseut plus (latcr de la eonstruction primitive.
Fig. m.
La brasserie fut conservée après la reconstruction de l'église, dont elle était très voisine. Mais elle fut cédée à la famille Dejardin, dès avant 17.52 (^).
(') Voyez Th. GoHKur. L'nncienne bi-nsscrie des Dominicains an Pont- <C Ile à Liège dans Chronique archéologique du pays de Liège, année 1912, page 60.
— 62 —
En 1718, on éleva, proche de son ])ignon Est, une fontaine alimentée par les eaux de la galerie Roland. Cette fontaine, engogée dans la nun-aille (fig. 20), se composait d'une vasque cannelée. en forme de eo(]uiIle sinniontce d'un perron posé sur trois lions avec la ponnne de pin et la croix (i). C'était un intéressant et gracieux exemple de ces nombreuses fontaines adossées, qid ornaient jadis nos rues et dont quelques-uns seu- lement existent encore.
Il est très difficile, et très hardi, vu l'absence complète au- jourd'hui de constructions, points de repère, etc., de restituer, en plan, le couvent des Prêcheurs.
Voici, fig. 21, l'allure qu'il devait avoir vers 1780 {^). En A est le dôme, en B le chœur élevé par Bertholet Flémalle, en C l'entrée, le portail vers la rue des Dominicains F. La brasserie, dernier reste vraisemblablement de l'ancienne maison est en D, vers la rue du Pont d'Ile E. Le cloître est en G au nord de l'église, les dépendances en H. Le couvent est borné au nord par une ruelle I — sensiblement à l'eiuplacement de l'actuelle rue Hamal — qui donne accès au rivage près du passage d'eau de la Sauvenière, dont la maisonnette du passeur est en J — ; à l'est par im bras de Meuse passant sous le pont d'Ile invisible; au sud, par la rue du pont d'Ile, à l'ouest par celle des Dominicains. En K sont les sont les trois dernières arches du Pont d'Ile, en L, la place aux Chevaux et en M, l'île des Prêcheurs.
(') Cette fontaine l'ut, déniontce ( n 1H70. Elle achève maintenant de se (léiniire dans la cour du Palais. La colonne de pierre du Perron, mono- lithe, s'est brisée tout rcveimnent.
(^) ("e i)lan a été reconstitué à l'aide de celui d'une i)artie do l'Isle reproduit dans A. IIocK, Liéf^^e iiii X V' siècle, et dressé en 1780; nous nous sommes servi aussi du i»lan do I>iége, i''« moitié du xvni* siècle (Musée d'Ausembourj;) avec lrontisi)ice orné représentant les métiers et gravé par Kemacle Le Loup. Nous avons également eu recours au plan parcellaire de Liège, levé en 184,'^ ])ar T. K. Ravot, inspecteur du cadastre et dessiné i)ar J.-J. Jamar, insi)ecteur des travaux publics de la Ville,
- 63 -
•/
,\-e::]_— rt
#--1
eilâfe
'■■3,
Mm.. ^ \f\
^|
H !"
i-t-'i r, r.ir-.''^' i^^|L'> ^'";''.\
MB ' f I T. ■
Fig. 22.
La vue (fig. 22) (i) donne un panorama du couvent vers 1730, cinquante ans avant l'c])oque où fut dressé le ])lan précédent. Quelques changements insignifiants dans les abords se remar- quent seuls: le couvent est resté le même et ne devait d'ailleurs plus subir de transformations avant sa destruction. On y retrou- ve toutes les parties indiquées dans la description du plan. Il est cependant utile de remarquer l'importance considérable du dô- me, église bizarre, cylindrique et nue. Elle n'était pas admirée par tous et très probablement avec raison.
(') Cette vue a été dessinée à l'aide du i)récieux panorama de Liège, en relief, exposé à la salle Wittert, à l'Université, dont l'auteur M. G. Huiil, que nous remercions ici. à bien voulu nous laisser copier un fragment, et à l'aide de quelques vues qui sont restées du célèbre couvent.
64
Le doyen Delvaux. de la C olléoiale de Saint-Pierre, à la fin du XVIII*' siècle disait : « L'architecture de l'édifice n'est point aussi exacte que l'expose le flatteur auteur des Délices du Pays de Liège, car ses piliers portent à faux » {^). Du mobilier qui le garnissait, il ne nous reste rien, sauf" deux bustes reliquaires, en bois argenté, impossibles à identifier. Ce sont des œuvres secondaires, mais dont l'allure tranquille, la physionomie sereine et certaine délicatesse dans la chevelure et les plis du vêtement méritent seules d'êtres signalées (-).
* * *
Un peu ])lus dun demi siècle après l'époque que novis quittons, les Dominicains virent arriver la toiu'mente révolutionnaire. Dès avant la première -occuijation française du 28 octobre 1792, le procureur du couvent, le père Saint-Trond, prit le chemin de Leipzig avec ce que la maison contenait de plus précieux et notamment avec les reliquaires de la Passion et la couronne de saint Louis (^). Ces objets furent mis, là, en gage, au ])rix de 200 louis (*). Ils n'en revinrent jamais. La lettre, le calice et le man- teau de saint Louis n'accompagnèrent sans doute pas les reli- quaires. On ignore encore aujourd'hui ce qu'ils sont devenus. Cependant les Frères Prêcheurs essayèrent encore de faire passer une partie de leurs biens — les pièces dont il vient d'être question peut-être — à l'étranger. Mais deux caisses furent découvertes par le procureur de la commune de Liège, Bassenge l'Aîné, près de Chèvremont. Voici la lettre annonçant la trouvaille à l'administration de Liège (^) :
« 26 Messidor, an IV (Il juillet 1796). » no .592.
» Au Commissaire près radiuinist ration comnuiiialc de Liège.
)) Les Dominicains de Liège, citoyen collègue, avaient sauvé près » Chèvremont, deux caisses contenant des effets à eux. Par hasard,
(') Manuscrit 11" 1017, p. 2<).'}, à l'Université de Liège — Tu. Gobert, oj). rit.. ]). 4 '''•
(2) Ces deux bustes sont conservés au Musée archéologique liégeois.
(3) .1. IIi:i,Bir;., Les lieliqiics et Reliqunires, etc., p. 42. (*) Th. (ioBKRT, Les rues de Liège, loc. cit.. p. 4i(>.
{^) J. Helbig, op. cit., p. 39.
h ',
X >
6
X
D cS
£) y ci
0)
Ï3
ci
S)
>
o y
t-5
se
66
» j'ai découvert cotte cache et à ma requête le Commissaire près le » canton dr Fléron s'est transporte au lieu indiqué et a déniché la »> couvée. Les Dominicains ont alors déclaré eux-mêmes que ces >^ caisses contenaient des effets cachés là par ordre de quelques-uns » d'entre eux. Sans doute, les cachants ne se justifieront pas d'avoir » gardé le silence jusqu'à ce que notre découverte leur ait délié la » laugm-. Quoi (ju'ilen soit, \oilà les caisses arrivées, les Dominicains « m'en préviennent et ils voudraient avoir quelqu'un qui l'ut présent )) à leur ouverture. Veuille/,, donc requérir l'Administration muniei- » pale de députer (juelqu'im, cette besogne étant une conséquence » du réj^ertoire déjà l'ait par elle.
» Salut fraternel, » Bassenge, aîné. »
Cette année 1796, le couvent fut suppi'imé et les Frères Prê- cheurs ayant à leur tête le dernier prieur le P. V. Pirard, furent dispersés. Le maître autel fut dépouillé de son tableau de Ber- tholet dont un journal de l'époque le « Troubadour liégeois «, du 5 frimaire an V (25 novembre 1796), relate la misérable fin :
" Beaux-arts. A Liège, le chef-d'œuvre de notre célèbre compa- )) triote Bertholet, le tableau du maître autel des Dominicains, » de 24 à 25 ])ieds de hauteur a été découpé par les conducteurs des » chariots, pour raccommoder les couvertures d'un foiu'gon.
» Ce chef-d'œuvre de composition et de coloris, V Assomption de » la Sainte-Viei'ge, avait été mis de côté, d'après les principes révo- » lutio-vandalistes, dans une écurie du palais épiscopal par qui ? » je l'ignore ! jiar un honnête citoyen bienveillant ? sans doute (^). »
Le 5 floréal an V, furent mis en vente « les meubles, effets, boiseries, autels, etc. » (-). Le 6 frimaire an VI « la eroix de dessus le dôme et celle de dessus la flèche » (quelle flèche ?) disparurent (^).
La fig. 27 donne une vue du couvent en 1812 (^), d'après un des- sin'de J. Dreppe ]n"is de la ])laee aux chevaux. On voit le dôme
(') A. MieilA. Les jn-intres rélclncs du l';iys de Liège, p. 79. (2) Th. GoiJKRT, ()/). cil., p. 4i*>- (3j Il)idem, \k 4'<'-
('') A. IIOCK, Liège au XIX^ siècle. Lu Vie, p. iG5. L. BÉTHUNE., Le Vieux Liège, jil. xxni.
1 m?^m'^\f''M
a
ce
'Jl
eâ
o
te
68
encore entier avee le eliœnr et les vieux bâtiments du couvent. Derrière, on remarque, vers la oauehe, la flèche de Saint-Paul, récemment élevée et à droite, réalise de Saint-Jean ec le quai Mi- coud. l)ei)uis 180S, sur l'ordre de Napoléon l^^, l'église des ci-de- vant Dominicains, après avoir servi de magasin de fourrage pour l'armée, avait été mise à « la disposition du ministre de la guerre, pour com]ilétcr l'établissement d'artillerie formé dans le dit couvent qui restera définitivement affecté à ce service » (^).
Le 10 août 181(5. le roi des Pays-Bas, d'accord avec la Com- mission munici])ale de Liège, arrêta que « le bâtiment des Domi- nicains serait cédé à l'effet d'établir un nouveau débouché et de construire une salle de spectacle » sur l'emplacement des jardins du couvent {^). Une société par actions fut bientôt instituée et le 26 février 1817, la Ville lui remit le vieux et célèbre couvent qui fut livré à l'entrepreneur de la construction du théâtre pour la somme de 30.000 francs. Le plan (fig. 21) donne en pointillé, en a, l'emplacement chi théâtre. Il ne devait pas, comme on peut le voir, se trouver sur l'emplacement de l'église, mais l'état de celle-ci était si lamentable qu'il fallut la démolir.
La fig. 24. (ra])rès un dessin fait en 1817, est le dernier souve- nir qu'il nous en reste. On peut voir là que ce dôme est très en- dommagé, le chœur partiellement écroulé. La démolition com- mença au mois d'août 1817. Toute l'ancienne maison disparut alors, sauf la brasserie — appartenant toujours à la famille Dejardin, — qui survécut jusqu'en 1912 et que l'on fut incapa- ble, malgré toute sa valeur, de conserver.
^ ^ ^
Que devinrent pendant ce tem])s, les reliquaires et la couronne à Leipzig ?
A]>rès la dis})ersion des moines, ils eurent comme gardien le père Mossart ; lorsqu'il jugea la situation absolument dé- sespérée et se rendit compte de ce que la reconstitution de son
(1) Th. GoBKRT, np. cit., 1). i4"- (^) Ibidem, j). i^".
— 69 —
couvent était devenue impossil)le, celui-ei les vendit, vers 1803 ou 18()l, à la princesse Caroline de Saxe ('). Cette dernière, vraisemblablement, demanda qu'une encpiête sur l'authenticité de ces reliciues i'ût faite. Monseigneur Casimir, baron de Stock- heim, évêque de Canope et jadis suffragant de Liège, s'en char- gea et, sur sa demande, deux anciens prieurs de la maison de Liège, les Pères Davenne et Leduc écrivirent, en date du 20 mars 1804 que « les reliques avaient toujours été regardées connue authentiques et exposées publiquement à la vénération des fidèles » C-^).
Puis on ne parla ])lus des célèbres pièces d'orfèvrerie jusqu'en 1875. A cette époque, on voulut faire à Dresde une exposition rétrospective d'arts industriels. Au cours des recherches faites pour rassembler les œuvres dignes d'y figurer, les reliquaires furent « découverts » dans la sacristie de la chapelle du palais de Briihl. M. .T. Hell^ig, dans l'ouvrage cité souvent ci-dessus, les révéla, les identifia, les décrivit en détail, faisant ressortir toute leur valeur artistique.
De toutes les richesses, du vaste et ancien couvent des Frères Prêcheurs de Liège, c'est aujourd'hui ce qu'il reste de plus nrécieux.
C. BOURGAULT.
(') Mémoires pour servir u l'iiistoire monastique du pays de Liège, par le P. J. B. A. Stéphaxi, publiés par .1. Alexandre. Liège 1877, tome II, p. iio. — J. Helbig, Reliques et Reliquaires, pp. 42 et 43.
(') J. Helbig, Reliques et Reliquaires, p. 43.
ANNEXES.
L ._..
a.
&. -1 ,.-?^-
Fig. 25. — Le Christ du couvent des Dominicains avant son enlèvement, en 1912.
Relevés de la brasserie des Dominicains au cours des travaux de démolition.
in
II
Fig. 26. — Plans de la brasserie (état à la démolition).
Fig. 27. — Façade de la brasserie, rue du Pont-d'Ile. {état à la démolition).
Fig. 28. — Façade de la brasserie vers la cour, (état à la démolition).
■1 ■!' '•il 1 I
o
S
o
LES
PERRONS DE LA WALLONIE
UNE NOUVELLE ÉTUDE DE M. E. GOBLET D'ALVIELLA.
Au mois de novembre 1913, M. Goblet d'Alviella a commu- niqué à l'Académie royale de Belgique une étude (^) destinée à faire suite à celle qu'il avait donnée à cette compagnie savante, il y a vingt-deux ans et intitulée : Les Antécédents figurés du Perron {^). Le nouveau travail de M. Goblet d'Alviella porte le titre : Les Perrons de la Wallonie et les Market-Crosses de VEcosse. L'érudit professeur de l'Université de Bruxelles s'étant spécialisé dans l'étude des symboles et de l'histoire des croyances religieuses, son travail ne pouvait passer inaperçu et surtout il nous intéresse, nous Liégeois, dont le vieux perron a intrigué tant de générations d'historiens.
M. Goblet d'Alviella commence par mentionner l'opinion émise par M. Kurth dans son dernier ouvrage (^) et où, parlant du Perron, le docte historien voit dans ce monvmient une croix de juridiction, ajoutant : < Les croix de juridiction sont la forme » donnée depuis un temps immémorial aur mégalithes qui, » dans l'époque barbare, servaient de lieu de juridiction et de » siège de tribunaux ». A notre avis, cette définition, qui ren- ferme en partie la vérité, a le désavantage de n'être ni claire, ni complète et, en outre, de préjuger certains points qui sont
(') Les Perrons de la Wallonie et les Market-Crosses de VEcosse, par M. le Comte E. Goblet d'Alviella. Bruxelles, Hayez 191 4) 48 PP- 8" fig. Extr. du Bulletin de l'Académie royale de Belgique, novembre I9i3.
(^) Académie royale de Belgique, 1891, t. XXI, pp. aSg et ss.
(3) G. Kurth, La Cité de Liège au moyen âge, t. II, p. 142.
— 78 —
loin d'être établis. Tout d'abord tous les mégalithes ayant un caractère social ne sont pas devenus des croix, ce qui n'empêche nullement leur caractère juridictionnel d'exister : ensuite toutes les croix de juridiction connues comme telles, n'ont pas un mégalithe pour origine. De plus, ce n'est pas depuis un temps immémorial que les croix ont été appliquées sur les anciens mégalithes ayant un caractère social : sans doute, les légendes hagiographiques racontent que les évangélisateurs de nos con- trées sanctifiaient par le signe de la croix les monuments publics ou utiles placés sous une invocation païenne, mais l'âge de ces légendes est incertain ou se rapproche d'une époque plus récente et à l'origine, voire même sous les Carolingiens, on n y allait pas d'une manière aussi prudente : on renversait purement et sim- plement les monuments. Ce n'est que plus tard, lorsque se pro- duisit le dernier effort du christianisme contre le paganisme, c'est-à-dire quand le christianisme se crut fort et suffisamment entré dans les mœurs et au fond des croyances, qu'il put, sans craindre une révolte dans certaine partie ignorante de la ]>opu- lation ou un retour aux anciennes croyances dans d'autres classes, substituer aux anciennes divinités, aux anciens symboles, ceux de la croyance chrétienne, devenue plus objective, plus présente réellement à l'esprit des populations. C'est a cette époque, apparemment vers le X^ siècle, que des croix purent être placées sur certains mégalithes et c'est après cette époque que les monuments érigés à l'imitation d'autres plus anciens et dans le même but, reçurent le nom de croix. En réalité, par leur forme c'étaient des croix, croix haussées sur une sorte de piédestal et c'étaient des croix de juridiction, parce que les monu- ments avaient le même but, les mêmes attributions sociales que les anciens mégalithes.
Mais les anciens mégalithes, eux, ne sont pas seulement des emblèmes de juridiction, comme l'étaient uniquement les croix érigées dans la suite: aussi, M. Goblet d'Alviella, après avoir cité la ])hrase de M. Kurth, rectifie-t-il, ainsi qu'il suit, le rôle attribué par le peuple aux mégalithes (^) : « Les chroniques du
(') P. 5 du tiré àpart. — 365 ûu Bulletin de l'Académie royale de Belgique.
79
» moyen âge, les dénonciations des conciles, les constatations » de rarchcologie et les traditions du folklore nous l'ont con- » naître le rôle important que jouaient les mégalithes dans les » croyances et les institutions des peuples qui habitaient l'Ku- » rope occidentale, à l'époque où s'y répandit le christianisme. » Autom* de ces traditionnels points de repère (^), consacrés )) PAR LES CROYANCES de l'époquc, devaient se tenir les assem- 1 hlées des honmies libres, se traiter les affaires communes, s^ou- » vrir les marchés et se prononcer les jugements. Le fruste monu- » ment devenait donc le symbole des intérêts collectils, des juridic- » tiens locales, V autel des serments, le centre de la cité d'où rayon- 1) naient ses principales voies de communication, parfois, le pilori )i où l'on attachait les délinquants. » Voilà, selon M. Goblet d'Alviella, le rôle social de ces mégalithes ; nous partageons entièrement son avis, mais nous pensons que le mégalithe devait tout cela surtout à la signification religieuse qu'il possédait originairement. Sous une forme anieonique, bien connue de ceux qui ont étudié les divinités archaïques de la Grèce et de Rome, les mégalithes étaient considérés comme la résidence du genius loci, du protecteur de la région au centre de laquelle se trouvait le mégalithe et plus tard celui-ci représenta la divinité poliade. Lieu d'asile sacré, siège d'une divinité protectrice et vengeresse, à leur pied on peut prononcer les serments qui mettent cette divinité en cause ; et c'est précisément le caractère religieux des mégalithes primitifs ou des monuments tradition- nels qui les remplacèrent, qui fit que, dans la suite, l'autorité religieuse les revêtit du symbole chrétien car, il ne faut pas l'oublier, à l'origine le rôle social se confond avec le rôle reli- gieux et au moyen âge le rôle social de la divinité et de son culte est très important.
Mais, tandis qu'une idée de culte restait, par superstition, attachée aux anciens mégalithes, consacrés à la divinité depuis
(') C'est nous qui soulignons parce que cette énumération nous parait renfermer exactement les divers aspects du rôle social rempli par les mégalithes.
— 80 —
des temjis lointains, les croix de juridiction, malgré leur forme religieuse, n'eurent jamais qu'un caractère purement conven- tionnel et jamais le peuple ne les entoura du respect supersti- tieux dont il usait vis à vis des anciens mégalithes.
Du rôle social qu'il attribue aux mégalithes, M. Goblet d'Al- viella trouve un exemple typique à Namur (i), où existaient plusieurs perrons et dont la grosse pierre, sur laquelle Philippe- Ic-Bcau aurait prêté serment en 1495, fait penser à la fameuse pierre de Scone, insérée sous le siège gothique du trône servant au couronnement des rois d'Angleterre à Westminster. Le terme employé dans notre pays pour désigner ces mégalithes, ou les monuments qui les ont remplacés : Perron, signifie bien, comme le disait J.-E. Demarteau, dans son étude sur laViolctte (2), une grosse pierre {petronus. augmentatif de pctra) ou un amas de pierres superposées : le terme pouvait donc s'appliquer autant à la colonne placée sur une sorte de plate forme, qu'à cette plate forme elle-même : il ne faut pas oublier d'ailleurs que les deux choses sont dans un rapport très étroit de parenté si même, comme nous le pensons, l'amas de pierre et la pierre levée ne sont pas une même chose sous deux formes difi'érentes et que l'on trouve généralement ensemble. Elles se seraient accolées pour certaines raisons particulières et, comme il arrive fréquemment, aussi bien en matière de formules symboliques, tant magiques et religieuses, que judiciaires et sociales, par une sorte de pléonasme, de redondance ou de répétition desti- nées à affirmer plus vigoureusement la signification des monu- ments qui en réalité, devenaient des jormules en action, où l'on expliquait et accumulait tout ce qui faisait leur valeur ou leur puissance.
Il est à remarquer, en effet, que la plupart des monuments analogues, comme valeur sociale, à notre perron, ont sensible- ment la même forme que lui : les degrés et la colonne érigée sur ces degrés se retrouvent partout, mais il y a généralement
(1) P. 6 (366).
(*) Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, t. XXI, pp. 44^ et fes.
— 81 —
plus encore : les symboles, comme nous le disons plus haut, semblent s'accimiuler sur le monument. A Liège, dit M. Goblet d'Alviella, le monument s'est enrichi d'une pomme de pin et d'une croix. C'est exact, mais il y avait d'avitres symboles encore. A quoi bon charger de symboles un monument ayant une valeur par lui-même ? M. Goblet l'explique (^) : a II vint un moment où, » voulant renforcer ou justifier le prestige qui s'attachait à ces » pierres de juridiction, on jvigea à propos d'y ajouter des sym- » boles évoquant d'une façon plus directe l'image de l'autorité » supérieure, humaine ou surhumaine, qui était censée présider » aux décisions, sanctionner les jugements, recevoir les serments >^ et assurer l'intégrité des transactions. Deux caractéristiques » de notre moyen âge et même de l'époque barbare, c'est, » d'une part, une tendance à imprégner d'un caractère religieux » tous les rapports sociaux, d'autre part im recours constant )) au symbolisme dans les manifestations de la vie juridique ». On ne pourrait mieux dire et cela explique comment à une époque où il n'était plus possible ni à l'Eglise, ni à une société devenue chrétienne dans sa majorité, de laisser ces monuments symboliques sociaux sous la protection ou l'invocation de divi- nités qui avaient perdu toute autorité, on mit les monuments en question sous l'invocation chrétienne en y plaçant des croix. Celles-ci avaient une double destination : d'abord d'exorciser le monument en en chassant l'ancienne divinité ; ensuite de lui conserver le caractère sacré qu'il possédait d'avance, mais en substituant à l'ancienne div^inité celle que le peuple chris- tianisé reconnaissait comme la plus haute et la plus puissante. Mais il n'en reste pas moins que certains de ces monuments n'eurent jamais de croix et qu'il en est qui portaient les armoi- ries du seigneur du lieu. Cet emblème est certainement l'un de ceux qui se comprend le mieux sur ces monuments, du moment qu'ils ont une valeur sociale et juridique, puisqu'il représente, suivant l'explication de M. Goblet d'Alviella et comme l'avait déjà fait observer J.-E. Demarteau (2), l'autorité au nom de
(') P- 9 (369).
(*) Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, t. XXI, loc. cit.
— 82 —
laquelle la justice ét-ait rendue et qui était garante de la valeur sociale du monument. Si l'on me demande pourquoi, dans cer- tains cas, on trouve sur les perrons une croix, et d'autres fois un emblème seigneurial, je pourrais hasarder cette hypo- thèse que. en dehors des cas où l'on à affaire à une croix de juridiction, d'époque postérieure, la présence d'une croix adven- tice sur un momunent plus ancien peut indiquer que le monu- ment en question possédait un caractère religieux (et social nécessairement) dès avant l'époque de christianisation et que l'on y mit une croix, comme sur tous les monuments d'usage public : fontaines, bornes, poteaux de route, qui étaient placés sous une invocation divine, précisément afin de conserver à ces monuments sociaux très importants, le caractère religieux dont ils étaient revêtus auparavant et qui était indispensable à leur rôle. C'est le cas, pensons-nous, ] jour le perron de I Jége, dont le rôle social était considérable, tandis que l'on n'en plaça pas sur d'autres perrons qui n'avaient pas cette importance.
Le fait de l'apposition de la croix sur les perrons nous amène à examiner les rapports entre les perrons et les croix de juridic- tion, car il est hors de doute que ces dernières jouèrent, à une certaine époque et dans certaines régions, le même rôle social que nos perrons ou pierres levées. La question peut suivant les termes de la définition de M. Kurth, se poser de cette façon : tous les mégalithes sont-ils devenus des croix de juridiction et par contre, toutes les croix de juridiction sont-elles originai- rement des mégalithes ? M. Kvu'th avance qu'il n'y a rien de mieux prouvé ; nous pensons, au contraire, qu'il n'y a rien de si peu établi et, comme nous le disions en commençant, il y a une différence entre les mégalithes sur lesquels on a apposé des croix et les monuments qui, dès leur érection, ont été des croix.
M. Kurth pense aujourd'hui que les perrons de la Wallonie seraient d'anciens mégalithes dont le moyen âge aurait fait des croix de juridiction : c'est d'abord mêler deux questions et vouloir aller plus loin même que ceux qui, les premiers, virent, comme M. Goblet d'Alviclla, que les perrons étaient des monu- ments sociaux et religieux d'une époque antérieure à la chris- tianisation de nos contrées. Aussi, avant d'accepter une opinion
— 83 —
aussi catégorique, faut-il au moins en rechercher lo fondement.
M. Goblet d'Alviella, comme M. Kurth, a été frapjié par ce phénomène d'assimilation de la croix et du perron : aussi com- mence-t-il par rassembler des documents en recherchant ce qui est perron (^), c'est-à-dire une colonne érigée sur une plate forme quelconque et parfois chargée d'emblèmes ou de symboles. Il commence, en s'aidant de toutes les représentations graphiques, par les perrons recueillis dans le pays de I>.iége : ceux-ci sont d'avance frappés d'une tare de récusation : ils peuvent être et quelques-uns ont été en réalité construits à l'imitation de celui de la ville souveraine. Mais il existe des perrons en dehors de l'ancienne principauté comme à Hervé, wStavelot, Namm-. Hervé et Stavelot peuvent avoir subi l'influence de Liège : leur pojndation est de même race ; mais il en est différemment de Namur, rebelle à l'influence liégeoise parce que sa ]>opulation est de race autre : dans cette ville, il y a plusieurs jjerron?, avec ou sans croix et malgré les différences entre Liège et Namvu', ces monuments ont la même signification sociale dans les deux villes. Allons plus loin encore {^) : il y a des perrons en Flandre, à Arras, à Alost, à Audenaerde, ils y jouent le même rô^e qu'à Namur et à Liège et chose curieuse la plupart n'ont pas de croix. Mais le mémoire de M. Goblet d'Alviella va nous montrer toute une autre série de ces monuments et qui, eux, portent uniformément le nom de croix, même quand ils n'en ont pas et n'en ont jamais eue : ce sont les Market-Crosses, ou Croix de Marché, nombreuses en Angleterre et surtout en Ecosse. Croix de Marché. ! Mais nos perrons sont aussi sur des marchés et quand Ernest de Bavière à la fin du XVI^ siècle créa le marché franc de Franchimont. il ordonna qu'un perron y fût érigé pour signe de franchise et de lieu de marché.
Nous venons de le dire, ces Market-Crosses d'Ecosse ne sont pas pour la plupart des croix, mais des colonnes élevées sur des degrés formant plate forme et surmontées d'une boule, d'un
(') Pp. II (371) et ss. (2) Pp. 23 (383) et ss.
— 84 —
cône, d'iiii cinhlènie quelconque, rarement d'une croix et quand celle-ci existe, il est évident ou même certain qu'elle a été ajoutée à un monument qui originairement ne la portait pas. Et le fait que les colonnes sont svumontées là-bas d'une boule, d'un cône, montre bien que cette boule, ce cône sont des emblèmes et nulle- ment un renflement destiné à renforcer le pied de la croix comme l'avait prétendu jadis un archéologue liégeois. Mais encore une fois pourquoi le nom de croiœ appliqué à ces monuments ? Les érudits d'Outre-Manche se posent la question sans la résoudre. Ces édifices, qui ont la même forme que nos perrons, jouent là-bas, le même rôle social, le peuple les entoure de la même vénération quelque peu superstitieuse, et le nom de croix qu'il leur donne montre que, comme chez nous, il établit un certain ra])port entre la croix et ces monuments qui ne ressemblent pas à des croix et où souvent la croix n'a jamais figuré. Y a-t-il eu en Angleterre, en Ecosse, de véritables croix de juridiction, croix haussées, qu'en raison de leur forme, les piu'itains des XVI^ et XVII^ siècles auraient renversées ; et les perrons, demeurés debout , eux, auraient gardé dans la bouche du peu})le, le souvenir du nom par lequel on désignait tous les monu- ments de l'espèce, qu'ils fussent ou non des croix ? Nous donnons cela comme une hypothèse, motivée parce que nous remarquons dans nos régions que l'assimilation du perron avec la croix a produit les croix de juridiction.
Si, dans notre pays liégeois, à Namur, en Flandre, beaucoup de perrons n'ont pas de croix ou n'ont qu'une croix adventice et de petites dimensions, il n'en était pas de même partout. Dans les communes érigées sous le régime de la Loi de Beaumont existe d'ordinaire un monument symbolisant la juridiction. Par ses degrés et sa colonne, il rappelle nos perrons, mais sa partie supérieure est une grande croix aux traverses largement étendues. Dans ces édifices, la croix est réellement l'objet prin- cipal : c'est évidemment une croix haussée. Le peuple appelle ces édifices : croix de juri diction, parce que ce sont et ce ne furent jamais que des croix, que ceux qui les ont érigés voulaient qu'ils fussent des croix, b'cn qu'ils fussent faits à l'imitation des perrons dont ils étaient appelés à jouer le rôle juridictionnel et
— 85 —
en partie le rôle social. Mais ces croix ne sont et n'ont jamais été des perrons.
Il conviendrait, ce semble-t-il, de répartir les monuments analogues à nos perrons, comme forme générale et comme em- blème social et juridictionnel, en trois catégories : 1° ceux qui, ayant la forme de la colonne haussée sur une plate forme ou des degrés, n'ont jamais reçu de croix et portent un emblème spécial au haut de la colonne; 2° ceux qui, dans la suite des temps, ont eu une petite croix à leur sommet ou à un autre endroit ; 3^ ceux qui, dès l'origine, ont été des croix haussées.
Les deux premières catégories sont ou d'anciens mégalithes stylisés ou de forme monumentale, ou des monuments tradi- tionnels représentant les anciens mégalithes (pierre levée, pilier, colonne, arbre) et destinés à remplir le rôle social de ces mégalithes. La troisième catégorie ne représente en aucune façon un mégalithe originaire et n'en a jamais été un : c'est un symbole conventionnel, empruntant en partie la forme du sym- bole dérivé du mégalithe et destiné à jouer une partie du rôle de celui-ci, mais avec une modification amenée par la reconnais- sance, par la société christianisée, de la valeur sociale et religieuse des monuments représentant des mégalithes.
La première catégorie, celle des perrons sans croix, est cer- tainement l'une des plus anciennes et, dans la plupart des cas, ces monuments sont antérieurs à la christianisation (^).Ces mo- numents peuvent avoir échappé à la christianisation par l'appo- sition d'une croix, soit parce qu'ils n'avaient pas une importance suffisante, soit plus probablement parce qu'ils avaient perdu leur valeur religieuse et n'avaient gardé que leur caractère juri- dique. Les perrons sur lesquels des croix ont été placées sont aussi très anciens, mais c'est leur importance comme symboles sociaux et religieux qui obligea la société christianisée à les consacrer au moyen du signe de la nouvelle croyance, afin de
(1) Ils peuvent avoir été reconstruits, mais les édifices modernes repré- sentent, en réalité, en partie majeure les anciens.
— sc- ieur conserver leur valeur sociale et religieuse : cet événement, nous l'avons dit, est assez récent.
Il est très possible aussi qu'au moment où l'on substituait la divinité chrétienne à la divinité païenne dans ces monuments, on ait eu l'intention de les appeler désormais des croix et que cette nouvelle appellation s'établit dans certaines régions. Du moment où l'on arrivait à appeler croix les anciens perrons, comme on les appelle encore en Ecosse, il était naturel que dès cette époque, la croix placée au sommet devait être considérée comme l'objet principal et partout, lorsque l'on érigea de nou- veaux monuments destinés à remplir le rôle des perrons, on en vint à leur donner plus nettement la forme d'une croix. Et à notre avis ce seraient là les croix de juridiction dont l'érection datant delà création des communes franches, est, en effet, quelque peu postérieure à la christianisation définitive de nos contrées. Mais la croix ne prit pas partout la place du perron et dans notre pays, malgré la croix dont on le voit sommé, le monument continue à s'appeler perron : Peiii voc affirment nos monnaies, en protestation contre le signum salutis que certain évêque avait voulu voir dans ce monument. S'il en est ainsi, les perrons ne seraient donc nullement des croix de juridiction, des croix haussées, nouvelles formes des mégalithes primitifs : au con- traire, les croix haussées ou croix de juridiction seraient des transformations christianisées des anciens perrons, des imita- tions chrétiennes de ceux-ci. Cela expliquerait peut-être comment le nom de croix, devenu terme générique et s'appliquant à tous les monuments de cette forme et ayant ce rôle social, fut donné en Ecosse, non seulement aux croix, mais encore aux verrons et même à certains mégalithes à peine dégrossis et dont partie n'ont jamais eu Temblème de la croix. Il y a certainement un fait parallèle à ce qui s'est passé chez nous, car si dans notre pays ces anciens monuments sont encore appelés perrons = grandes })ierres, les mégalithes et les monuments qui les repré- sentent sont ])arfois appelés en Angleterre d'un nom semblable Longstonc (Longsdun, liangsdon, peut-être London).
Nous aurons d'ailleurs, dans un travail que nous avons en préparation, à reprendre toute cette question du perron ; nous
87
n'avons voulu ici que présenter quelques considérations en signalant aux archéoloçfues liégeois le travail im])ortant et curieux de M. Goblct dWlviella qui, de{)uis de longues années, a porté du côté des symboles et des croyances, toute son éru- dition et ses patientes recherches.
EUG. POLAIN.
FONTS BAPTISMAUX
DELÉGLISE PRIMAIRE DE ST-BARTHÉLEMY
A LIEGE
B'OEUFS ET COUVERCLE
Ces célèbres fonts baptismaux, œuvre de Renier de Huy (^), ont été l'objet de nombreux écrits et de maintes polémiques.
L'importance de la cuve de bronze, fondue d'une seule pièce, la beauté artistique de l'œuvre, le fini du travail, l'impression profonde de vérité qui s'en dégage, l'époque lointaine de sa mise en œuvre, en font une rareté unique au monde.
Son origine, son transfert, le nom de son auteur, la description des épisodes de la cuve, l'interprétation des inscriptions mé- triques et autres qui s'y trouvent, la nature et la forme de l'assise du monument, le nombre et la position des bœufs qui le sou- tiennent, le couvercle qui couronnait l'œuvre et qui est perdu à jamais, ont fait couler des flots d'encre !
Il m'a paru intéressant d'examiner plus spécialement ces deux derniers points, afin d'établir le nombre et la place origi- nale des bœufs et la forme du couvercle.
M. Henry Rousseau (-), conservateur aux Musées royaux
(') Joseph Destrée, Renier de Huy, auteur des fonts baptismaux de St-Barthélemy à Liège et de l'encensoir du Musée de Lille. Bruxelles iî)o4< p. i5 à 22.
(2) Henry Rousseau, Les fonts baptismaux de VEglise S t- Barthélémy à Liège dans Annales du XXI^ Congrès de la Fédération archéologique et historique de Belgique. Liège lyoy, p. 92 à 94.
— 90 —
du Cinquantenaire à Bruxelles, est dans la vérité quand il affu-me que les tenons qui sont fixés sur le dos des bœuls devaient se })lacer sous la cuve.
La log;ique tout d'abord nous indique que ces tenons avaient été eoulés dans ce but, car ils n'ont pas d'autre raison d'être. La forme arrondie des tenons, qui épousent exactement la rainure inférieure laissée sous la cuve — ce que j'ai pu vérifier lorsque les bœufs étaient détachés et la cuve renversée — le confirme. J'ai constaté de plus, qu'un des tenons repris sous 'le no 8 du dessin ci-joint, était scié partiellement du côté de la cuve pour permettre à celle-ci de pouvoir se poser sur le dos des bœufs, en deçà des tenons, ce que personne n'avait encore observé ni signalé jusqu'à présent. Ceci prouve à l'évidence que l'ouvrier qui avait scellé les bœufs dans la pierre, n'en avait pas assez écarté im d'entre eux et qu'il a été obligé d'enlever une partie du tenon de celui-ci pour pouvoir placer la cuve entre les bœufs. Du même coup, il est prouvé que la position primitive des bœufs n'était pas celle que nous voyons aujourd'hui, car l'examen de la partie sciée nous montre en cet endroit le cuivre non patiné comme le reste, ce qui n'aurait évidemment pas eu lieu si le sciage remontait aux origines de l'œuvre.
Un conclusion logique s'impose dès lors : c'est que primitive- ment, quand l'artiste a créé son œuvre, les tenons ont été placés sous la cuve, dans la rainure faite spécialement à cet effet.
Plus tard, lors du transfert du monument de l'église de Notre- Dame-aux-fonts en l'église Saint-Barthélémy, après la révo- lution, on a replacé les lîœufs avec les tenons à l'extérieur de la cuve par inadvertance probablement et on a scié celui qui gênait.
Depuis cette é})oque on a bien transporté les fonts çà et là, pour des expositions d'art ancien, mais comme les bœufs étaient scellés dans le soubassement en pierre et formaient bloc avec lui, ils n'ont plus changé de position.
C'est donc avec raison que le Conseil de Fabrique de l'église primaire de Saint Barthélémy avait demandé à la Commission royale des Monuments l'autorisation de reconstituer ce joyau, en plaçant les tenons sous la cuve, d'après les principes émis
— 91 —
par Henry Rousseau ; mais la Commission s'est formellement refusée à le lui permettre.
Le Conseil a clone été eontraint de s'inelincr, tout en laissant, bien entendu, à la Coinniissioii royale lo responsabilité de son refus.
C'est pourquoi la reeonstitution du monument, qui vient d'être faite, tout en étant aussi soignée et aussi parfaite que possible, n'en est pas moins erronée et nullement conforme à la vérité, en ce qui concerne la position des bœufs.
*
* *
C'est encore la thèse de Henry Rousseau (^), quant au nombre de bœufs, qui est exacte.
Il y avait évidemment au début douze bœufs et non pas dix, comme à présent.
En voici les preuves :
1°) La chronique liégeoise de 1402 publiée par Eug. Bâcha (2) nous dit : « Stantes super XII hovcs diversimode se habentes ».
« La cuve est soutenue par douze bœufs d'attitudes diverses. »
2°) Sur le bord inférieur de la cuve, se trouve l'inscription suivante : « Bissenis bobus pastorum forma notatur qucs et » apostolice commedat gratia vite officiiq{ue) gradus quo fluminis » impetus huius letificat sanctam, purgatis civibus urbem » .• dont la traduction de M. l'abbé Balau, chanoine à notre Cathé- drale (^), me semble être la plus exacte :
c> Ces douze bœufs représentent les douze apôtres, que recom- )) mande à la vénération des fidèles la grâce de l'apostolat qui » leur fut conféré, avec la haute mission d'administrer le bap- ^) tcme, d'où émanent les flots abondants de grâce représentés » par ce fleuve, grâce qui réjouit la Ville sanctifiée par la puri- >^ fication de ses citoyens ».
30) De plus, il ne paraît pas douteux que Renier de Huy n'ait
(') II. Rousseau, op. cii., p. 98 à 98.
(^) La Chronique liégeoise de 1^02. Bruxelles 1900. p. i3i.
(^) S. Bal.vu, Essai de traduction de l'inscription inférieure de la cuve baptismale de Si-Barthélemy, dans Annales du XXF Congrès de la Fédéra- tion archéologique et historique de Belgique, Liège 1909, p. 79.
— 92 —
cil connaissance du 3"^^ livre des Rois, qui aux V. 23-25 dit. {^):
« Il fit aussi un grand bassin de fonte surnommé la mer, de )' dix coudées d'un bord jusqu'à l'autre ; elle était ronde et avait » cinq coudées de haut et un cordon de trente coudées l'entou- » rait. Et cette mer était basée sur douze bœufs, trois regardant » le Septentrion, trois l'Occident trois le Midi et trois l'Orient; » et la mer était sur ces bœufs dont l'extrémité du corps » était cachée ».
Notre joyau est une image de cette mer d'airain conservée au temple de Jérusalem.
4") Enfin un argument non moins décisif est celui-ci :
Notre estimé président, Théodore Gobert {^), a retrouvé une facture du chaudronnier J.-J. Collin du début de 1804, où il dit avoir réparé sept animaux en bronze et fourni quatre livres de cuivre à cet effet pour fr. 13,50.
En examinant ces bœufs avec attention, je trouve sous les numéros 4, 5, 6, 7 et 10 du croquis ci-joint, cinq bœufs réparés; quant aux autres bœufs n^^ l, 2, 3, 8, 9, ils n'ont pas trace de réparation ; il ne peut donc être question d'eux.
En conséquence, il y a deux bœufs réparés qui manquent au monument, probablement parce que la restauration n'en était pas suffisamment réussie et qu'ils n'étaient pas présentables, ou encore parce que le tailleur de pierres s'étant trompé dans le nombre ou la division des entailles dans le soubassement, n'a pas jugé utile de modifier son travail.
Toujours est-il qu'il a siqoprimé deux bœufs réparés et qu'il est prouvé du même coup qu'il y en avait bien douze au début.
* * *
La Commission royale des Monuments a écrit dans sa lettre no 7188 du 6 mai 1909 •
(') .Jules HiiLBiG. Histoire de la sculjilnre et des arts plastiques au pays de Liège. Liéf?e 1889, ]). 5i.
(2) .lo.scpli DE.MAiiTKAf, Deuxième unie sur les fonts baptismaux de St-Iiurlhélemy ù Liège. Liège 1907,1). 17.
— 93 —
« L'examen minutieux du monument a pei'mis de constater » que les plaques sous les pieds des bœufs paraissent bien avoir » été coulées en même temps que les animaux. On remarque » même des encadrements à ces plaques, ce qui prouve qu'elles » ne reposaient pas, comme certains l'avaient pensé, sur une )) mer ou un fleuve d'airain baignîint les pieds des bœufs.
)) Du reste, il n'est pas question de cela dans le texte que porte )) la cuve. La délégation entière composée de sept membres de » la Commission royale et de cinq membres du Comité pro- » vincial des Correspondants, a été unanimement d'accord sur » Ce point ».
Je me rallie complètement à la première partie de cette lettre.
Les plaques d'assise ont bien été coulées avec les bœufs. Elles paraissent de même métal, de même vétusté et les pieds des bœufs n'y ont pas été soudés ou attachés par après.
Une rainure des trois côtés extérieurs forme ime espèce d'en- cadrement à ces plaques, ce qui leur donne le fini requis pour compléter l'œuvre.
Toutes les plaques complètes, au nombre de cinq, sont ainsi (nos 1^ 2, 3, 8 et 9).
Les autres, par contre, ont été ajoutées après coup et il ne me paraît pas douteux que ce soit, en 1804, par le chaudron- nier J. - J. Collin, dont la facture retrouvée par Théodore Gobert indique que sept animaux en bronze servant aux fonts de S^-Barthélémy ont été réparés et que quatre livres de cuivre ont été fournies à cet effet.
Quant aux n^s 4, 5 et 10, ils ont conservé sur les plaques ajou- tées par J.-J. Collin, des morceaux du laiton primitif adhé- rant encore aux sabots des bœufs.
Les nos 6 et 7 n'en ont pas gardé, car les pieds des bœufs avaient disparu entièrement et aucune parcelle de ces assises ne pouvait plus adhérer aux animaux.
Il ne me paraît néanmoins pas probant que, parce que des taques d'assise existaient sous certains bœufs, il ne pouvait pas y avoir de fleuve en-dessous d'elles.
94
Evidemment, les pieds de certains bœufs ne pouvaient tou- cher la mer, ni s'y plonger, mais cela n'était pas impossible aux autres. Si aucun texte n'indique que ce fleuve a existé, aucun non plus ne spécifie le contraire.
Le monument serait, à mon avis, bien plus complet et plus achevé s'il en était ainsi.
La question demeure donc pendante
Bien plus, en examinant la chose avec minutie, on constate que les pieds d'un certain nombre de bœufs sont plus longs que ceux de certains autres, alors que les tenons arrivent tous au même niveau supérieur.
Il me semble donc que la vérité est celle-ci :
Trois bœufs, les n^s 1, 2 et 3, formant le groupe du Sud, repo- saient sur une assise représentant une bande de terre et émer- geaient du fleuve. Les pieds des trois bœufs suivants, groupe de l'Est, plongeaient partiellement dans le fleuve (4, 5 et 6).
Les trois suivants 7, 8 et 9, groupe du nord, émergeaient encore et les trois derniers à l'Ouest avaient les pieds en partie dans l'eau (ce seraient deux des bœufs qui manquent).
Cela expliquerait pourquoi la moitié des bœufs est intacte et l'autre pas, les pieds de ces derniers ayant dû être arrachés de la banderole circulaire de cuivre simulant le fleuve ondoyant.
Le projet du monument reconstitué par Henry Rousseau au Palais du Cinquantenaire à Bruxelles, devrait donc être sim- plement modifié en ce sens que les assises de deux groupes de bœufs du Sud et du Nord devraient émerger du fleuve.
Il y aurait de la sorte concordance plus étroite entre ce mo- nument et la description de celui du Temple de Salomon, que j'ai citée plus haut, au point de vue du groupement des animaux, et il en serait la fidèle image.
* * *
Sur l'invitation de M. l'abbé Coenegracht, ancien vicaire à Saint - Barthélémy (^) et qui se trouvait, à cette époque, en fréquentes relations avec lui, le célèbre et savant archéologue,
(') Actuellement aumônier à Reckheim,
PLANCHE III.
PLAQVt nROSSIÈRtl HOU LNCADRlt
RÉPARÉ
Pir.DS RKXOVOE.S PLAQVr, NON CDCAfOEE.
PAS nr, 1 LU 011 BOflvr ECORMl
ENCADRE.
rtNON sc\t NON RÉPARÉ
Pied rutriiT sovnr
1- PLAOVE, NON EKXADRtC
RÉPARE.
F-NCAORF, NON RÉPARÉ
Pirj)
i^ NON-
DR.OIT SOVDE PLf.OVE. .
LPARL
2.: PLA&Vl NOMr,r.'CADRLE,
REPARU
rNCA.DR£l ,
>:0N Rt-PARL
encadre: . 'KON REPARL
ENCADRil ,
woK rLparl
CRILLACL
GRILL ACr.
95
chanoine Bock, d'Aix-la-Clitipclle, étudia un projet tle restau- ration du couvercle perdu (^).
Cette étude restée manuscite et dont on m'a donné communi- cation, peut se résumer comme suit :
1°) Quelle forme, quel contour général devait probablement présenter le couvercle d'autrefois ?
Aucune description n'en est restée; nous n'avons que les mots de Gilles d'Orval :
Hoc quod fontes desuper opcrit Apostolos et Prophetas exerlt
Nous devons donc procéder par comparaison avec les travaux contemporains des fonts baptismaux.
Nous avons d'abord les couvercles des nombrevises pyxides de l'époque, dont on trouve encore tant d'exemplaires dans les musées, les trésors des églises et les collections privées. Les cus- todes dite^ de Limoges, fabriouées par les ouvriers spécialistes en émail ehamplevé, nous donnent toujours la même forme conique pour le couvercle.
Le même type se remarque encore sur les boîtes aux Saintes- Huiles, les petits reliquaires et quelques grandes châsses.
Nous avons enfin la magnifique cuve baptismale du dôme de Hildesheim, qui peut être mise en parallèle avec celle qui nous occupe, quoique plus petite et plus jeune d'une cinquantaine d'années : elle aussi est couronnée d'un couvercle de la forme conique.
Cette forme générale ne peut donc être l'objet d'aucun doute.
2°) Quels devaient être les ornements de ce couvercle ?
II. étaient de trois sortes : les moulures, les sujets et le bouton terminal.
(') Voir aussi les études intéressantes publiées à ce sujet dans le Bulletin des Métiers d'Art :
A. Van Grambkren, Les fonts baptismaux, g"^*^ année, 1909-10, pp. 276 à 280.
E. G., Les fonts baptismaux de S' -Barthélémy, à Liège, idem.
A. Van Gramberen, Réflexions et projets de reconstitution, o'"^ année, 1905-06, pp. 33o à 332,
— 96 —
Les moxdures ne peuvent prêter à discussion; il suffirait de prendre modèle sur la cuve même et de reproduire celles qu'on y trouve avec les mêmes profils.
Il faudrait naturellement aussi graver, sur le plat bord, des vers léonins en rapport avec les sujets représentés; encore une fois suivant le type de ce qui est conservé.
Les sujets à représenter sur le pourtour du couvercle sont indiqués, mais non décrits, par Gilles d'Orvahee sont les apôtres et les prophètes.
Nous avons donc dans le couvercle le parallélisme entre la loi ancienne et la loi nouvelle, comme il existe sur la cuve. Ici, les douze bœufs de la mer d'airain du temple de Salomon sup- portent la cuve chrétienne, la loi ancienne sert de base à la loi nouvelle ; là, les douze apôtres sont figurés avec douze pro- phètes : les uns ont vu la vérité et l'ont prêchée, les autres l'ont prévue et ils l'ont annoncée. Le même nombre se reproduit partout.
De même que dans la partie conservée, les personnages du couvercle doivent être représentés en pied, leurs groupes doivent être séparés par des plantes idéalisées ou stylisées, ils doivent être posés sur un sol ondulé ; les costumes, la disposition des groupes, l'expression des physionomies, les attitudes, le jet des draperies : tout cela doit cadrer avec les scènes du bas, tout doit être imité d'après le chef d'œuvre existant.
Mais n'y avait-il pas un autre sujet sur le couvercle ?
Il reste, en effet, entre la tête des personnages et la naissance du bouton terminal une petite zone conique. Peut-elle rester vide ? Dans les scènes du bas, trois sont dominées par la tête de Dieu le Père et par des mains ; dans les deux autres, les arbres un peu plus hauts et les grandes inscriptions remplissent le tout.
Serait-ce une proposition hasardée que de vouloir orner cette zone par un symbole qui se rencontre fréquemment, quoique placé de manière différente, sur les fonts baptismaux des XI^ et XII^ siècles, et qui représente les quatre fleuves du paradis : le Phison, le Géon, l'Euphrate et le Tigre ? Aux fonts de Hildes: heim, ils sont placés comme soutiens de la cuve. On les reprodui- rait comme des personnages masculins accroupis, tenant à la
— 97 —
main l'urne déversant l'eau du fleuve ; tout cela exécuté d'après les modèles du siècle.
Si cette proposition était accueillie, on trouverait du même coup le sujet dii bouton terminal, un sujet parfaitement à sa place pour couronner l'œuvre entière : l'agneau sur la montagne de l'Apocalypse, duquel coulent les quatre fleuves de la vie et qui représente le Sauveur.
Si on n'admet pas cet agneau, on peut néanmoins conserver les quatre fleuves et terminer le couvercle par une boule orne- mentale comme dans d'autres œuvres de l'époque.
Cependant je crois que l'agneau conviendrait fort bien, car les eaux des fleuves de la vie correspondraient à celles des urnes figurées plus bas. Le symbole du Sauveur et de la grâce ne peut être mieux placé que sur les fonts de baptême.
Dans les vers léoniens à composer pour la moidure au bas du couvercle, on expliquerait la présence des apôtres et des prophètes et en même temps le symbolisme du couronnement.
30) Comment devra-t-on procéder pour l'exécution technique ?
Ceci ne doit pas nous inquiéter : nous avons à Liège même des ateliers parfaitement montés, avec un outillage perfectionné et des ouvriers formés. L'épaisseur de la fonte devrait être pro- portionnée à celle de la cuve, et la composition du métal est probal>lement la même que le similor ancien, c'est-à-dire 90 par- ties de cuivre rouge et 10 parties d'étain anglais. Au besoin, on pourrait faire une analyse et du même coup savoir ce qu'il y a de vrai dans la légende, qui prétend, que les bœufs ne sont pas de fabrication nationale, mais qu'ils ont été apportés de Milan par l'évêque Otbert ; l'analyse nous révélerait, en effet, si la composition du métal des bœufs est ou non identique à celui de la cuve.
40 Comment fera-t-on le plan et l'exécution artistique ?
Dans le plan, on doit prendre pour modèle les chefs d'œuvre de la même époque ; les personnages, les plantes, les banderoles, tout doit être exactement traité. Sous ce rapport nous avons, outre les fonts baptismaux de Hildesheim, le dessin du magnifi- que rétable de Stavelot, qui, à lui seul, suffirait pour inspirer le plan et les détails, avec ses groupes, ses arbres et ses accessoires.
— 98 —
I.a ))liotographie et ses dérivés nous donnent actuellement toute facilité }>our la reproduction exacte de l'ensemble et des détails ; on pourrait donc réunir une collection de dessins et la mettre ù la disposition des artistes. On pourrait môme, sans grands frais, se procurer vm fac-similé des fonts deHildesheim. Peut-être que l'un ou l'autre musée supporterait volontiers les dépenses de ce travail, d'abord pour rendre service aux artistes et ensuite pour s'enrichir d'une pièce aussi importante.
Pour diriger le tout on pourrait former un comité et pour dresser le plan on pourrait mettre le projet au concours.
Ce même comité, après un examen approfondi, adopterait le plan définitif et ferait exécuter en plâtre le fac-similé du projet adopté. Celui-ci serait alors exposé pour provoquer la critique de tous les hommes compétents. Ce modèle serait éga- lement soumis à l'approbation de Monseigneur l'Evêque et de la Commission royale des Monuments, pour obtenir les autori- sations et les subsides nécessaires.
Pour l'exécution définitive, il faudrait non seulement bien soigner le modelage et la bonne exécution du moide, mais aussi la fonte et surtout la ciselure; c'est celle-ci qui doit donner au travail son caractère vraiment archaïque.
50) Il convient d'ajouter encore quelques mots sur le bras ou levier destiné à soutenir et à morivoir le couvercle.
Cette pièce serait forgée en fer et ancrée dans le mur de ma- nière à pouvoir tourner facilement.
Elle prendrait la forme naturelle d'un triangle rectangle, avec l'hypothénuse tournée vers le couvercle. Pour les ornements de cette pièce, on pourrait s'inspirer des modèles du XII^ siècle : grilles, pentures et fausses pentures.
Enfin pour compléter le tout, il faudrait encore un système de fermeture exigé par les prescriptions de l'Eglise : le moyen âge offre assez de modèles de poignées, marteaux, serrures, verrous, qui pourraient être copiés et adaptés au travail de ferronerie.
Le chanoine Bock termine son manuscrit en formant le vœu qu'il se trouve bientôt un homme prenant l'initiative de cette
— 99 —
entre})rise, avec la ténacité et la persévérance nécessaires pour la mener à bonne fm.
Je ne prétends nullement que les idées exprimées par le célèbre arehéolooiie trouvent encore aujourd'hui une adhésion unanime, mais elles m'ont paru si intéressantes que je n'ai pas hésité à les re]iroduire ci-dessus, tout en émettant l'espoir de les voir prendre en sérieuse considération.
Gustave Ghilain.